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Brotherson s’attend « à une période de flottement dans la collaboration avec l’État »

En plein conseil des ministres délocalisé, Moetai Brotherson a pris le temps de réagir à la chute du gouvernement central à Paris, suite à la censure des députés. Il espère qu’un nouveau Premier ministre sera nommé rapidement, pour éviter le ralentissement de certains dossiers portés avec l’État. Concernant le budget 2025 de la France, qui n’a pu être voté, il ne se montre pas particulièrement inquiet.

« Le gouvernement Barnier vient de tomber ». C’est au cours d’une discussion sur la prévention de la délinquance à la Presqu’île, à l’occasion du conseil des ministres délocalisé à Taiarapu Est, que Moetai Brotherson a fait un court aparté pour annoncer cette nouvelle attendue. Sans grande surprise, les députés de l’Assemblée nationale ont en effet voté une motion de censure, une première depuis 1962, ce qui contraint de fait le Premier ministre à présenter la démission de son gouvernement.

Du flottement, mais « heureusement, ce n’est pas le néant »

« Il faut s’attendre à une période de flottement dans la collaboration avec l’État », poursuit le président, qui a été informé de la nouvelle par la députée Tavini Mereana Reid Arbelot. Il justifie cette analyse, « car le haut-commissaire lui-même prend ses directives de Paris. Sur des questions comme le CDT (Contrat de développement et de transformation), les comités de pilotage qui vont se suivre ou d’autres conventions qui sont à venir, là, on est suspendu au fait d’avoir ou pas des interlocuteurs à Paris », note le président.

« Heureusement », poursuit-il, « ce n’est pas le néant » : « comme chez nous, l’administration résiste aux gouvernements qui passent, et nous avons la DGOM, la Direction générale des outremers, avec à sa tête Olivier Jacob qu’on connaît bien. Donc on compte beaucoup sur la DGOM pour la continuité des dossiers ». 

Moetai Brotherson informe qu’il avait aussi « anticipé un peu », en contactant le président de la République en amont, pour faire en sorte que le Conseil interministériel des outremers prévu mi-mars soit maintenu. L’élu Tavini précise que les relations avec l’Elysées sont « cordiales ». « Je ne dirais pas au beau fixe, mais il y a des échanges réguliers. Quand j’ai besoin de saisir le président de la République sur des sujets polynésiens, je le fais et à chaque fois, il me répond. Et plupart du temps, on arrive à trouver un terrain d’entente ».

Le président espère désormais qu’Emmanuel Macron ne prendra pas trop son temps pour nommer un gouvernement : après les dernières Législatives, fin juin 2024, il avait fallu attendre près de deux mois pour voir sortir le nom de Michel Barnier. « On espère que la nomination du prochain Premier ministre va se faire rapidement, et qu’elle ne sera pas suivie d’une motion de censure dans les semaines qui viennent ». 

Budget : le président « pas forcément » inquiet

Pour le chef de l’exécutif, cette chute du gouvernement central a, en général,  » des conséquences pour tous les Outre-mers ». « Nos territoires ultramarins vont démarrer l’année 2025 en grande difficulté sans savoir exactement ce qu’ils auront comme budget », expliquait le ministre de l’Outre-mer, désormais démissionnaire, François-Noël Buffet, à notre partenaire Outremers360°, alors que le budget 2025 ne sera pas voté.

Sur ce point, Moetai Brotherson n’est « pas forcément » inquiet. Comme le stipule la loi, « c’est un peu comme pour la Polynésie. Si un jour un budget n’était pas voté, c’est celui de l’année N-1 qui serait reconduit en attendant », explique le président. Avec l’abandon du budget 2025, il estime même qu’il y a des points « que certains peuvent considérer comme des bonnes nouvelles, par exemple la taxe sur le transport aérien international, sur laquelle les outremers devaient être exemptés, mais que personne n’aura à subir pour le moment ».

Propos recueillis par Charlie Réné.

 

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