Paris (AFP) – Le scandale avait profondément ébranlé l’institution. Le policier Jonathan Guyot, accusé d’avoir volé 52 kg de cocaïne dans les scellés de la police judiciaire à Paris, est jugé à partir de mardi avec neuf autres prévenus.
Le procès, devant le tribunal correctionnel de Paris, se tient à quelques dizaines de mètres du local ultra-sécurisé où la drogue a été volée fin juillet 2014 au mythique 36, quai des Orfèvres, sur l’Ile de la Cité, où les locaux de la police jouxtent ceux du palais de justice.
Les 48 kg de cocaïne (52 kg avec l’emballage) y étaient entrés trois semaines plus tôt, saisis dans une enquête sur un trafic. D’une valeur marchande de deux millions d’euros, cette cocaïne demeure aujourd’hui introuvable.
Accusé de ce vol inédit à la PJ, secouée par une série de scandales ces dernières années, Jonathan Guyot, 36 ans, comparaîtra notamment avec son épouse et trois autres policiers, dont son frère.
Il a toujours nié les faits. Même si sa hiérarchie l’a reconnu sur les images de vidéosurveillance (ce qu’il conteste), tout comme deux « plantons » du « 36 » qui l’ont vu dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014 rentrer avec des sacs vides et ressortir avec les mêmes sacs, pleins.
Face aux éléments à charge accumulés pendant l’enquête, le policier, en poste à la brigade des stups depuis 2010, n’a eu de cesse de se constituer des alibis et de livrer des explications « totalement extravagantes » au yeux du juge d’instruction.
Dans une note sur son téléphone portable, les enquêteurs ont trouvé le code du coffre dans lequel se trouvait la clé du local à scellés.
Jonathan Guyot est soupçonné d’avoir déposé chez deux amis d’enfance, dont l’un est également fonctionnaire de police, 400.000 euros au total.
– Soupçons sur ‘Robert’ –
L’enquête a mis en évidence de nombreux contacts entre Guyot et l’un de ses informateurs, avant et après la visite du policier au « 36 » dans la nuit du 24 au 25 juillet.
Surnommé « Robert », Farid Kharraki compte parmi les prévenus: il est soupçonné d’avoir écoulé la cocaïne, mais a nié catégoriquement son implication dans ce détournement.
Lors du récent procès du trafic qui a donné lieu à la saisie de cocaïne – où les principaux prévenus ont été condamnés à des peines allant de 7 à 13 ans de prison -, les avocats de la défense avaient demandé, en vain, que la justice cherche à déterminer si la cocaïne n’avait pas été fournie en amont par Farid Kharraki.
Un proche de Kharraki accusé d’avoir pris part à l’écoulement de la cocaïne, Moussa Bouzembrak, est en fuite et sous le coup d’un mandat d’arrêt. Il sera lui aussi jugé par le tribunal.
Le frère de Jonathan Guyot, également policier, a reconnu s’être débarrassé de 150.000 euros dans le lac de Créteil et avoir remis 50.000 euros, qui ont un temps séjourné dans un buisson sur la rive, à un homme missionné par Christophe Rocancourt, « l’escroc des stars ». Christophe Rocancourt avait lui-même été mandaté par Jonathan Guyot, son voisin de cellule à l’époque, pour récupérer l’argent.
Le brigadier, soupçonné de ne pas en être à son premier coup, est aussi renvoyé pour avoir dérobé du cannabis lors de perquisitions ou dans des scellés à partir de décembre 2013.
Le procès doit se tenir jusqu’au 17 mars.
© AFP/Archives BERTRAND GUAY
L’entrée du siège de la PJ, 36 quai des Orfèvres, le 6 août 2014 à Paris