ACTUS LOCALESPOLITIQUE Chez les autonomistes, « On a tous nos ambitions, c’est ça le problème » Charlie Réné 2025-01-26 26 Jan 2025 Charlie Réné Le député Moerani Frebault a animé, samedi, un « point d’étape » de son mandat débuté il y a un peu plus de six mois. L’occasion de réunir les différentes factions autonomistes, et de marteler, avec les chefs de partis, un discours d’unité : face au Tavini, « on ne gagnera pas si on est divisé ». Un message avant tout tourné vers les municipales de mars 2026, pour lesquelles le grand défi des listes communes autonomistes est lancé, mais aussi vers les législatives anticipées qui pourraient avoir lieu dès le mois de juillet. « La famille au complet », ou presque, ce samedi au complexe de l’OPT à Pirae. Entre les tables en rouge, orange ou vert, on croise Édouard Fritch et plusieurs de ses anciens ministres, Teva Rohfritsch, tout juste revenu de Paris, un peu plus tard Nicole Sanquer. Gaston Flosse s’est fait officiellement excusé, Bruno Sandras a « des lieutenants dans la salle », mais n’est pas non plus du déjeuner, précise Moerani Frebault, maître de cérémonie puisqu’il est à l’origine de ce « point d’étape du mandat » destiné à réunir « les militants de terrain de tous les partis non-indépendantistes qui s’étaient mobilisés » pour le faire élire dans la première circonscription voilà un peu plus de six mois. Six mois durant lesquels l’activité parlementaire a été « entravée », par la crise politique parisienne. Devant les 200 convives, le parlementaire liste tout de même les travaux menés au Palais Bourbon, dont de multiples amendements au projet de loi de finances 2025, finalement rejeté par l’assemblée. « Pas des efforts pour rien », assure l’élu marquisien, qui croit savoir que ses propositions concernant la vie chère, la continuité territoriale, ou la défisc’ d’État « ont porté » jusqu’au nouvel exécutif de François Bayrou. Il ne manque pas de le noter : la moitié des nouveaux ministres sont issus du groupe Ensemble pour la République dont il fait partie. Car si en métropole, « tout le monde se bat » pour défendre les intérêts du Pays, lui dit pouvoir faire la différence « de l’intérieur » du « bloc centriste ». « On a en face des élus qui destituent les gouvernements à la moindre occasion, et qui en même temps espèrent obtenir des choses concrètes pour le Pays, pointe le soutien du président Emmanuel Macron, à l’adresse de sa collègue Tavini Mereana Reid-Arbelot, seule députée polynésienne à avoir voté la censure du gouvernement précédent. On a clairement pas les mêmes stratégies, et on verra lesquelles payent au final ». Si Moerani Frebault prend soin de marquer les camps, c’est que le discours est avant tout tourné vers l’avenir. Et l’avenir électoral en particulier. « On ne raisonne plus en termes de partis, on est avec tout le monde » Deux jours plus tôt, le Tapura, parti d’où le député est issu, avait déjà fixé le leitmotiv en conseil politique : l’union des autonomistes pour les municipales de mars 2026. Le message est donc de nouveau martelé, ce samedi devant ces militants réunis en juin dernier sous la bannière rose du Amui Tatou : les derniers scrutins ont prouvé que face au Tavini, « on ne gagnera pas si on est divisé ». « On ne raisonne plus en termes de partis, on est avec tout le monde, on a quasiment tous les leaders qui sont là, insiste le député à l’honneur ce samedi. On travaille pour le développement de notre pays, en bonne intelligence avec la France parce que c’est comme ça qu’on y arrivera. Je ne pense pas qu’on puisse se permettre le luxe d’avoir des combats et des revendications qui vont nous isoler encore plus dans le Pacifique et le monde en général. Il faut faire au mieux avec tout ce qu’on a et surtout pas qu’on parte dans des revendications idéologiques stériles ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/AUTONOMISTES-1-moerani-tous-ensemble.wav Pas « d’idéologie stérile » – celle des indépendantistes, dans la bouche de ce partisan du maintien dans la France – et pas de « dysfonctionnements » destructeurs ajoute le député devant la salle des fêtes de l’OPT. Une référence à l’échec – à un peu plus de 500 voix près – à reconquérir la troisième circonscription aux dernières