ACTUS LOCALESPOLITIQUE À Fare ute, un centre d’hébergement des SDF « rustique, mais nécessaire » Charlie Réné 2024-12-25 25 Déc 2024 Charlie Réné Le Pays a inauguré son centre d’hébergement des SDF dans un ancien hangar de l’armée à Fare Ute. Un centre avec des équipements sommaires qui doit permettre à tous, y compris les sans-abris en couple ou avec des chiens, de trouver un toit, un lit de camp, un repas par jour, et un accès aux dispositifs de réinsertion. Difficile toutefois de considérer les box en contreplaqué comme des équipements pérennes : la construction d’un « village éco-solidaire » est toujours en réflexion. En attendant, la mairie de Papeete, qui prête le site au Pays, compte bien profiter de cette ouverture pour hausser le ton sur les SDF « qui posent des problèmes de salubrité » au centre-ville. Dans le hangar un brin rouillé, à l’arrière de la base navale, des box en contreplaqué ont été montés pour accueillir, chacun, deux ou trois lits de camp, sans autres équipements. De part et d’autre et d’autre de ce vaste dortoir, une enfilade de cabines de douche sommaires, et elles aussi en contreplaqué, et un réfectoire avec de grandes tables, des chaises, et des locaux techniques attenants. Voilà comment s’organise le nouveau centre d’hébergement des SDF Te Pu Tu Ora qui a ouvert mardi soir, pour le réveillon de Noël, à Fare Ute, sur un ancien site de l’armée transféré grâce au CRSD à la mairie de Papeete. Il désormais loué au Pays et géré par l’association Te Torea qui avait déjà ouvert, avec la mairie, un centre d’hébergement sous tente après le Covid à quelques mètres de là, près du pont de Motu Uta. Ouvert à tous, y compris les couples, familles, et chiens « C’est rustique, mais c’est nécessaire », comment le président du Pays Moetai Brotherson, après sa visite, à l’occasion de l’inauguration et du repas de réveillon offert sur place aux sans-abris. Chantal Minarii Galenon, qui a piloté le projet de centre, un temps destiné à Vaniniore, et dont elle avait promis qu’il ouvrirait quoiqu’il arrive ses portes avant Noël, se dit avant tout « soulagée ». « Dieu merci, c’est ouvert, lâche la vice-présidente en charge des Solidarités. Je veux vraiment remercier les personnes des associations, parce qu’il y a des sans-abris qui sont venus aider temporairement à l’aménagement, et du fond du cœur je souhaite qu’ils viennent, qu’ils sachent qu’ici c’est un milieu où ils sont protégés, où ils seront à l’abri de la pluie, et puis aussi à l’abri des agressions, parce qu’il y a quand même beaucoup d’actes de violences dans les rues ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/12/SDF-1-galenon.wav Le site qui peut accueillir à l’heure actuelle 80 personnes, mais qui peut encore être étendu, a été pensé pour gommer certaines réticences des sans-abris à fréquenter les centres d’hébergement. Il peut ainsi accueillir les familles, les couples – des box spéciaux sont en cours d’aménagement – et les chiens, refusés dans beaucoup d’autres structures d’urgence. Pas de conditions – si ce n’est le respect « des lieux et et des autres » – pour venir y dormir, manger un repas par jour ou y passer du temps en journée. Mais les membres du gouvernement, comme les « partenaires » de l’État et de la mairie, assurent qu’il ne s’agit pas seulement de « donner un toit », mais de pouvoir « suivre » ceux, parmi les plus 700 sans-abris de Polynésie habitant pour la plupart la zone urbaine, qui choisiront de venir. « Il y a tout un ensemble de mesures pour l’accès au travail, à la formation, pour le tutorat, qui peuvent leur être proposés ici », commente la ministre du Travail Vannina Crolas qui se félicite que 20 des 30 premiers bénéficiaires du programme de réinsertion des SDF lancé l’année dernière aient « déjà trouvé un CDI ». « Notre objectif, ça n’est pas de garder ces personnes, mais de les préparer à l’autonomie », complètent les responsables de Te Torea. Opération « place nette » au centre-ville ? Malgré l’existence d’autres centres d’accueil – de jour, avec l’accueil Te Vaiete et son nouveau centre de Mamao ; ou de nuit, avec les différents foyers d’associations caritatives, souvent de petite taille – l’ouverture de cette structure du Pays est considéré comme une « avancée majeure » par les autorités, qui avaient essuyé plusieurs refus sur leur tentative d’ouverture ces dernières années, notamment à Pirae. La mairie se dit elle-même très satisfaite. Papeete perd certes dans l’affaire l’usage temporaire d’un hangar qui avait été promis, dans le CRSD, à la destruction complète pour faire la place à une zone d’activité. Le projet sera retardé peut-être retravaillé, ce qui n’empêchera pas le chantier de la marina qui doit être construite de l’autre côté du site d’être mené dès 2025. Mais ce centre va permettre aux autorités communales de « réorienter » une partie des SDF installés dans le centre-ville. Le secrétaire général de la mairie Rémy Brillant n’hésite pas à faire la comparaison avec les opérations « places nettes » menées avant la JO par les forces de l’ordre dans la lutte contre la délinquance. « Aujourd’hui on a cette solution-là, donc effectivement, on va peut-être le dire un peu plus fortement, insister, pour qu’ils puissent venir là, explique le responsable. C’est vrai qu’ils sont libres, mais en même temps, c’est pas idéal, ni pour eux, ni pour personne, qu’ils restent dans le centre-ville à occuper les trottoirs. Ils ne sont pas forcément dangereux, mais il y a toujours un petit sentiment d’insécurité, et puis surtout il y a un problème d’insalubrité. Les sans-abris font leurs besoins dans la rue, ils ont des chiens… Il faut quelque part un centre d’accueil qui soit adapté. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/12/SDF-3-remy-brillant.wav Deux à quatre ans pour construire un centre pérenne Mais difficile, vu les équipements, de considérer ce centre soit « adapté » au très long terme, et qu’il puisse être considéré comme la structure pérenne promise par le gouvernement. Minarii Galenon continue de parler de la création d’un « village éco-solidaire » dont les contours ou le positionnement restent à préciser. « Il y a un projet, maintenant la problématique, c’est celle du foncier, des structures, reprend Moetai Brotherson. Ici on a un contrat de deux ans renouvelables avec la commune de Papeete. On remercie au passage tavana Michel Buillard. Ça nous laisse le temps de trouver une structure adaptée qui devra être une structure pérenne ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/12/SDF-2-moetai.wav Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)