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Budget disputé et séance tardive à l’assemblée

19 textes dont un pack fiscal, une déclaration sur les grands fonds marins, une stratégie touristique et surtout le budget 2023… Les élus de Tarahoi ont veillé jusqu’à 4 heures du matin cette nuit pour avancer dans l’ordre du jour chargé de cette avant-dernière séance de l’année. À moins de 5 mois des territoriales, les débats étaient sans surprise très politiques.

Prime défiscalisée, baisse de taxe pour l’accès au logement, exonérations en tout genre et crédit d’impôt sur le solaire… C’est un important pack fiscal, présenté par le ministère des Finances, qui a ouvert la séance de l’assemblée hier. Un texte-balai « qui ratisse particulièrement large » et qui a soulevé quelques points de débat hier. Fallait-il réserver la prime défiscalisées aux seuls travailleurs modestes comme l’a suggéré Nicole Sanquer ? Contraindre les employeurs à l’appliquer, comme l’a demandé le Tavini ? Fallait-il élargir la défiscalisation locale, de nouveau ouverte au logement intermédiaire, aux maisons de retraites et établissements de prise en charge médicalisée des matahiapo, comma l’a proposé Nicole Bouteau ? Ou au contraire arrêter de défiscaliser à tout va et aider plus directement les Polynésiens, comme l’a suggéré A Here ia Porinetia ? Des questions débattues par la majorité, mais qui ont toujours été tranchées au final dans le sens du projet du gouvernement, présent au grand complet ce jeudi à Tarahoi.

Préserver et stimuler

Qu’importe pour l’opposition qui a concentré son feu sur le projet de budget 2023 de la Polynésie, véritable enjeu de cette séance. Un budget à 162 milliards de francs – 2,44% de plus qu’en 2022 – qualifié de « cohérent, volontarisme, réaliste » par Édouard Fritch qui a pu mettre en avant certains « engagements remplis » de son gouvernement. Hausse des minima sociaux, effort exceptionnel sur le logement, augmentation de l’appui aux communes et à leurs compétences, hausse, aussi, des budgets d’investissements, plan de relance appliqué avec un tiers des 72 mesures achevées, un tiers en cours, et un quart initiées… La ligne, explique le chef de file du Tapura, c’est avant tout de « préserver la cohésion de la société » après une période difficile et « stimuler l’économie » pour tirer le maximum du rebond actuel.

Pas de quoi convaincre l’opposition, à commencer par le Tavini. Pour Tony Géros, non seulement ce budget, voté avant celui de l’État en métropole, s’en remet encore une fois au bon vouloir de Paris pour le soutien de la PSG, mais les mesures sociales ou fiscales du gouvernement « n’ont pas de cohérence » :

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Nouvelles tensions entre Fritch et Rohfritsch

Du côté du gouvernement, on s’était défendu d’avance sur certaines critiques déjà formulées lors du débat d’orientation budgétaire. Oui, ce budget est dans la lignée des précédents, par souci de cohérence, explique le leader du parti rouge t blanc. Oui, la TVA sociale est maintenue et oui elle était, malgré les bonnes recettes fiscales engrangées en 2022, nécessaire pour renflouer la PSG. L’exécutif, surtout, interpelle sur le rebond de l’activité au fenua, sur les recettes fiscales et de l’emploi, des réalités difficiles à remettre en cause pour l’opposition. Mais cette bonne reprise économique profite-t-elle bien aux Polynésiens ? Non, répond Teva Rohfritsch, qui a de nouveau eu des échanges très vifs avec Édouard Fritch. L’ancien vice-président aujourd’hui sénateur, et nouveau président de Ia Ora te Nuna’a parle d’un gouvernement qui augmente les dépenses pour pouvoir financer des mesures électoralistes mais qui ne traite pas le fond du problème du fenua :

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Pas moins de critique du côté de A Here ia Porinetia. Le Pays se dit vigilant aux dépenses, précisant, par exemple, avoir prévu seulement 22 nouveaux postes permanents dans l’administration 2023 (et 58 autres postes non permanents). Nuihau Laurey, lui, voit tout de même un nouveau record de masse salariale pour la Polynésie. Et dénonce surtout le poids de l’endettement qui atteint, en période post-Covid, les 150 milliards, avec une annuité de 16 milliards pour la seule année 2023 :

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Le budget a au final été adopté sans les voix de l’opposition qui s’est unanimement abstenu. Il faisait alors déjà nuit et il restait pas moins de 16 textes à étudier. Et pas des moindres : stratégie touristique, déclaration solennelle sur l’exploitation des grands fonds marins (finalement adoptée par 46 voix pour et 11 voix contre)… Tarahoi a débattu jusqu’à 4 heures du matin.