Après lui avoir retiré sa délégation de service public en août dernier, le ministère des Sports a décidé d’enlever son agrément à la Fédération de boxe de Polynésie française (FBPF). Une décision qui empêche l’entité et « ses 2 500 licenciés » de concourir aux échéances internationales sous la bannière de la Polynésie, mais surtout de prétendre aux subventions du Pays. Ismaël Tahiata ne compte pas en rester là et explique que différents recours en justice ont été lancés.
Nouveau round dans la guerre des fédérations de boxe anglaise. Après s’être vu retirer sa délégation de service public en septembre dernier, la FBPF vient d’être privée de l’agrément que lui avait accordé par le Pays en décembre 2013. L’arrêté daté du 7 février et signé par la ministre des Sports Nahema Temarii est paru ce mardi au Journal officiel. Un coup dur pour cette fédération montée en 2013 par D’esli Grand-Pittman, et une petite victoire pour la Polynesian Boxing Association (PBA) de Tauhiti Nena. La rivalité a connu des hauts et des bas, mais en 2019 la FBPF, alors présidée par Ismäel Tahiata, avait fait tourner le match en sa faveur, lorsque le gouvernement d’Édouard Fritch lui avait accordé la délégation de service public.
Huit ans de rivalité
Une décision qui a toujours été dénoncée par l’ex-ministre Tavini devenu chef de file de Hau Maohi, et qui théoriquement ne permet pas aux boxeurs de la PBA de représenter le fenua à l’étranger. Ce qui n’a pas empêché l’élu de Papeete de se faire nommer, en 2022, président de la confédération océanienne de l’International Boxing Association, et les clubs de la PBA de participer aux tournois locaux et régionaux. La FBPF d’Ismaël Tahiata, membre du COPF, travaille depuis au développement de la discipline dans un cadre fédéral et a porté le drapeau polynésien sur plusieurs compétitions nationales et internationales. Mais les choses se sont corsées à l’approche des Jeux du Pacifique de Honiara auxquelles les deux fédérations souhaitaient participer.
Le Pays, sous la nouvelle mandature, s’est de nouveau mêlé au débat, en créant l’année dernière une commission « ad hoc » en guise d’arbitre. Elle avait décidé d’organiser deux soirées pour départager les boxeurs de deux fédérations en vue de la qualification pour les Jeux. Un rapprochement qui n’a pas eu lieu : les licenciés de la FBPF ont été inscrits par le COPF dans le listing de la délégation polynésienne pour les Salomon sur la base d’une lettre des organisateurs des Jeux, confirmant que seule cette fédération réunissait l’ensemble des critères de qualification. Une décision que Tauhiti Nena et la PBA avaient tenté de retourner, via le gouvernement ou devant la justice. Sans succès.
Des recours en justice et des discussions avec le président du Pays
Les combattants de la FBPF ont finalement rapporté deux médailles d’or, deux médailles d’argent et une médaille de bronze des Jeux du pacifique 2023. Des résultats qui ne suffisent visiblement pas puisque le président Ismaël Tahiata dit avoir reçu quelques semaines plus tard, courant décembre, « un courrier de reproches » de la part de l’administration du Pays. La Direction de la jeunesse et des sports lui demandait notamment de se justifier sur le fait de ne pas avoir participé au tournoi proposé par la commission et demandait d’apporter des précisions sur le bilan financier de 2022. Chose faite en 12 pages, précise le président qui qualifie « d’injuste » la décision de Nahema Temarii et d’incompréhensible la position du Pays.
La FBPF compte aujourd’hui 2 500 licenciés qu’Ismaël Tahitiata dit ne pas vouloir laisser tomber. Pour lui, aucun doute, le ministère « veut voir Tauhiti Nena à la tête de la boxe au fenua ». Plusieurs recours en justice ont été déposés pour remettre en cause l’arrêté du 7 février. De son côté le président du COPF Louis Provost dit ne pas prendre parti. Mais explique toutefois avoir adressé un courrier au président Brotherson pour échanger, plus largement, sur « les décisions prises par le ministère des Sports » ces derniers mois.