Brieuc Frogier, représentant au Congrès de la Nouvelle-Calédonie et ancien soutien d’Éric Zemmour dans l’archipel, a été nommé ce mercredi conseiller spécial au cabinet de la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, également présidente de la province Sud calédonienne. Face à la levée de boucliers autour de sa nomination, le principal intéressé a annoncé sa démission. Les précisions de notre partenaire Outremers 360°.
« À la suite de ma nomination en qualité de conseiller spécial de la Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, en charge de la Citoyenneté, plusieurs médias ont pointé du doigt le soutien que j’ai apporté, il y a plusieurs mois, et pendant quelques semaines, à Éric Zemmour » a déclaré Brieuc Frogier dans un communiqué qu’Outremers360 s’est procuré.
« Ces accusations placent ma ministre dans une situation inconfortable, ce que je regrette profondément. Parce qu’il est impensable pour moi de parasiter l’action de Sonia Backes dans laquelle j’ai une totale confiance notamment pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, j’ai pris la décision de lui présenter ma démission. Mon soutien lui reste entier et je sais qu’elle sera une ministre de la Citoyenneté engagée et efficace », a-t-il ajouté.
Nomination « indécente »
Que ce soit à gauche ou au sein même de la majorité présidentielle, la nomination de cet ancien soutien d’Éric Zemmour à la Présidentielle avait suscité un tollé. « Quand les barrières tombent… affolant de voir à quel point le parti présidentiel, qui a fait sa fortune sur le front républicain, multiplie les mains tendues à l’extrême droite depuis le mois de juin », s’est ainsi interrogé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur les réseaux sociaux . Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a quant à lui interpellé la Première ministre : « Élisabeth Borne, vous ne pouvez valider un recrutement aussi choquant au sein d’un cabinet ministériel ». Le malaise s’est aussi étendu à la majorité :« Une ministre de la République, en charge de la citoyenneté, ne recrute pas comme conseiller spécial un ex-soutien d’Éric Zemmour cinq mois après un appel à faire barrage à l’extrême-droite, c’est indécent » a ainsi estimé le député européen Renaissance Pascal Durand, là encore sur Twitter. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, interrogé par Franceinfos, expliquait que « les critères de validation sont des critères juridiques » et non politiques.
Fils du sénateur LR Pierre Frogier, figure de la droite non indépendantiste calédonienne, Brieuc Frogier avait manifesté très tôt son soutien à Éric Zemmour. Il lui avait également transmis en février, et « avec grande fierté » son parrainage, estimant qu’Éric Zemmour « souhaite non seulement que la Nouvelle-Calédonie demeure dans la France, mais il trace des perspectives d’avenir pour la Nouvelle-Calédonie ». Bien qu’il ait appelé à voter pour le président de la République au second tour, Brieuc Frogier estimait en même temps « ne pas se reconnaître dans la politique menée par Emmanuel Macron ».
« Adhérent au RPCR puis au Rassemblement (branche des LR en Nouvelle-Calédonie), le cœur de mon engagement politique tient au combat que de nombreux Calédoniens mènent pour rester Français » a toutefois affirmé Brieuc Frogier dans son communiqué. Rappelant que Marine Le Pen « a voté le gel du corps électoral calédonien en 2007 », Brieuc Frogier avait « alors fait le choix de rejoindre les équipes d’Éric Zemmour en Nouvelle-Calédonie, uniquement en raison de ses positions sur le dossier calédonien, à savoir l’ouverture du corps électoral et le respect de la volonté des Calédoniens de rester Français ».
Zemmour… puis Macron
« Mon soutien fut de courte durée : j’ai décidé, au début du mois de mars 2022, de me retirer de mon engagement et j’ai laissé ma place de représentant d’Eric Zemmour en Calédonie au sénateur honoraire Simon Loueckhote et me suis mis en retrait total de la campagne », ajoute Brieuc Frogier qui assure avoir voté pour Emmanuel Macron dès le premier tour, et rappelle avoir apporté son soutien aux candidats calédoniens de la majorité présidentielle aux Législatives, Philippe Dunoyer et Nicolas Metzdorf.
« Je suis un Calédonien qui n’a de cesse de se battre pour rester au sein de la République qu’il chérit tant » a insisté Brieuc Frogier. L’élu du Congrès et de la province Sud, qui a grandi pendant les événements des années 80, assure s’être « engagé pour construire un territoire où chacun trouve sa place, où deux drapeaux sont fièrement levés, où la République dans sa grande générosité offre à tous une place et une dignité », et d’avoir « apporté son soutien à Emmanuel Macron dans son action, en particulier sur le dossier calédonien ».