ACTUS LOCALESCULTURE

Cartes, estampes, sacs, tifaifai… Les œuvres de Titouan Lamazou sortent de leur cadre


L’artiste, qui, après 40 ans de voyages se dit « sédentarisé » à Tahiti, lance une collection de produits dérivés de ses œuvres polynésiennes. Lithographies, sacs, pareu, carnets ou tifaifai… Du « made in fenua » autant que possible, assure le navigateur, qui prépare une exposition au musée de Tahiti et des Îles, et attend toujours avec impatience son bateau-atelier.

Une ébauche de portrait de vahine sur un chevalet, des pastels de récifs sortant d’un tiroir, des carnets de voyage qui restent à déchiffrer entre les tubes de peintures entamés… Dans son atelier de Punaauia, Titouan Lamazou continue son étude des décors, des regards et des couleurs polynésiennes. Mais d’autres objets commencent à affluer dans la maison de bord de mer où il s’est amarré voilà quelques mois. Cartes postales, pareu ou bandanas, carnets blancs, illustrés sur quelques pages pour « montrer la voie », lithographies à l’aspect soigné et même grand tifaifai… Toute une collection de produits où sont déclinées les œuvres polynésiennes du peintre-navigateur, qui a découvert le fenua voilà plus de 40 ans en compagnie d’Éric Tabarly.

Partenariats locaux et nouvelles machines

Ces « produits dérivés », qui doivent participer à financer son travail et de futurs projets, l’artiste les a voulus « Made in Tahiti ». « Dans la mesure du possible », reconnait-il. Titouan Lamazou a déjà conclu des partenariats avec différentes entreprises, lycées, couturières ou associations locales, mais doit encore importer, de métropole, certains textiles et matériaux qui seront cousus ou imprimés localement.

On retrouve dans la collection, les portraits de femmes qui ont fait la réputation de Titouan Lamazou. Ou les dessins de fleurs, fruits et végétaux, croqués pendant ses voyages durant lesquels il se laisse souvent guider par des scientifiques locaux. Des motifs qui devraient aussi s’afficher sur des vêtements ou des sacs « du plus simple au beaucoup plus sophistiqué », pour la fabrication desquels de nouvelles machines vont être importées au fenua. « On en est encore au stade expérimental, mais l’idée c’est autant que possible de développer de l’activité ici », explique l’artiste, qui commercialisera la collection dans différentes boutiques (Fauura, au marché de Papeete, Bora Bora Originals), galeries (Take Me Back to Tahiti, à Taina ou Musée de Tahiti, Punaauia) et lieux de passages touristiques (The Brando, Aranui, duty free) dès la semaine prochaine.

En attendant le bateau-atelier

Ce détour dans le commerce n’est pas une fin en soi pour l’ancien élève des Beaux-arts. Le développement de sa collection coïncide avec la préparation d’une exposition au Musée de Tahiti et des Îles, prévue pour novembre 2021, et pour laquelle il continue d’aller « s’inspirer, dessiner et créer » dans les archipels polynésiens.

Après une vie de voyages, c’est aussi un signe de sédentarisation pour celui qui a acheté sa première voiture en se « fixant » à Punaauia. Pas question, pour autant, de rester à terre pour l’ancien champion du monde de course au large. Dès sa victoire au Vendée Globe, en 1990, Titouan Lamazou parlait de créer un navire qui lui permettrait de voyager tout en peignant, d’accueillir des collaborations, des scientifiques et pourquoi pas d’y offrir des apprentissages artistiques. Trente ans après, ce bateau-atelier « est un peu plus que dans ma tête, il est dans des cartons à dessins ». Sa construction devait débuter cette année, le Covid en a voulu autrement. « J’espère que l’année prochaine quand on inaugurera l’exposition au Musée des îles, je pourrais annoncer le début du chantier, explique-t-il. Mais bon, j’en parle depuis 30 ans, je peux attendre quelques mois de plus ». Si il dit le financement du projet « bouclé », la crise pourrait remettre en cause certaines aides. Les produits dérivés seraient alors un bon relais.

Article précedent

Recette du jour : Vegan Tofu sisig

Article suivant

Jean, un braqueur sensible

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Cartes, estampes, sacs, tifaifai… Les œuvres de Titouan Lamazou sortent de leur cadre