Si le tribunal a surtout retenu les arguments d’Egis pour prononcer l’annulation de la procédure de passation de la concession, la CCISM se dit « satisfaite » de la décision. Avant même d’éventuels appels, Stéphane Chin Loy, son président, estime que les cartes sont « rebattues » et attend impatiemment qu’un nouvel appel d’offres soit lancé pour défendre le « beau projet » de la chambre, qui devrait être réactualisé.
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Deux recours, deux stratégies, et une décision, rendue ce matin par le tribunal administratif de Papeete. Les juges ont prononcé en référé l’annulation de l’ensemble de la procédure de passation du marché de la gestion et de la modernisation de l’aéroport de Tahiti – Faa’a. Une décision principalement motivée par l’argument d’une « violation d’accès à la commande publique » mise en avant par Egis, actuel gestionnaire de la plateforme au sein d’ADT. Les arguments en cascade mis sur la table par la CCISM, eux, n’ont été ni retenus ni écartés : le juge des référés n’en avait pas besoin pour décider d’annuler. Mais pour Stéphane Chin Loy, la décision confirme que « toute la procédure d’appel d’offres était viciée ». De quoi satisfaire le président de la chambre, pour qui seul le résultat compte : Paris sera « contraint de relancer toute la procédure et à la remanier »… A moins que Vinci ou Paris ne saisisse le Conseil d’Etat sur la validité du référé.
Avoir « le meilleur aéroport »
Déjà mis en avant pendant l’audition, les visuels du projet de Vinci Airports avaient « surpris » la CCISM, qui dit aujourd’hui y voir « un projet au rabais ». Celui qui a été défendu par son groupement Ti’a, même s’il n’a jamais été présenté au public, et qu’il a été moins bien noté par l’administration lors du processus de sélection, serait plus ambitieux, plus « confortable » et plus pratique « tant pour les Polynésiens que pour les visiteurs ». Le nouvel appel d’offres – éventuel – n’est pas encore lancé, et la CCISM veut déjà convaincre. Et tans pis pour les voix, nombreuses, qui se sont levées pour dénoncer « l’acharnement » de la chambre dans ce dossier. Parmi les plus audibles récemment, celle du président Edouard Fritch, qui déclarait devant l’assemblée et devant Stéphane Chin Loy, mi-septembre, que « le développement de notre Pays ne mérite pas d’être obstrué par des procédures sans fin. Nous devons avancer et ce pour l’intérêt général”. Non, la CCISM n’a pas fait perdre du temps au développement du pays assure son président. Et pas seulement parce qu’Egis était aussi, cette fois, sur le banc des réquérants. Cette décision va « permettre d’avoir un appel d’offres avec une durée de remise des offres assez courte », assure-t-il et va même « faire gagner du temps dans l’établissement d’un vrai dossier de reconstruction » .
Les « cartes sont redistribuées » assure Stéphane Chin Loy, sans attendre l’annonce, ou pas, de recours contre la décision. Le projet défendu jusqu’alors, était un « beau projet » qui sera toutefois, « réactualisé ». Il pourrait être de nouveau défendu par le groupement Ti’a qui rassemblait autour de la CCISM, la société Aéroport de Marseille Provence, Boyer et le fonds d’investissement Meridiam. Un attelage qui devrait « rester solidaire », assure Stéphane Chin Loy.
La CCISM, absolument pas assurée d’être retenue dans un nouvel appel d’offres qui l’opposera probablement aux mêmes concurrents, se dit confiante. Et attend avec impatience le nouvel appel d’offres avec « de nouveaux projets, à la hauteur de la Polynésie »