législatives anticipées, entre autres à cause des soutiens discordants des élus autonomistes des Raromatai. Cette fois, pas le droit aux « errances » : il faut des listes communes autonomistes en 2026, soutenues « par tout le monde », pour « assurer les meilleures chances de victoires ». Édouard Fritch prêt à « sensibiliser », et a prévenir ses tavana Mais quand il s’agit de faire des listes, il faut bien recommencer à raisonner « en termes de partis ». Et les yeux se tournent avant tout vers le Tapura et sa quarantaine de tavana élus en 2020. Le parti acceptera-t-il des sacrifices pour faire de la place aux candidats de A here ia porinetia, de Ia ora te nuna’a (Teva Rohfritsch), du Amuitahira’a (Bruno Sandras) ou du Taho’e Tatou (Pascale et Gaston Flosse), tous représentés ce samedi ? C’est bien l’idée répond Édouard Fritch. Mais « le gros paramètres, ce sont les hommes, on a tous notre égo et nos ambitions, c’est ça qui pose problème », reconnait le chef de file des rouge. Il faudra donc convaincre les tavana et leurs protégés : « Il faudra que j’aille les sensibiliser. Mais il y a quelque chose d’incontournable en politique, ce sont les chiffre. Lorsque vous avez perdu deux fois, trois fois de suite dans votre commune, malgré l’appui d’un parti majoritaire, c’est que vous avez un problème, détaille l’ancien président du Pays. Vous avez des orientations sur les communes ou nous devrions effectivement nous battre pour garder la direction de la commune, mais il y a des communes où il faudra qu’on ouvre la discussion avec d’autres ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/EDOUAR-CONSEIL-MUNICIPAUX.wav Avant de régler avec les « partenaires » le mode opératoire de formation des listes communes, le Tapura compte donc résoudre certaines « dissensions internes ». Avec la carotte de bons résultats, mais quitte à utiliser le bâton : « Je n’impliquerai pas le Tapura Huiraatira dans les communes qui ne veulent pas faire d’efforts, précise Édouard Fritch. Ils iront par leurs propres moyens ». « On espère qu’il n’y aura pas de dissolution mais… » Moerani Frebault, qui a dirigé pendant quatre ans les services de la mairie de sa mère, à Hiva Oa entend lui aussi jouer un rôle de « soutien », de « conseil » dans cette préparation. Mais le député interpelle aussi sur un autre scrutin qui pourrait arriver avant les municipales : de nouvelles législatives anticipées. « On espère qu’il n’y aura pas de dissolution mais c’est vrai que dans ce mandat là, on est dans une configuration particulière. En principe on est censé avoir cinq pour dérouler les actions, le bilan, la communication. On est obligé de faire un peu tout en même temps, c’est le contexte qui le veut, regrette l’autonomiste. La possibilité légale, ça serait de repartir aux élections à partir du 8 juillet. À titre personnel, je ne pense pas qu’on aille vers une dissolution, mais ça reste important de faire circuler l’information ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/MOERANI-DISSOLUTION.wav Là non plus, pas de plan de bataille encore déjà acté si l’Élysée, devant un blocage politique, se décidait à renouveler encore l’Assemblée nationale. Mais Édouard Fritch estime que la question serait « plus facile » à régler que celle des municipales : « vraisemblablement nous reconduirons les mêmes candidats, même s’il faudra qu’on rediscute sur la trois ». La troisième circonscription avait été remportée en juillet par la candidate Tavini Mereana Reid-Arbelot devant Pascale Haiti-Flosse, qui n’était alors pas soutenue par tous les maires autonomistes des Raromatai. Et qui est toujours en attente d’une cassation ou d’une confirmation de sa peine de trois ans d’inéligibilité qui pourrait l’écarter des prochains scrutins en même temps que de Tarahoi. La question de cette candidature, aux côtés de celle de Nicole Sanquer dans la deuxième circonscription et de Moerani Frebault dans la troisième dépendra aussi des discussions entre les militants de l’ex Taohera’a, tiraillés depuis septembre entre Bruno Sandras qui a pris la présidence du Amuitahira’a et le couple Pascale et Gaston Flosse, qui ont lancé en réponse leur nouvelle structure, le Taho’e Tatou. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)