C’est le suédois Ruben Östlund, déjà lauréat en 2017, qui repart avec la Palme d’or de cette 75e édition du festival de Cannes. Pacifiction – Tourmente sur les îles, tourné et coproduit au fenua, repart sans trophée, mais l’équipe ne se dit « pas déçue » : acclamé par la critique, le film « aura une très belle vie, sera vendu dans le monde entier et programmé dans d’autres festivals prestigieux ».
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Euphorique sur la scène du Grand auditorium Louis Lumière, le Suédois Ruben Östlund a raflé samedi une deuxième Palme d’or au 75e Festival de Cannes. Son film Sans filtre, satire jouissive des super-riches et du luxe, était sans conteste le film le plus divertissant de la compétition. « Tout le jury a été extrêmement choqué par ce film », a annoncé Vincent Lindon, le président du jury. Déjà lauréat du prestigieux prix cannois en 2017 avec The Square, le Suédois à l’humour grinçant rejoint, à 48 ans, le club très fermé des doubles palmés, parmi lesquels les frères Dardenne, qui ont remporté cette année un Prix spécial du Festival Tori et Lokita, ou encore l’Irlandais Ken Loach. « Lorsque nous avons commencé ce film, nous n’avions qu’un but : essayer de faire un film qui intéresse le public et qui le fasse réfléchir avec provocation », a déclaré Ruben Östlund en recevant son prix. Sans filtre suit l’aventure de Yaya et Carl, un couple de mannequins et influenceurs en vacances sur une croisière de luxe. Un voyage qui tourne à la catastrophe. Dans une sorte de Titanic inversé, où les plus faibles ne sont pas forcément les perdants, le film décortique les ressorts de classe de fond en comble : les riches contre les pauvres, mais aussi les hommes contre les femmes, et les Blancs contre les Noirs. Le réalisateur livre une critique sans concession du capitalisme et de ses excès.
L’équipe de Pacifiction « Pas déçus »
Malgré la douzaine de prix distribués ce samedi soir, le film d’Albert Serra, Pacifiction – Tourment sur les îles, repart sans trophée. Tourné entièrement au fenua, avec plusieurs acteurs polynésiens, dont Pahoa Mahagafanau, Matahi Pambrun et Michael Vautor, qui ont monté les marches avec la star du film Benoît Magimel, jeudi, il aura tout de même marqué une partie de la critique. Son scenario – un Haut-commissaire chargé d’étouffer la rumeur d’une reprise des essais nucléaires – en fait, d’après le journal Le Monde, un « magnifique thriller paranoïaque sur fond de politique-fiction », dans « une Polynésie française inédite, certes somptueuse, mais surtout inquiétante et ténébreuse » comme le précise Télérama. La date de sortie sur grand écran n’a pas encore été fixée par la production, mais il ne manquera pas d’attirer le public, au fenua comme ailleurs.
« Pacifiction n’est pas au palmarès et pourtant nous ne sommes pas déçus, écrit la société locale Archipel production à l’issue de la cérémonie. Ce film aura fait sensation sur la Croisette, il aura une très belle vie, sera vendu dans le monde entier et programmé dans d’autres festivals prestigieux. Cette fiction aura réussi à ravir les professionnels du cinéma au vu des critiques excellentes. Qui aurait imaginé tout ce que nous avons pu vivre durant toute cette semaine ? Nous avons déjà, comme tous nos consœurs et confrères producteurs polynésiens, d’autres projets à venir et nous espérons surtout avoir réussi à démontrer que notre fenua est crédible dans ce monde prestigieux qu’est le 7ème art ».
Le Palmarès complet de la 75e édition du Festival de Cannes :
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