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Cette « taxe rose » qui touche les produits féminins

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ENQUÊTE E1 – Les femmes paient plus cher les produits du quotidien que les hommes, dénoncent les militantes féministes. Le gouvernement compte lancer une étude sur cette « woman tax » ou « taxe rose ».

La « woman tax », appelée aussi « fémini-taxe » ou « taxe rose », vous connaissez ? Si vous êtes une femme, vous en subissez les conséquences sans, peut-être, même en avoir entendu parler… Elle désigne un phénomène méconnu : le fait de payer plus cher le même produit du quotidien parce que l’on est une femme… Alors qu’un collectif féministe français dénonce cette injustice, pétition à l’appui, le gouvernement va lancer une étude pour faire un état des lieux.

Un même produit… deux fois plus cher. Pour prouver que les femmes payent plus cher que les hommes des produits identiques, le collectif féministe Georgette Sand a arpenté les rayons des Monoprix, calculette et appareil photo à la main. Les militantes ont ainsi constaté qu’acheter un rasoir au rayon « beauté » revenait deux fois plus cher à une femme et ce alors que seul l’emballage – bleu ou rose – changeait.

Le même constat a été fait pour les déodorants Narta et les brosses à dents Sanogyl plus grandes pour les hommes… mais moins cher de 16 centimes. Les Georgette Sand au créneau. Une pétition « Stop aux produits plus chers pour les femmes ! » adressée à Monoprix a été lancée par le collectif. Mise en ligne il y a une semaine, elle a déjà recueilli près de 20.000 signatures. La réponse de Monoprix. La chaîne Monoprix a répliqué que « l’écart de prix entre les références pour les femmes et les hommes s’explique par les caractéristiques intrinsèques des produits ainsi que par les volumes de vente ». Pour le rasoir féminin, par exemple, la composition coûterait un peu plus cher et « les volumes de vente largement supérieurs pour les hommes permettent un prix d’achat inférieur », rapporte Le Parisien.

Idem pour les prestations. Ces différences de prix hommes-femmes ne se limitent pas aux produits de consommation. Dans les salons de coiffure, par exemple, les femmes le savent bien : une coupe pour femme cheveux courts coûte en général deux fois plus cher que la version pour homme. Même constat dans les pressings : nettoyer une chemise pour monsieur sera toujours moins cher de quelques euros qu’un chemisier pour madame.

Pourquoi de tels écarts ? Aux Etats-Unis, des études scientifiques ont prouvé la réalité du phénomène et le calcul a été fait : la « women tax » coûterait aux femmes environ 1.000 euros par an. Comment expliquer tous ces écarts de prix ? Géraldine Franck, membre du collectif Georgette Sand, a une hypothèse : « il y a une injonction qui est faite au corps des femmes qui est bien plus importante que celle qui est faite au corps des hommes. De ce fait, les femmes sont prêtes à accepter un budget plus important pour tout ce qui relève des soins », analyse-t-elle.

Le gouvernement planche. Le gouvernement a décidé de se pencher sur la question en mesurant l’ampleur du phénomène. La secrétaire d’Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, et la secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’artisanat et de la consommation, Carole Delga, comptent lancer une étude tous azimuts sur le prix des produits et services : des prêts bancaires aux assurances en passant par les prestations chez les garagistes.