Le président sortant, battu le 27 juin avant la remise en cause des résultats par la commission électorale, est accusé par ses concurrents de bénéficier d’un cafouillage dont il serait le premier responsable. Lui pointe au contraire vers les communes, qui n’auraient pas pris le scrutin au sérieux, vers le Pays pour ne pas avoir réformé les statuts et même vers les autres candidats, « pas irréprochables » le jour du vote. L’échec de l’élection « c’est nous qui en avons subi les conséquences » assure-t-il.
Stéphane Chin Loy l’assure, il a été « le premier étonné » par la décision de la commission électorale de la CCSIM. Vendredi soir, après une longue journée de « recensement » et d’analyse des procès verbaux des bureaux, son président, Christophe Tissot, aussi président du tribunal de commerce, a annoncé son refus de proclamer les résultats du scrutin du 27 juin. Trop d’irrégularités, trop d’inexactitudes, trop de désorganisation dans les 45 bureaux de vote – un par commune, sauf trois qui ont omis d’organiser le vote. Les plus déçus, mais aussi les plus « remontés » sont sans surprise Kelly Asin Moux, donné vainqueur avec sa liste CCISM 2028, et Jean-Paul Tuaiva dont l’Union des chefs d’entreprise du fenua pouvait se contenter d’une première place dans le collège des métiers. Les deux candidats insistaient ce weekend sur la responsabilité de la chambre et de l’équipe dirigeante sortante dans le « bordel » auquel a donné lieu le scrutin. Des accusations rejetées en bloc, ce lundi, par Stéphane Chin Loy, qui attribue justement sa défaite dans les urnes à cette désorganisation.
Les communes « n’ont pas mis le budget », le Pays n’a pas modernisé
Le président sortant et pas encore sorti, estime que « tout a été fait dans les règles » du côté de la CCISM. L’absence de personnel de la chambre dans les mairies pour encadrer le scrutin ? Ce serait la commission électorale, « après avis de l’État », qui lui aurait conseillé de ne pas mobiliser ses propres agents. Le manque d’information et de formation dont se sont plaint les municipalités le jour du vote ? « On a fait des visios avec tout le monde, on a même reçu certains agents, il n’y avait aucun problème » insiste le responsable. Les « alertes » des listes concurrentes sur les lacunes de l’organisation, plusieurs jours avant le 27 juin ? « Les décisions étaient prises bien avant », répond-il, attribuant la « désorganisation totale » à un manque de sérieux et de budget affecté par les mairies sur cette élection. « Il n’y avait pas le personnel de mairie nécessaire pour orienter les électeurs, lâche-t-il. Vu les centimes additionnels qui sont réservés aux communes (sur la contribution des patentes, ndr), c’est un juste retour des choses que de s’occuper de ces élections une fois tous les cinq ans ».
Quant à l’absence de révision des statuts de la CCISM, dont tout le monde a constaté qu’ils étaient datés et imprécis sur les questions électorales, Stéphane Chin-Loy renvoie cette fois vers le Pays. « On est régi par un arrêté CM, et les services qui pourraient lancer un changement, ce sont bien ceux du gouvernement ». Mode de scrutin, organisation, commission de contrôle ou vote dématérialisé… Pendant les dernières mandatures, le gouvernement aurait ainsi « plusieurs fois » lancé des projets, mais ils n’auraient « jamais abouti ».
Les concurrents « qui faisaient du rentre-dedans aux électeurs »
Mais surtout le chef de file des « entreprises réunies » – liste créditée d’environ 1200 voix sur 3900 le 27 juin – se tourne vers ses accusateurs. « Nos challengers veulent se donner le beau rôle, mais il y a des limites il faut pas dire n’importe quoi », s’agace-t-il. Parmi les « problèmes graves » constatés par la commission électorale, il y avait aussi, rappelle-t-il, « les représentants des listes concurrentes qui faisaient du rentre-dedans aux électeurs jusque dans les bureaux ». Ou encore des « candidats qui ont pris part », de leur initiative et en dehors de toutes les règles, aux opérations de vote. Alors que Jean-Paul Tuaiva s’interrogeait, dimanche, sur le bénéficiaire de l’invalidation des résultats, pointant en creux dans la direction du perdant, Stéphane Chin Loy estime au contraire que sa liste est la seule à ne pas avoir fauté le 27 juin. Et il s’interroge, à son tour, sur les destinataires des « votes supplémentaires » – c’est à dire des enveloppes en trop par rapport aux listes d’émargement – qui ont été enregistrés dans certains bureaux. Même les électeurs qui « n’ont pas pu voter », selon lui, étaient plutôt de son camp : la liste CCISM 2028 et ses « listings bien préparés » était mieux organisée pour orienter ses troupes.
Aucun doute pour celui qui briguait – et brigue toujours – un troisième mandat, ses concurrents « ont profité » de cette désorganisation. « Nous on a absolument pas participé à quoi que ce soit qui aurait perturbé le bon déroulement de ces élections, et c’est nous qui en avons subi les conséquences ». Nul doute que l’affirmation fera bondir chez les candidats adverses. Mais Stéphane Chin Loy, Kelly Asin Moux et Jean-Paul Tuaiva convergent tout de même sur un point : les trois têtes de liste appellent le ministre des Finances, qui a la tutelle de la chambre, a « prendre les bonnes décisions » sur la suite. La relance complète d’un scrutin est plus que jamais une possibilité : « mais il faut se le dire, ça prendra du temps », explique le président sortant.