Devant les conséquences déjà graves de l’épidémie de Covid, les indépendantistes examinent l’éventualité d’un report du troisième référendum sur la sortie de l’accord de Nouméa. Les loyalistes Sonia Backès, Gil Brial et Nicolas Metzdorf souhaitent un maintien de la date du 12 décembre. Les explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Un parfum de mai flotte dans les couloirs des états majors politiques. Il y a quatre mois, avant que l’État tranche à Paris en faveur de l’organisation du troisième référendum au 12 décembre 2021, une ligne de fracture était apparue sur le choix de la date de la consultation. La crise Covid réactive la réflexion et parfois les écarts de position. Le FLNKS, réuni en bureau politique mardi matin, a examiné l’option d’un report du référendum, au regard de la situation sanitaire en Nouvelle-Calédonie. « Cette consultation est capitale. Il faut donc la préparer dans les meilleures conditions », indique un cadre indépendantiste. « Quand cette épidémie va-t-elle s’arrêter ? On ne sait pas. » Des militants évoquent l’indispensable sérénité de la campagne. Le FLNKS a échangé et compte poursuivre la discussion sur cette éventualité d’un report avec les représentants des autres formations indépendantistes et nationalistes telles que la DUS, le MNSK, le MOI… En clair, peser les points de vue. En mai dernier, les dirigeants de l’Union calédonienne et de l’UNI misaient sur la tenue de la consultation au second semestre 2022, pourquoi pas en septembre, le temps notamment d’instaurer des réformes. Cette orientation était réaffirmée, sans majorité suffisante, fin juin au Congrès, par une abstention et une opposition au projet de décret porté par l’État proposant la date du dimanche 12 décembre 2021.
« Tout à fait inapproprié »
Sur une tout autre rive politique, le Rassemblement national souhaite rediscuter de la date du référendum. Tandis que, sur les ondes, avant de se féliciter de l’accompagnement d' »une grande nation », Thierry Santa, président du Rassemblement-LR, a posé « une question » : « a-t-on besoin d’un troisième référendum ? ». Un message est venu mettre les points sur les i, mardi en fin d’après-midi. « Les Républicains calédoniens, le Mouvement populaire calédonien et Générations NC s’étonnent de la prise de position d’un certain nombre de partis évoquant l’éventualité d’un report du référendum du 12 décembre », ont signé Sonia Backès, Gil Brial et Nicolas Metzdorf. Pour ces élus, « à l’heure où les Calédoniens sont confrontés à la pire crise sanitaire de leur histoire avec son cortège de morts, de deuils et de douleur, ouvrir un tel débat nous parait tout à fait inapproprié. » Le ton est ferme. « À tous ceux qui, à l’évidence, placent des considérations politiques au-dessus de la crise, nous disons qu’il sera bien temps de parler du référendum et de son organisation à l’occasion de la visite du ministre des Outre-mer. » Les auteurs du courrier comptent rappeler « que la Nouvelle-Calédonie souffre depuis trop longtemps de l’incertitude qui plane sur son avenir, qui porte fortement atteinte à son économie et qu’il est grand temps de sortir de l’accord de Nouméa ». En conclusion, le maintien de la date du 12 décembre sera demandé. Le Premier ministre, Jean Castex, avait assuré, en début de mois, être « pleinement mobilisé » pour que la consultation se déroule à cette échéance. Le ministre Sébastien Lecornu devrait visiter la Calédonie, et donc aborder la question, du 4 au 13 octobre prochain.
Huit décès en 24 heures
Les courbes épidémiques de la Polynésie et de la Calédonie se sont croisés ce weekend. Alors que la décrue hospitalière se poursuit au fenua (185 hospitalisations Covid dont 32 réanimations), les malades continuent d’affluer sur le Caillou. Hier 329 personnes étaient hospitalisées dont 54 en réanimation. Des chiffres pas si éloignés de ceux du pic épidémique au fenua. Côté mortalité, 33 personnes sont décédées en trois semaines, dont 8 morts annoncés lundi. Côté vaccination, seul 34% de la population vaccinable a reçu deux doses de Pfizer. |