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Ce qu’il faut retenir du débat de la 1ère circonscription

Présence et influence à l’Assemblée nationale, retour, ou non, de la réserve parlementaire, consigne de vote au second tour… Les candidats aux législatives dans 1ère circonscription, Jacky Bryant (Heiura-Les Verts), Moerani Frébault (Amui Tatou), James Heaux (Te Nati-RN) et Tematai Le Gayic (Tavini), ont débattu sur le plateau de Radio 1

  • Assiduité : Moerani Frébault veut déménager à Paris, Tematai Le Gayic ne souhaite « pas se couper » de sa circonscription

Sur leurs ambitions en termes de temps de présence à l’Assemblée nationale, tous les candidats n’ont pas la même vision. Pour Moerani Frébault « la question est réglée ». S’il l’emporte, il déménagera à Paris, « pour pouvoir porter au mieux les dossiers et y être le plus souvent présent ». Des retours au pays seront bien évidemment à son agenda, mais « uniquement pour rencontrer les électeurs, les associations, les syndicats, les tavana qui nous auront fait confiance, pour m’assurer que je porte bien les sujets qui ont leur priorité et pour leur rendre des comptes, tout simplement ». Ce choix de vie entrainera forcément de décisions familiales : « je pense que ma compagne va devoir faire ce sacrifice ».

« Effectivement, pour un député, je pense que la première chose à respecter, c’est d’être présent », abonde le candidat Te Nati-RN James Heaux. Il prend l’exemple de Maina Sage, élue entre 2017 et 2022, qu’on « ne voyait pas souvent en Polynésie, c’est vrai », mais « qui était performante à Paris ». « Les chiffres le prouvent, les députés les plus performants sont ceux qui sont présents à l’Assemblée nationale », poursuit le journaliste, qui salue au passage « le bon bilan » de Mereana Reid-Arbelot ces derniers mois, « parce qu’elle était présente à l’Assemblée ».

À gauche, on penche plus sur une présence stratégique à Paris, en fonction de l’importance des dossiers à traiter. « Il y a une nécessité d’une présence dans le cadre des travaux de l’Assemblée nationale, dans un certain nombre de commissions », estime Jacky Bryant. Mais, tempère-t-il, « il faut que le lien avec le fenua soit un lien qui ne laisse pas l’idée qu’on nous a oubliés ». Il prend notamment l’exemple de « l’assiduité des écologistes au Parlement européen, ils sont dans le haut du classement mais n’ont eu aucun résultat électoral par la suite, donc ça veut dire qu’il y a eu une absence » auprès des électeurs. Où tout simplement que leurs travaux, aussi exhaustifs soient-ils, n’ont pas convaincu.

Même opinion pour Tematai Le Gayic, la petite pique en plus : « il ne faut pas faire de populisme avec ce genre de choses ». Après avoir siégé deux ans au Palais Bourbon, le jeune élu rejoint Jacky Bryant. « Il faut être performant, être présents lors du budget outre-mer, lors des grandes orientations qui concernent l’outre-mer. Nous ne sommes pas élus pour aller décider du chasse-neige en Auvergne, mais pour des dossiers polynésiens, et à la limite, des sujets qui concernent notre groupe parlementaire, par ce que c’est aussi une question de solidarité à l’intérieur du parlement », ce qui permet ensuite aux élus ultramarins d’avoir le soutien de leurs collègues de la Nupes au moment d’évoquer des dossiers comme le budget des outre-mer.

Pour le candidat du Tavini, « il ne faut pas se couper de notre circonscription » pour rester sous les ors de la République. « Ce n’est pas en faisant un mois à Paris et trois jours sur la Polynésie qu’on va réussir à aller dans l’ensemble de la circonscription ». « Les Polynésiens veulent qu’on travaille sur des dossiers Polynésiens, et il n’y en a pas tous les quatre matins à l’Assemblée nationale », résume-t-il.

  • Bien s’entourer, et l’importance de l’ordre des choses

Les candidats ont ensuite été questionnés sur leur connaissance du processus législatif, les collaborateurs qu’ils souhaitent engager, puisque tous, sauf Tematai Le Gayic, n’ont pas d’expérience à l’Assemblée nationale. Moerani Frébault juge qu’il faudra, « évidemment s’entourer de personnes de différents horizons, des juristes et plusieurs spécialistes, pour nous aider à élaborer les textes pour le Pays ». Il fait aussi valoir ses diplômes en administration publique et en droit public, ce qui lui permettra d’être « opérationnel » rapidement à l’Assemblée.

James Heaux, lui, veut s’appuyer non pas sur sa profession, mais sur sa « petite expérience au sein de l’assemblée de la Polynésie » tout en étant conscient qu’il s’agit d’un échelle « beaucoup plus grande, puisqu’on parle de la constitution, ou de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». « Ce sont des textes nouveaux pour moi, qu’il faudra travailler, mais effectivement, il faut des spécialistes juridiques pour nous accompagner dans ce travail législatif », ajoute-t-il.

