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CHPF : 13 chefs de service posent leur démission, le ministre la refuse

Treize des 26 chefs de service du CHPF qui menaçaient de démissionner collectivement ont, effectivement, déposé leur démission sur le bureau du ministre de la Santé, jeudi soir. Démission qui a bien sûr été refusée. Après le collectif budgétaire adopté vendredi dernier qui rajoutait plus de 1,8 milliard au fonctionnement de l’hôpital de Taaone, le prochain collectif attendu fin juin devrait apporter 700 millions de plus en investissement.

Il y a deux semaines, les 26 chefs de service disaient être prêts à poser collectivement leur démission s’ils n’obtenaient pas les moyens humains et financiers dont ils ont besoin. Depuis, le collectif budgétaire adopté par l’assemblée le 24 mai a apporté à l’hôpital de Taaone 1,7 milliard de Fcfp en fonctionnement, qui permet de couvrir les rémunérations en CDD jusqu’à la fin de l’année, et 150 millions de Fcfp pour moderniser le service des urgences.

Mais jeudi, le ministre de la Santé, qui nomme les chefs de service en tant que président du conseil d’administration de l’hôpital de Taaone, a été destinataire d’un courrier de démission de 13 de ces chefs de service, et de trois autres personnes. Démission qu’il a bien sûr refusée. Leur courrier se serait « croisé » avec une réponse de Moetai Brotherson à un courrier reçu par la présidence, réaffirmant les revendications des médecins : le financement pérenne des postes de nombreux personnels (15% concernent les médecins, le reste sont des infirmiers et des aides-soignants), l’achat de matériel, et la tête de la directrice du CHPF Claude Panero.

Selon nos informations, le gouvernement estime avoir répondu à ces demandes, du moins sur le plan financier, et si l’on met de côté le terme « pérenne » – qui implique, rappelle-t-on, que les concours annoncés par la ministre Vannina Crolas sur notre antenne mercredi soient effectivement organisés avant la fin de l’année – non seulement par le collectif budgétaire évoqué plus haut, mais aussi par le prochain collectif prévu fin juin, qui doit affecter 700 millions de Fcfp supplémentaires à l’hôpital au titre des achats de matériel. D’après le calcul du gouvernement, ces sommes ajoutées au budget primitif porteront à près de 5,5 milliards la dotation au CHPF pour l’année 2024. Ce serait « du jamais vu depuis 20 ans ».

Côté médecins, on évoque le besoin de « réponses qui ne sont pas forcément financières » et la nécessité de résorber des « rigidités administratives » comme le processus de recrutement des soignants qui ne permet pas de pallier les difficultés. « Oui, les procédures administratives sont respectées, mais il faut les changer, dit un chef de service, les délais de réponse sont affolants. On a connu un hôpital qui ‘s’arrangeait’, et ça marchait, là tout est devenu hyper compliqué. Et puis il faut prendre en compte le changement sociétal, les gens ont changé donc il faut changer, il faut s’adapter. » Mais les médecins ont a cœur de préciser que quoi qu’il arrivent ils assurent les soins aux patients. Quant à la direction de l’hôpital, les choses seraient plus compliquées : selon un proche du dossier, il n’y a plus de DRH, et un directeur administratif et financier doit partir en juillet, « difficile de tout changer tout de suite ».