ACTUS LOCALESJUSTICE Cambriolages et falsifications de chèques en série Pascal Bastianaggi 2024-04-16 16 Avr 2024 Pascal Bastianaggi Huit prévenus dont six présents ce mardi au tribunal correctionnel de Papeete étaient jugés pour cambriolages et falsifications de chèques. Des chèques volés qu’ils écoulaient contre du liquide et des denrées chez des commerçants tant sur Tahiti qu’à Moorea, pour un préjudice total de trois millions de francs. Ils ont été condamnés à des peines allant de trois mois de prison avec sursis à un an ferme. Deux « cerveaux » et six paires de bras, c’est ainsi que l’on pourrait résumer cette affaire qui s’est déroulée en avril 2018. Durant un mois la fine équipe a visité quatre foyers en l’absence de ses occupants et en a profité pour les soulager de divers matériels électroniques… mais surtout de carnets de chèques et de pièces d’identité. La mécanique était bien huilée. L’un des cerveaux de la bande les déposait en voiture devant le domicile visé et attendait tranquillement pendant qu’ils cambriolaient. Le marché : lui gardait les chèques et les pièces d’identité et le reste du butin était partagé entre chaque participant. Fausses fiches de paie, et échanges dans les commerces Une fois les documents en sa possession, le « cerveau » remplissait les chèques en indiquant un montant et les signait. Son complice, l’autre cerveau, faisait de fausses fiches de paie au nom d’une société d’élagage puis prenait contact avec des magasins en leur demandant s’ils acceptaient que ses employés viennent avec leur chèque de salaire afin de se faire remettre en échange des marchandises et des liquidités. La plupart des magasins contactés acceptaient le deal. Les employés qui n’étaient autres que les cambrioleurs se rendaient alors aux magasins indiqués avec les chèques préalablement remplis avec des montants correspondant aux salaires couramment pratiqués et échangeaient les chèques contre des marchandises et du liquide. Là encore, la bande à l’art du partage : les marchandises étaient conservées par les hommes de main et les sommes d’argent, remises aux boss. Tout le monde y trouvait son compte, les hommes de main, tous issus de milieux précaires, ramenaient des provisions pour leur foyer. Quant aux têtes pensantes, ils jouissaient de liquidité. Tout était bien goupillé, sur les fausses fiches de paie figurait le téléphone de la fausse entreprise d’élagage et si l’un des commerçants avait un doute sur le chèque et appelait l’entreprise, c’était un complice qui répondait certifiant que le chèque était bien valable et bien émis par la société. Une centaine de chèques écoulés Sauf que les chèques revenaient comme impayés et déclarés volés… et les commerçants se retrouvaient bernés. Ce sont en tout près d’une centaine de chèques qui ont été écoulés pour un montant de près de trois millions de francs. À noter que l’identité d’une des victimes des cambriolages a été utilisée à 45 reprises. Ne s’étant pas aperçu qu’on lui avait dérobé son carnet de chèques, il s’est fait « littéralement vidé le compte », assurait-t-il lors de sa déposition à la gendarmerie. Concernant les prévenus, entre 30 et 40 ans, tous ont un casier judiciaire plus ou moins chargé, avec au menu « stups », vols et violences, l’un d’entre eux ayant 21 condamnations à son actif. « Biens mal acquis ne profitent jamais, vous devriez bien intégrer cette maxime » assure la procureure aux prévenus qui n’en mènent pas large et restent les yeux rivés au plancher. Désignant les deux « cerveaux » dont l’un est détention provisoire pour une affaire de stupéfiants, elle les accuse d’avoir « instrumentaliser la misère sociale des autres prévenus ». Et de poursuivre : « les deux ne participaient pas aux cambriolages et ne prenaient donc pas de risques, pas d’empreintes digitales etc.. Ils attendaient dehors et donnaient les ordres. » Après délibération les prévenus ont été condamnés à des peines allant de trois mois de prison avec sursis à un an ferme et à payer solidairement les préjudices financiers et moraux. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)