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Comment le trio Mamū s’est retrouvé sur le dernier projet du rappeur Booba

Parau, Fastoche et Tnero, trois compositeurs accompagnés par DJ Easy du label Sound of Sand Records, ont réussi à convaincre ce poids lourd du rap. L’une de leurs instrus a été retenue sur le titre Abidal, présent sur un EP surprise dévoilé il y a cinq jours. Le fruit d’un long processus, pour ce groupe né d’une rencontre… à Radio 1!

« On a été bombardés de messages sur tous les réseaux… », sourit Parau. Depuis la sortie de l’EP (format musical plus réduit qu’un album) Ad Vitam Aeternam, le dernier projet du rappeur Booba, le trio de beatmakers Mamū bénéficie d’une exposition sans précédent. Et pour cause, l’artiste a retenu une de leurs compostions sur le titre Abidal, 2 minutes 56 de rap en featuring avec Sicario. La concrétisation « d’années de beatmaking qui sont enfin récompensées », souffle Parau, l’une des trois têtes du groupe avec Tnero et Fastoche, tous 27 ans.

Dans les studios de Radio 1

De leurs chambres d’adolescents, d’où ont sorties leurs premières créations, à leur apparition dans les crédits de l’un des plus gros vendeurs du rap, il y a un monde. Un long parcours surtout, et, comme souvent, une histoire de rencontres.

D’abord celle entre Parau et Tnero, dans les studios de Radio 1, à l’époque où notre antenne produisait la « Deejay Academy ». « Et ensuite la connexion s’est faite facilement avec Fastoche », poursuit Parau. Une fois formé, le trio place ses premières prods et connaît quelques succès au fenua, notamment avec les rappeurs de Maohi Gang ou avec les chanteurs Aremistic et Birdking. « On a essayé de faire notre petit job à notre échelle. »

Gestion et carnet d’adresses

La carrière de Parau, Fastoche et Tnero prend un nouveau tournant avec l’arrivée sur le territoire de Anthony, alias Dj Easy, un producteur engagé avec le label Soud of Sand Records. « Dès notre première rencontre », le match opère. « On a tout de suite accroché, car on aime les mêmes choses : les sons trap, sombres, et quand ça rap. À la première écoute, je me suis dit ‘’OK, c’est bon, il y a du niveau’’ », se rappelle DJ Easy, qui prend alors le trio sous son aile. « Au niveau de la compo, du talent, c’était déjà là. Ils ne m’ont pas attendu pour faire « Never Too Late » par exemple, j’étais en France à l’époque, donc ils avaient déjà sorti des trucs. Mais il leur manquait ce côté business ». Et ce n’est pas Parau qui dira le contraire : « c’est difficile pour un artiste de tout gérer aujourd’hui, puisque l’administratif est vraiment pesant. Ça peut faire du tort à la créativité. »

Autodidacte dans l’industrie musicale, Dj Easy possède toutes les clefs pour faire évoluer la bande : « J’étais tout seul quand j’ai commencé, donc maintenant j’ai une vision un peu globale ». Celui qui enfile alors le costume d’éditeur musical détaille : « Faire des instrus, c’est 10% du boulot. Après il y a un long travail pour trouver une direction artistique, il faut écouter les albums des gens, faire de l’accompagnement, de la gestion… C’est aussi beaucoup de démarchage, de relances… » Et forcément un bon carnet d’adresses, parmi lesquelles celle du rappeur Booba, pour qui il a composé à deux reprises dans le passé.  « On a donc commencé à lui envoyer les prods de Mamū. Il sait que ça passe par moi, donc il sait que c’est carré ». « C’est ce dont on avait besoin », résume Parau.

Un an et demi d’attente

Autres qualités requises : la patience et la productivité. « Pour une instru qui sort sur un album, il y’en a cent qui ont été composées », chiffre Anthony. Et celle du titre Abidal a rapidement été « une évidence » pour le trio et son éditeur. « À chaque écoute on se disait qu’elle était pour lui, donc on renvoyait, envoyait et renvoyait », en attendant inlassablement une réponse. « Et puis au bout d’un moment, il nous a répondu à notre premier mail, qu’on avait envoyé un an et demi plus tôt, pour nous dire que c’était bon.»

Encore fallait-il que le titre sorte sur l’album, puisqu’il est courant que certaines chansons déjà enregistrées ne soient jamais diffusées pour diverses raisons. « Il y a trois ou quatre mois, on a eu la confirmation que quelque chose se préparait, mais on ne savait pas s’il s’agissait d’un album ou d’un single, donc il a encore fallu attendre », poursuit l’éditeur. « On a essayé de gratter un extrait, d’avoir plus d’infos », raconte Parau. Mais album surprise oblige, rien ne pouvait filtrer.

« Il nous a bien respectés »

Le résultat, la bande le découvre en même temps que le grand public. Un produit fini que l’on ne recommande pas forcément pour une écoute en famille, mais que les puristes apprécieront. Il est à l’image du projet de l’artiste, du rap brut sans autotune, avec des textes percutants et des punchlines marquantes. « J’ai vu qu’il ne faisait que rapper, avec de bons lyrics, et l’autre rappeur, Sicario, m’a vraiment surpris dans ses textes et son flow, donc j’étais vraiment très satisfait du morceau, qui a d’ailleurs été bien accueilli », se félicite DJ Easy.

« Je savais qu’il allait faire du sale, tout casser. Il a fait son travail, on a fait le nôtre, il nous a bien respectés », saluent les Mamū. Un respect qui se traduit aussi dans celui de la composition originelle, « puisque Booba n’est pas du genre à modifier les instrus pour faire des arrangements », note DJ Easy. Et dans la signature des contrats, avec « une équipe très carrée du côté de Booba. »

La bande espère désormais rencontrer le rappeur lors de sa venue prochaine au fenua, à l’occasion d’un festival prévu en avril, durant lequel le morceau sera forcément attendu. Les contacts sont pris. Mais d’ici là, pas questions de se reposer sur ses lauriers, le groupe va continuer à composer et à explorer divers genres. Prochain objectif ? « On espère faire des sons pour Burna Boy », star de la musique afro.

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