Invité de la rédaction de Radio1 ce jeudi, le président du Tapura Huiraatira Édouard Fritch dit son inquiétude sur l’avenir proche. Il estime que c’est Tony Géros qui est aujourd’hui maître du jeu, et que les dissensions au sein du Tavini entre l’assemblée et un président du gouvernement qui veut « consolider son ego » marquent « le début de l’instabilité », sur fond de stagnation économique.
« Difficile de tirer un bilan » des premiers mois du gouvernement Brotherson, dit Édouard Fritch, même si « il y a beaucoup d’annonces qu’on a envie de croire ». Mais l’ex président du Pays se dit inquiet sur l’administration du Pays, dit-il, citant le limogeage du directeur de l’IJSPF Ariitea Bernadino : « Nous sommes aujourd’hui à près d’une trentaine de chefs de service qui valsent. Je pense qu’aujourd’hui, l’administration ne comprend plus. »
« Le début de l’instabilité »
Inquiet encore sur l’ambiance à l’assemblée. Pour Édouard Fritch, ce que le Tavini présente comme un robuste débat au sein de la majorité n’en est pas un, « c’est une guerre », et « le début de l’instabilité ».
« C’est Géros qui est à la direction du Pays »
Édouard Fritch prédisait en avril dernier que si le Tavini remportait les élections, Oscar Temaru dirigerait le Pays. Aujourd’hui il dit que le président du Tavini apparait comme un « modérateur », mais que « c’est Géros qui a les manettes. »
Demandes d’évolutions institutionnelles de Moetai Brotherson : « C’est pour consolider son ego »
Alors que de nouvelles missions sur l’avenir institutionnel des Outre-mer vont consulter les élus polynésiens avant d’éventuelles modifications en 2025, Édouard Fritch estime le statut satisfaisant, hormis peut-être sur la latitude de la Polynésie française dans ses relations extérieures avec nos voisins du Pacifique. Sur l’adhésion à l’OMS ou la FAO, évoquée par le président Brotherson, il estime que la Polynésie est déjà entendue dans ces instances internationales : « On n’a pas besoin… tout ça c’est pour justifier le fait qu’il faut être indépendant. » Et à la question de savoir si la demande de Moetai Brotherson d’une élection du président du Pays au suffrage universel pourrait consolider sa position face à l’assemblée, il répond : « c’est pour consolider son ego. Ce qu’il faut qu’on fasse, c’est qu’on se batte pour remplir à fond notre rôle de pays autonome. »
Économie : « On n’a pas avancé d’un iota »
Mais après l’adoption du budget, l’ancien président du gouvernement considère « qu’on n’a pas avancé d’un iota », ni sur la cherté de la vie, ni sur la création d’emploi. Il cite à ce titre les grands projets comme le Village tahitien, la réorientation de la défiscalisation, ou la commande publique dont les entrepreneurs se plaignent malgré les déclarations de Moetai Brotherson selon lesquelles les carnets de commande sont pleins. « Je ne suis pas étonné qu’ils disent le contraire », dit Édouard Fritch.
Arrivée de Google en Polynésie : un danger pour l’OPT
Sur le débarquement en force de Google au fenua, annoncé par Moetai Brotherson sur notre antenne, Édouard Fritch, là aussi, est méfiant, et met le géant américain sur le même plan que Huawei en termes de sécurité numérique.