Si le CIO n’accorde pas de « cash prize » aux vainqueurs des Jeux Olympiques, chaque nation peut choisir de le faire. Kauli Vaast, comme tous les médaillés d’or de français, gagnera donc 80 000 €, soit 9,5 millions de francs. C’est bien plus que les 2 millions de francs que peuvent rapporter les étapes des Challengers Series de la WSL, mais moins que les 11 millions des gagnants d’étape du CT, comme Vahine Fierro à la Tahiti Pro. Mais c’est surtout du côté des sponsors que ce sacre olympique pourrait rapporter gros.
L’annonce avait été faite dès l’année dernière par le gouvernement central. Pour cette édition des JO « à la maison », les primes associées aux médailles olympiques allaient être revues à la hausse. 20 000€ pour une médaille de bronze, soit 5 000 de plus qu’à Tokyo, 40 000 € pour une médaille d’argent, et 80 000 € pour une médaille d’or, là où elle ne rapportait « que » 65 000 € trois ans plus tôt. C’est donc cette somme – un peu plus de 9,5 millions de francs – que Kauli Vaast devrait toucher d’ici le mois de novembre, comme tous les autres titrés olympiques… français. Car cette prime n’est pas uniforme entre les pays.
De 0 à 85 millions de francs suivant les pays
Le CIO, qui a toujours affirmé que la rétribution des athlètes n’était pas dans l’esprit des Jeux modernes ou dans celui de Pierre de Coubertin, n’accorde rien d’autre que la gloire aux champions. Chaque état choisi ensuite, suivant sa politique sportive, le montant qu’il souhaite accorder aux médaillés de sa délégation. Certains, comme le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, et la plupart des pays nordiques, n’accordent pas de prime, préférant allouer des sommes à l’année aux athlètes sélectionnés pour leur entrainement, indépendamment de leurs résultats.
D’autres, au contraire, alignent les zéros pour encourager à la performance : 6 millions de dollars locaux, soit près de 85 millions de francs, pour une médaille d’or à Hong Kong – jackpot pour les escrimeurs Vivian Kong et Cheung Ka Long -, un million de dollars de Singapour – soit 82 millions de francs – pour les champions de la cité-état… La Turquie, la Thaïlande, Israël, l’Indonésie, le Kazakhstan ou le Maroc font aussi partie des états les plus généreux, certains associant la prime avec des rentes de représentation à vie, ou à des cadeaux sponsorisés allant d’un logement à des véhicules.
Pour les athlètes olympiques, paralympiques, les membres d’équipes… et les coachs
La France fait plutôt partie des nations généreuses, en accordant davantage à ses champions que les États-Unis, l’Allemagne ou l’Espagne entre autres. Les primes de haute performance sont en outre cumulables sans plafond, et sont accordées à tous les sportifs d’une équipe dans les sports collectifs et, dans les mêmes montants, aux athlètes paralympiques voire à leur « guide », pour les coureurs aveugles par exemple. S’ajoutent même des primes « d’encadrement », plus faibles et plus complexes à calculer, accordées aux divers entraîneurs, en fonction de leurs responsabilités et des médailles rapportées par leurs protégés. Jérémy Florès ou Hira Teriinatoofa devraient donc aussi recevoir un cadeau.
À combien se chiffre la note totale pour l’État ? Difficile à dire. Vu le coup de pouce sur les dotations, et les espoirs de Paris 2024, une enveloppe rondelette de 18,6 millions d’euros (2,22 milliards de Fcfp) avait été débloquée à cette fin pour le ministère des Sports l’année passée. Vu les bons résultats du camp tricolore – qui a battu, 8 jours après le début des jeux, son record historique de médailles avec plus de 44 breloques et même 48 ce mardi – l’enveloppe pourrait rapidement être asséchée.
Des contrats de sponsoring plus juteux
Pour Kauli Vaast, les 9,5 millions de francs ont de quoi arrondir le budget de sa carrière toujours en lancement. Sur le tournoi des Qualifying Series qu’il fréquente depuis de longues années, les « cash prize » des vainqueurs n’excèdent pas les 270 000 francs et ils frisent les 3 millions de francs dans les Challengers Series, porte d’entrée du Championship Tour sur lequel le surfeur de Vairao mise tout depuis des années. C’est seulement une fois dans ce CT que les sommes accordées par la WSL peuvent s’apparenter à la prime olympique. Ainsi Kauli Vaast avait pu toucher 2,2 millions de francs pour sa 5e place à la Tahiti Pro de 2023, et près de 7 millions pour sa deuxième place l’année précédente. Vahine Fierro, en remportant la même compétition en mai dernier, a raflé 11 millions de francs, comme le vainqueur masculin de l’épreuve Italo Ferreira.
Le fait est que ces sommes, si elles ne sont pas neutres, ne constituent pas l’essentiel des revenus des surfeurs pro qui, entre les préparations, les encadrants, les voyages et l’équipement, dépensent par millions pour atteindre leurs objectifs en WSL. La manne financière, difficile à évaluer, vient bien des sponsors. Pour Kauli Vaast, il s’agissait entre autres, ces dernières années, de Quicksilver, Red Bull, la Banque de Tahiti, ATN ou même Dior, dont il est un des ambassadeurs depuis le début d’année. Des partenariats très difficiles à chiffrer, les sportifs et leur entourage ayant l’habitude d’être discrets sur leurs revenus.