Pour Jacky Bryant, « un pêcheur qui arrive à l’Assemblée, il n’a pas la capacité de pouvoir réfléchir à toutes les problématiques. En revanche, il a une vision du secteur primaire. Donc, on n’a pas besoin d’avoir un haut niveau », juge le candidat Heirua-Les Verts. En rappelant son expérience au gouvernement, il explique l’importance de bien s’entourer. « On désigne un directeur de cabinet, on prend un chef de cabinet, on s’entoure de techniciens », enchaîne celui pour qui « il faut être entouré par des gens qui ont des compétences, mais ne pas s’affirmer comme étant le point central de cette compétence-là ».

Enfin, Tematai Le Gayic sort son calendrier et ses deux ans d’expérience pour répondre : « Lorsqu’on siège à l’Assemblée nationale, il y a trois priorités. Il faut choisir rapidement la commission dans laquelle nous souhaitons siéger. Moi, je souhaite siéger dans la commission des finances (dont il était déjà membre, ndr). Il faut rapidement trouver son groupe parlementaire. On sera dans le groupe du nouveau Front populaire et il faut rapidement embaucher son cabinet parlementaire ». Il mise pour cela sur la jeunesse du pays, « pour faire monter en compétence le jeune Polynésien, pour qu’il puisse avoir d’autres perspectives ». Mais l’ordre à son importance pour l’élu Tavini, « par ce qu’on choisit ses équipes en fonction du travail qu’on va faire ».

  • Les candidats s’accordent pour un retour de la réserve parlementaire

Après l’assiduité et leur équipe, les candidats ont été invités à débattre sur une question pécuniaire, celle de la réserve parlementaire. En vigueur jusqu’en 2018, elle permettait aux élus de subventionner des associations de leur circonscription, à hauteur de 15,5 millions de francs, en moyenne, par mandature. Avant d’être abolie pour cause d’abus, dont ceux de Jean-Paul Tuaiva, condamné en 2016 pour détournements de fonds publics.

Pour Moerani Frébault, il faut la réinstaurer. « C’est assez important pour les élus parlementaires que de garder ce contact-là avec la base, avec les associations, avec les petites communes », justifie-t-il. Selon lui, des garde-fous peuvent être mis en place. James Heaux en dit plus, proposant « que la liste des bénéficiaires et le montant soient rendus publics, ce qui avait déjà été initié avant qu’elle soit abolie ». Il plaide aussi pour « une réserve parlementaire locale ». Jacky Bryant estime de son côté que les fonds doivent être orientés vers des associations dont les causes justifient cette aide, avec « un montant bien défini, sur cinq ans », comme « la lutte contre le cancer, la Croix-Rouge ou le Tota Tour ».

Tematai Le Gayic rappelle de son côté que « le budget consacré à cette ancienne réserve parlementaire existe toujours » via le Fonds de développement de la vie associative, contrôlé par les préfectures et haut-commissariats. « Le montant global a un peu diminué, mais le principe est le même. Là où il y a une différence, c’est qu’avant, ce sont les députés qui allaient chercher les associations. Aujourd’hui, c’est le Haut-commissariat qui décide lui-même des associations qui en bénéficient et nous, on vient et on vote ou pas les crédits alloués à ces associations », développe le député sortant. Il se dit « favorable au retour de la réserve parlementaire », mais tient à en laisser le contrôle au Haut-commissariat, tout en laissant le député « être force de proposition des associations qui puissent en bénéficier ».

  • Tematai le Gayic joue sur son réseau, James Heaux mise sur une majorité RN

Enfin, les quatre candidats ont eu à répondre sur la question de l’influence qu’ils pensent pouvoir avoir dans les travées de l’Assemblée nationale et à Paris. Tematai le Gayic parle d’une facilité, grâce à « l’union de l’ensemble des députés d’Outre-mer, à aller rencontrer l’ensemble des ministères, car on y va en force, sans travailler de territoire en territoire, mais en travaillant sur des thématiques globales ». Il met aussi en avant son réseau parmi « des préfets, des sous-préfets, des administrateurs qui, demain, vont être à Bercy, vont être à Beauvau, vont être à la DGEOM », de par son expérience en tant que rapporteur de la mission Outre-mers. Moerani Frébault compte, lui, s’appuyer sur les réseaux tissés au fil du temps par les différents élus autonomistes. Mais il attend « de voir la reconfiguration de l’Assemblée nationale » pour se positionner dans tel ou tel groupe, « pour travailler dans l’intérêt de la Polynésie ». De son côté, James Heaux ne cite pas les parlementaires RN, qui devraient retourner en force à l’Assemblée, mais plutôt Marine Le Pen. « C’est une femme qui aime la Polynésie française. Donc, de ce côté-là, je ne suis pas inquiet », assure-t-il. Il s’inspire du passé : « La Polynésie a tout obtenu de l’État quand Gaston Flosse était un grand ami avec Jacques Chirac. Là, avec le Rassemblement national, en étant en position de force, en étant ministre pour les gouvernements, donc je pense que ça sera beaucoup plus facile pour moi de porter les projets de la Polynésie ».

Quant à la question du soutien à apporter au second tour en cas de défaite au premier, le Te-Nati-RN n’a « pas encore étudié la question », attendant les résultats de samedi. Pour Jacky Bryant, « la position des Verts, elle a toujours été très claire. On siège à gauche, on siège avec des parties de gauche et on refuse l’arrivée de l’extrême-droite aux responsabilités ».

Les débats vont s’enchainer sur notre antenne. Demain, mercredi 26 juin, place à la 3e circonscription, à partir de 11h30.

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