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Concessions d’électricité : les Raromatai prennent leur envol

Quatre des sept communes des îles Sous-le-Vent ont déclaré sans suite les appels d’offres de leurs concessions d’électricité, pour lesquels EDT avait recandidaté. Taha’a, Taputapuatea, Tumaraa et Huahine se prépareraient à reprendre elles-mêmes la gestion de leur réseau au travers d’une société publique dédiée. La transition, pour l’instant prévue dès le 31 mars, n’est pas sans risque.

Pas de négociations pour les quatre communes des Raromatai qui doivent renouveler leur délégation de service public sur l’électricité. Prorogées par deux fois, les concessions actuellement gérées par EDT-Engie à Taha’a, Taputapuatea, Tumaraa et Huahine doivent prendre fin le 31 mars 2022. Les municipalités avaient, un temps, affiché leur intention de confier une nouvelle fois le réseau à un professionnel, en définissant un cahier des charges ambitieux et lançant chacune un appel d’offres, entre fin 2020 et début 2021. Naturellement, l’opérateur historique, au travers d’une nouvelle filiale, Électricité de Polynésie (EDP), s’était porté candidat à sa succession dans l’ensemble des communes. Mais ses offres, comme celles de ses rares concurrents, n’ont visiblement pas convaincu. Taha’a, après avoir pris connaissance de la proposition en juillet, avait bien entamé un échange, mais il est resté sans lendemain. Taputapuatea, Tumaraa et Huahine, ne s’en sont pas donné la peine : moins d’un mois après le dépôt des offres, la procédure a été classée sans suite.

Création d’une société conjointe

Les quatre communes auraient en fait choisi une autre solution : se regrouper pour gérer elles-mêmes leur réseau électrique. Les conseils municipaux ont ainsi commencé à voter, tour à tour, un engagement conjoint dans la société publique locale Te Uira Api no Raromatai. Une société dont les statuts n’ont pas encore été publiés au Journal officiel, mais qui a pour objet, d’après la délibération votée à Taha’a le 7 décembre, l’exploitation des services publics de l’électricité des quatre communes, des centrales qui y sont installées, de même que la réalisation des études et travaux liés aux réseaux et au développement des énergies renouvelables sur leur territoire. Cette SPL, structure de droit privé étroitement contrôlée par les collectivités, reprendra, comme c’est le cas lors des transferts de concession, le matériel mais aussi le personnel qui y est attaché. Soit 26 agents au total, auxquels s’ajoute une équipe de direction de 6 personnes qui reste à recruter. Première capitalisation : 15 millions de francs, répartis entre les communes en fonction de leur population, « pour faire face aux premières dépenses d’installation et de fonctionnement ». Les analyses financières au plus long terme n’ont pas été divulguées.

La SPL, pas prête pour le 1er avril

Ce regroupement, une première au fenua, est un pari pour les quatre collectivités, toutes gérées par des maires Tapura. Ces derniers pensent pouvoir profiter de la nouvelle loi de péréquation qui entre en application au 1er janvier, pour quitter le giron d’EDT. Bora Bora et Maupiti sont, elles, liées à la filiale d’Engie au moins jusqu’à 2030. Et Uturoa, qui gère déjà son électricité en régie, semble pour le moment rester en retrait de ce calcul, dont le premier défi sera celui du calendrier. Car entre la structuration de la société, l’intégration des équipes, la mise en place de procédures, de contrats de fournisseurs – sur le carburant notamment – ou d’un système de facturation, les tavana le savent : la SPL ne sera pas prête au 1er avril 2022.

Leur idée est donc de demander à EDT une prolongation du contrat de concession « de 3 à 6 mois ». Sauf que du côté de la filiale d’Engie, qui n’a appris que tardivement ces plans visiblement préparés de longue date, on répond que tout a été préparé pour transférer la concession au 31 mars à minuit. A cette date, les réseaux électriques seront bien opérationnels, mais l’opérateur stoppera toute intervention sur les communes concernées et se dégagera de toute responsabilité en cas de défaillance. Reste à savoir si les maires réussiront à convaincre EDT de s’engager plus longtemps pour mieux préparer son éviction. D’autres acteurs, en tout cas, se positionnent déjà pour accompagner la future société publique dans son exploitation. Cégélec, par exemple, qui s’est intéressé à différents appels d’offres électrique avec la Polynésienne des eaux ces dernier mois, salue une « décision qui fait sens ».