Selon La Montagne, un conseiller municipal a été l’auteur d’une fusillade mortelle en 1979. Le FN local confirme et se dit surpris.
Il vient d’être élu sous l’étiquette Front National. Or, le quotidien La Montagne avance vendredi des informations embarrassantes sur Eric Assad, conseiller municipal de Clermont-Ferrand. Il est l’auteur d’une fusillade mortelle en 1979. A l’époque des faits, il avait été déclaré irresponsable puis avait passé sept ans en hôpital psychiatrique, affirme le quotidien local. L’élu a, dans un premier temps, affirmé que ce n’était pas lui, qu’il s’agissait d’un homonyme. Problème : il est né le même jour, la même année, et surtout dans la même ville : Saïgon. Contacté vendredi par Europe1, Erik Fauro, le responsable FN local, assure que l’intéressé lui a lui-même confirmé ce « passage épouvantable de son existence ».
Les faits. Le 1er décembre 1979, alors infirmier psychiatrique de 24 ans, en proie à une déception amoureuse, un certain Eric Assad ouvre le feu dans les rues de Palais, tuant un étudiant en droit de 23 ans, en permission militaire sur l’île, et blessant grièvement un quinquagénaire fonctionnaire à Nantes. Un boucher de 19 ans sorti de sa boutique avait lui été blessé à coups de crosse, raconte La Montagne. Trois semaines plus tard, un rapport d’expertise médico-légale concluait que l’agresseur était « en état de démence au moment des faits ». La justice le déclarait irresponsable de ses actes et le préfet du Morbihan le faisait interner en 1980. Il sortira de l’hôpital psychiatrique en 1987, après une évasion de près d’un an, avant d’engager de nombreux recours administratifs.
« Un passage affreux de ma vie »
L’intéressé nie… Eric Assad a d’abord nié être l’auteur de ces faits auprès du journal La Montagne, renvoyant à un « homonyme ». « Ce n’est pas du tout moi », « j’étais en Grèce depuis 1978 et jusqu’en 1991 », a-t-il affirmé. La Montagne apporte une précision importante : le casier judiciaire de l’élu ne porte aucune trace de ces faits, conformément à ce que prévoit la loi quand la personne mise en cause est déclarée irresponsable et qu’elle a suivi un traitement.
… mais le FN local confirme. Contacté par Europe1, Erik Fauro, le responsable FN local, assure pourtant qu’Eric Assad lui a tout avoué. « C’est une grande surprise. On n’a pas l’habitude de côtoyer des individus qui ont perpétré de telles choses. Lorsque je l’ai eu au téléphone, il a été très clair avec moi. Il m’a dit tout de suite ‘oui, c’est un passage affreux de ma vie que je cherchais à oublier et que je vois resurgir aujourd’hui' », raconte le frontiste. « Je ne me sens pas en droit de reprocher à cet homme d’avoir voulu reconstruire sa vie et de n’avoir souffler mot à personne de ces horreurs. Tout cela est très triste », poursuit-il, parlant d’un « militant exemplaire ».
« Il aurait dû nous en parler »
Le parti de Marine Le Pen est embarrassé. Eric Assad, installé au conseil municipal vendredi dernier, figurait en troisième position sur la liste du FN à Clermont-Ferrand, qui a obtenu 10,86% des voix au second tour des municipales. Il avait précédemment été candidat aux élections cantonales en 2004 et 2011. Et aujourd’hui, il embarrasse l’ensemble du parti.
« Son affaire n’est pas déshonorante mais il aurait peut-être dû, à titre prudentiel, nous en parler », a estimé l’avocat du parti, Wallerand de Saint-Just, interrogé par La Montagne. Mais l’embarras pointe. « Si nous avions su tout cela avant de l’investir, nous aurions regardé différemment les choses », assure le conseil. « Nous ne savions rien (…) Mais c’est sûr, M. Assad aurait dû nous parler de son passé. Si nous avions su, nous lui aurions très certainement conseillé de rester dans l’ombre, de ne pas s’exposer publiquement », a déclaré pour sa part Bruno Gollnisch au journal. Il revient désormais à Marine le Pen de l’exclure, ou non, du FN.