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Budget et fiscalité : « On est dans le n’importe quoi », dit Nuihau Laurey

©CP/Radio1

Nuihau Laurey était L’Invité de la rédaction de Radio1 ce jeudi. Membre de la commission de l’Économie et des Finances, la loi fiscale et le projet de budget l’inquiètent, et il dénonce « l’amateurisme » du gouvernement.

L’élu A Here ia Porinetia, ancien vice-président, ministre du Budget et des Finances Nuihau Laurey, qui siège à la commission de l’Économie et des Finances de l’assemblée, est aux premières loges du psychodrame en cours sur la loi fiscale : ses principales mesures ont été rejetées par l’ensemble de la commission, élus Tavini inclus. « Ce projet de loi fiscale, il fait l’unanimité contre lui, dit Nuihau Laurey, puisqu’il est clairement anti-économique. Les mesures qui sont proposées sont clairement anti-sociales et on a même des mesures contre la transition énergétique. C’est dire à quel point le gouvernement, sur ce plan, se trompe complètement. » Principale erreur, dit-il, la création de la contribution sur le patrimoine immobilier, qui selon lui n’a pas lieu d’être : le seul avantage de l’inflation, dans un système où la taxation des produits importés fournit l’essentiel des recettes fiscales, c’est de remplir les caisses du Pays lorsque le prix des importations augmente. « Par contre, pendant ce temps-là, le pouvoir d’achat, il baisse. »

Déficit de l’assurance maladie : « Il faut être responsable et taxer les produits à l’origine de ces pathologies »

Et Nuihau Laurey est inquiet, car « aujourd’hui, il y a clairement une baisse de l’activité économique, on a quasiment 20% de baisse en transactions immobilières, ça veut dire moins de constructions, c’est le point de blocage essentiel. » Des craintes déjà exprimées par le patronat, et qui commencent à se traduire par une baisse du « climat des affaires », l’indice de confiance des entrepreneurs. Il dénonce également les mesures prévues pour le dispositif Vefa (vente en état de futur achèvement), ou la réduction des exonérations sur les matériaux de construction, « qui sont punitives, alors que dans le même temps le gouvernement nous dit qu’il veut favoriser la création de logements, et subventionne des établissements comme l’OPH qui ont fait la preuve de leur incapacité. »

Plus généralement, Nuihau Laurey dénonce « l’hérésie » de financer le déficit de la protection sociale généralisée par une taxe sur le patrimoine, plutôt que sur l’origine des pathologies qui affectent les Polynésiens, à commencer par les produits sucrés.

Mais les 13 propositions d’amendement de A Here ia Porinetia n’ont pas toutes été entendues, dit Nuihau Laurey, « et ce qui est remarquable c’est que le ministre et ses équipes ne contestent pas les propositions que nous faisons, ils disent eux-mêmes que c’est vrai, c’est du bon sens. Par contre j’ai l’impression qu’on ne peut plus changer ce texte, et là il y a des questions d’égo personnel et dans ce contexte économique qui vient, pour nous c’est catastrophique. »

La commission doit se réunir à nouveau cé vendredi, mais Nuihau Laurey se demande à quoi elle va bien pouvoir servir, car les élus n’avaient toujours rien reçu jeudi midi : « On ne peut pas ‘dé-voter’ un texte qui a déjà été amendé et adopté. En plus du n’importe quoi fiscal, on est dans le n’importe quoi législatif. »

Un budget « insincère » basé sur un taux de croissance irréaliste

Se pose dès lors la question de la sincérité du budget, dont l’examen est retardé par l’épisode de la loi fiscale. Et Nuihau Laurey, dénonce un budget « qui ne fait pas l’essentiel. L’essentiel c’est la maîtrise de la dépense publique ». Il cite ainsi la masse salariale de l’administration, à 35 milliards hors établissements publics, et qu’il a peur de voir grimper encore puisque le Pays annonce des concours. Il cite aussi les subventions à l’OPT et l’OPH, l’achat d’un terrain à Punaauia pour un milliard, « une dépense qui ne va servir à rien » puisque le projet OPH ou celui de la route du Sud ne sont pas encore matures, ou encore la baisse drastique de la défiscalisation pour les hôtels alors que l’objectif de 600 000 touristes est maintenu. Il conteste également l’hypothèse d’une croissance à 4% en 2024 sur laquelle est construite le budget.

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