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CHPF, aides à l’emploi, salaires des fonctionnaires : un collectif budgétaire de 6,25 milliards

Essentiellement consacré au fonctionnement, le premier collectif budgétaire, et sans doute le dernier de la mandature, représente une enveloppe de 6,25 milliards. La plus grosse part va résorber partiellement le déficit budgétaire du CHPF, et compléter le financement des aides à l’emploi.

Un peu tôt dans l’année – 7 semaines après l’adoption du budget primitif – mais élections obligent, le premier collectif budgétaire 2023 était débattu à l’assemblée ce jeudi. Il abonde la section de fonctionnement de 6,207 milliards de Fcfp et la section d’investissement à hauteur de 43 millions, pour un total de 6,250 milliards. Il permet principalement de financer des dépenses urgentes de la collectivité dans le secteur de la santé, au bénéfice du CHPF pour couvrir son déficit structurel, et dans le domaine de l’emploi, au bénéfice du budget des aides à l’emploi. Il abonde également deux comptes d’affectation spéciale, le Fonds de régulation des prix des hydrocarbures (FRPH)  à hauteur de 244 millions et le Fonds pour la protection sociale universelle (FPSU) créé l’an dernier et alimenté par la « TVA sociale » , à hauteur de 176 millions. Autre poste budgétaire important, le réajustement mécanique du point d’indice des fonctionnaires et du barême ANFA à compter du 1er mars rajoute 720 millions de Francs à la masse salariale du Pays.

« Vous thésaurisez sur le dos des Polynésiens »

Sans surprise, aucun des groupes d’opposition n’a résisté à la tentation d’accuser à nouveau le gouvernement de faire campagne sur fonds publics. A Here ia Porinetia lui reproche de ne « toujours pas faire d’efforts de réduction des dépenses », Teva Rohfritsch de ne pas baisser les taxes alors que les réserves financières du Pays, qu’il qualifie de « trésor de guerre » du Tapura, atteignent 21 milliards grâce aux recettes fiscales sur les importations touchées par l’inflation : « Il y a un problème de cherté de la vie, et vous thésaurisez sur le dos des Polynésiens. » Côté santé, Nicole Bouteau fustige la portion congrue consacrée à la prévention, notamment la prévention des addictions ; regardant du côté de Nicole Sanquer, elle a marqué son opposition à la légalisation du cannabis et « l’irresponsabilité de ceux qui portent ça. » Elle a aussi critiqué la fiscalité sur les PPN, qui « maintiennent notre population dans une alimentation qui n’est pas bonne ».

« Il ne faut pas se faire d’illusions », ni sur les déserts médicaux, ni sur l’augmentation des dépenses de santé, dit Jacques Raynal

Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, a défendu son secteur, mais pour lui, même avec une politique de prévention plus forte, c’est trop tard : « Il ne faut pas se faire d’illusions : les dépenses de santé vont augmenter pendant quelques années encore » et ne commenceront pas à diminuer « avant une dizaine d’années au moins. » Et il ne faut pas se faire d’illusions non plus sur les déserts médicaux dans les îles éloignées, dit-il. Quelques futurs médecins originaires de Polynésie seront peut-être disponibles d’ici 4 à 5 ans, et le gouvernement explore la possibilité de recruter des médecins diplômés de facultés en Nouvelle-Zélande ou à Fidji, mais il faudra obtenir la reconnaissance de leurs diplômes. Enfin, pour rendre les professions de santé plus attrayantes, il n’est pas contre la création d’une fonction publique hospitalière en Polynésie.

Pour ce qui concerne les aides à l’emploi, la ministre du Travail Virginie Bruant a répété qu’aucun CAE nouveau n’est accordé de janvier à la date des élections, et que la rallonge budgétaire ne servirait qu’à financer ceux qui ont été renouvelés avant la fin 2022. Etienne Tehaamoana, qui a rejoint A Here ia Porinetia, a exprimé sa désillusion, qui pourrait préfigurer un point du programme de son nouveau parti : « Il faut arrêter les CAE aux collectivités ! Il n’y a pas de formation, ils ramassent les feuilles ! Moi j’ai voté pour autrefois et je n’ai jamais eu de CAE. Pour en avoir, il faut être de la bonne couleur. »

Au final la délibération sur le budget général a été adoptée avec 51 voix pour et 4 abstentions, celle sur les fonds spéciaux à l’unanimité.

 

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Journal de 7h, le 24/02/2023

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