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Carnaval de Rio : « débauche » do Brasil

© Reuters avec Europe1

EN CHIFFRES – C’est la fête où tout est permis ou presque. Quitte à franchir quelques interdits.

L’INFO. Corps bronzés en sueur qui dansent au rythme contagieux de la samba : ce scénario érotique se répète à chaque coin de rue de Rio de Janeiro pendant le carnaval, une fête où tous les excès sont permis. La « grande folie » a commencé officiellement vendredi quand le maire Eduardo Paes a remis symboliquement les clés de la ville au gros roi Momo pour son règne de cinq jours. Près de 6 millions de personnes vont y participer.

>> Europe1.fr décrypte ces « excès » brésiliens avec François-Michel Le Tourneau*, directeur de recherches au CNRS et spécialiste du Brésil.

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665 millions. Près d’un million d’étrangers et de touristes se rendent chaque année au carnaval. Et ils dépensent au total près 665 millions de dollars à Rio. Les principales dépenses concernent les hôtels, dont le taux d’occupation atteint 98% cette année, contre 95% l’an passé. Les étrangers, qui souhaitent défiler, doivent également se munir des tenues de l’école de samba avec laquelle ils comptent déambuler dans les rues.

Mais ce n’est pas tout. L’économie du tourisme et du carnaval profite également « aux marginaux et aux factions criminelles », décrypte François-Michel Le Tourneau. « L’afflux de touristes, spécialement pour faire la fête, renforce l’offre et il est vrai que la drogue fait partie du carnaval. Il y avait des pailles pour inhaler des parfums et de l’alcool et cela faisait partie du carnaval jusque dans les années 70. Depuis, elles ont été interdites. Mais l’économie de la drogue se porte très bien au moment du carnaval », assure ce spécialiste du Brésil.

Entre 2 et 5 milliards de $. C’est la somme dépensée par les écoles de samba pour leurs défilés. Si certains sont financés par des entreprises brésiliennes et étrangères, d’autres sont payés par les mafieux des jeux clandestins. Car le costume de luxe, revêtu par certains participants en haut des chars coûte 35.000 dollars en matériaux, sans compter la main d’œuvre!

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Ces tenues affriolantes séduisent énormément les touristes mais cette « liberté » est, en quelques sorte, un leurre. « Les danseuses de samba sont très déshabillées mais cela fait un scandale lorsqu’elles sont presque nues. Il y a aussi là-dedans le regard de l’Européen qui veut voir dans le carnaval brésilien une liberté sexuelle que nous n’avons pas chez nous mais qui se met peut-être le doigt dans l’œil car ce qu’il croit voir n’est pas exactement ce qu’il y a », analyse François-Michel Le Tourneau. « Les femmes à la plage ont des maillots tout à fait minuscules mais il est tout à fait impossible de se mettre topless. C’est quelque chose qui ne se fait pas sur une plage brésilienne. C’est un scandale. Ce n’est pas parce qu’on est plus déshabillés qu’ailleurs qu’on a moins de pudeur », renchérit ce chercheur.

13.000. C’est le nombre de toilettes chimiques qui ont installées sur le passage des blocos, les groupes carnavalesques de quartier. Elles auront leur importance car les carnavaliers devront se soulager des litres de bières ingurgités. La boisson reine de ce carnaval. « Elle coule à flots. InBev, le plus grand brasseur brésilien, est devenu l’un des plus grands brasseurs mondiaux. Il fait de très bonnes affaires », affirme François-Michel Le Tourneau.

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82. C’est le nombre de rues interdites à la circulation dans Rio, dont une quarantaine dans le centre ville. Elles ont été fermées pour laisser passer les défilés et permettre à tout le monde de circuler plus facilement. Pour assurer la tranquillité de la fête, retransmise par les télévisions du monde entier, 14.454 policiers ont été mobilisés dans l’ensemble de l’Etat de Rio, soit 20% de plus que l’an dernier.

« Le gros problème du carnaval, c’est le déferlement de foule et les actes de violence. Certaines factions, qui occupent les favelas, s’immiscent dans la fête. Bien évidemment, il y a un dispositif policier mais il n’est pas disproportionné. Ça fait partie des miracles brésiliens car en général, le carnaval, et le réveillon du 31 où tout le monde va sur la plage, se passe plutôt bien. C’est un pays extrêmement violent –où le nombre d’assassinats est très important-, mais ce ne sont pas les nuits les plus à craindre et les étrangers sont même plus en sécurité à ce moment-là », assure François-Michel Le Tourneau. « Il n’y a pas de débordements massifs mais Rio reste Rio. C’est-à-dire qu’il y aura des morts à la fin du carnaval, ça c’est évident », ajoute-t-il.

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69 millions. C’est le nombre de « camisinhas de Venus » distribués gratuitement par le ministère de la Santé dans tout le pays. Les « petites chemises de Vénus » est le surnom du préservatif au Brésil.

« C’est la fête où l’on abolit les différences sociales, de richesse. Tout le monde est égal. Tout le monde a sa chance dans les rencontres, principalement amoureuses. Il y a des gens qui viennent plus pour draguer. C’est un petit peu comme si on mettait une boîte de nuit sauf que c’est à ciel ouvert pendant deux jours. Il y a une expression en portugais pour dire amourette, c’est ‘amor di carnaval’. C’est pour dire que les couples qui se forment au moment du carnaval ne sont pas les plus solides », explique François-Michel Le Tourneau.

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30. Le tourisme sexuel augmente de 30% à la période du carnaval. C’est l’un des fléaux du pays. En 2004, le Brésil s’est doté d’un Plan national de combat contre l’exploitation sexuelle et commerciale des mineurs et a crée un code de conduite pour les employés du secteur du tourisme. En 2010, il a donné le coup d’envoi à la campagne « Un but pour les droits des enfants! » destinée à combattre l’exploitation sexuelle des mineurs pendant le Mondial de football de 2014.

Mais pendant le carnaval, la prostitution explose. « Il y a cette idée d’outrance et de liberté fait qu’il y a aussi une liberté sexuelle. Une partie de l’attrait du carnaval est liée à la prostitution. C’est un des pics de la prostitution masculine et féminine (…) Il y a aussi les travestis qui sont aussi très recherchés. Rio est devenue depuis quelques années une capitale gay assez tendance », analyse ce spécialiste du Brésil.

* François-Michel Le Tourneau, Le Jari : géohistoire d’un fleuve amazonien, Presses universitaires Rennes, 2013.

Source : Europe 1