Nuihau Laurey était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mercredi, avant l’examen du projet de budget la semaine prochaine à Tarahoi. Le vice-président de A Here ia Porinetia pointe l’immobilisme d’un gouvernement, et d’un président du Pays, qui savent dire mais pas faire. Il regrette l’augmentation des impôts et taxes, et « l’incapacité du gouvernement à investir ». A Here ia Porinetia fourbit ses amendements, notamment sur le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures, une baisse plus conséquente des droits d’enregistrement des acquisitions immobilières, et l’annulation de créations de postes dans l’administration.
Dans la préparation du budget 2025, c’est d’abord le niveau de trésorerie qui choque l’ancien ministre de l’Économie et des Finances. Comme Édouard Fritch, il souligne : « C’est la première fois qu’on a 51 milliards en caisse », le résultat d’une combinaison de la rentabilité des taxes basées sur les prix, lesquels augmentent, et de « l’incapacité du gouvernement à investir ». Et les lois fiscales de cette fin d’année en rajoutent, dit-il, alors qu’il faudrait faire l’inverse : « Il y a très peu d’allègements, en fin de compte », alors que « dans cette situation-là, je pense que l’action majeure que le gouvernement doit mettre en place, c’est de réduire massivement les impôts et les taxes. Pourquoi ? Parce que la question budgétaire ne se pose plus. »
Nuihau Laurey dénonce aussi un « double discours » sur les PPN, que le Tavini dit vouloir changer depuis des années, voire supprimer comme le recommandait d’ailleurs d’Autorité polynésienne de la concurrence. « Mais pour l’instant, qu’est-ce qu’ils font ? Ils augmentent la liste de ces PPN. Et dans certains cas ils augmentent même les marges, dit-il, en attendant la mise en place de la carte Faatupu pour mieux utiliser l’argent public. Donc il y a vraiment un double discours sur ce point. Ça fait un an et demi qu’on nous dit que plein de choses sont encore dans le tiroir. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas trouvé la clé du tiroir. » Ni celui du fonctionnement de l’administration, ni celui de la conception des grands axes d’action.
Même verdict sur le président du Pays : « Il a réponse à tout, par contre c’est quelqu’un qui sait bien expliquer, mais qui ne sait pas faire. »
Nuihau Laurey s’inquiète de la réforme promise de la protection sociale généralisée, dont les textes sont promis pour l’année prochaine : « Pour l’instant on n’a strictement rien, on n’a même pas de piste sur les choix qui seront faits. » Pour lui, c’est d’une part en réduisant les charges des entreprises pour stimuler l’activité et l’emploi, générateurs de cotisations, et d’autre part en relançant la prévention en même temps que la fiscalité comportementale pour réduire les risques de santé, que l’équilibre sera atteint.
Non aux taxes affectées au FRPH et aux créations de postes dans l’administration
Autre sujet de discorde, le nouveau système du Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH). « Nous sommes complètement opposés à verser directement les taxes dans ce fonds-là, dit Nuihau Laurey, particulièrement des taxes prises « dans la poche du consommateur qui n’a pas forcément de voiture ». Il qui pense qu’il faut, au contraire, mettre les Polynésiens face à la réalité des prix du carburant, pour les motiver à s’engager dans la transition énergétique.
Un espoir : un ministre de l’Économie « plus ouvert à la discussion »
A Here ia Porinetia, dit Nuihau Laurey, conserve sa ligne adoptée au début de la mandature : « On essaye d’être constructif, parce que ce gouvernement a été élu démocratiquement, donc il est là pour trois ans encore. » Il prépare donc des amendements au projet de budget : la suppression des taxes reversées directement au FRPH, une baisse plus conséquente des droits d’enregistrement des acquisitions immobilières, et l’annulation de créations de postes dans l’administration. Même si l’espoir de les voir adoptés est mince, il compte sur l’oreille de Warren Dexter, « quand même plus ouvert à la discussion que l’ancien ministre. Il essaie finalement de trouver un point d’équilibre entre l’idéologie et la réalité. Il a été chef de service, il a été conseiller technique, il est aujourd’hui ministre, il connaît bien la machine économique polynésienne et il sait que beaucoup des propositions qui sont faites par le Tavini ne sont pas simplement pas réalistes. »