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Concours du second degré : des postes « au petit bonheur la chance » pour les lauréats locaux

Cette année, ils sont soixante-huit Polynésiens à avoir passé avec succès les concours de recrutement des enseignants du second degré. Une réussite synonyme d’une belle carrière dans l’Éducation nationale, mais qui a, pour ceux affectés dans l’Hexagone, un goût amer. Après l’annonce, il y a quelques jours, de leur ville d’affectation, la Direction générale de l’enseignement a organisé ce mercredi une réunion d’information destinée à ces nouveaux professeurs qui n’auront pas tous leur place au fenua. Objectif : aborder les problématiques liées à leur affectation, les rassurer, mais surtout faire preuve de transparence quant aux possibilités d’exercer en Polynésie pour ces lauréats.

Déception, inquiétudes et larmes chez les professeurs. Après l’annonce, il y a 10 jours, de la réussite de soixante-huit Polynésiens aux concours du second degré (Capes, Capet, CAPLP), la DGEE a réuni ce mercredi les lauréats dans son amphithéâtre. Une réunion inédite à ce stade du recrutement, selon le syndicat SE-UNSA, qui n’a pas été convié mais qui s’est lui-même invité, à ce qui a été présenté aux nouveaux stagiaires de l’éducation comme une réunion d’information. Pour le groupement le plus représentatif du second degré, il s’agit d’une manière « proactive » d’aborder les problématiques liées à l’affectation des reçus du fenua qui souhaiteraient pouvoir exercer en Polynésie.

Des postes réservés 

Comme c’est le cas tous les ans, seulement quelques places sont vacantes au sein du système éducatif local. Certaines sont donc réservées aux potentiels lauréats des concours du second degré. Un quota qui, à entendre le syndicat SE-UNSA, serait fixé un peu à l’aveugle. « L’Éducation parie sur un certain nombre de réussites, explique Titaua Lavie, secrétaire générale du groupement. Ils savent qu’il y a un certain nombre de contractuels dans telle discipline. S’il y en a cinq, par exemple, ils se disent qu’il y en a peut-être trois qui vont réussir. Ils en réservent donc trois, en espérant qu’il n’y en ait pas quatre ou cinq qui soient reçus… sinon ça devient compliqué. » Ces difficultés existent depuis plusieurs années et ont même tendance à s’exacerber avec les « nombreuses fermetures de classes ».

Un rapport social unique pour plus de visibilité 

Le syndicat SE-UNSA réclame ainsi depuis deux ans des données chiffrées et fiables. « Nous réitérons la demande d’un rapport social unique qui permettrait d’avoir des projections à court, moyen et long terme des postes disponibles que nos futurs lauréats pourraient occuper, insiste Martial Tchang, membre du bureau. Ces postes-là, malheureusement, se font au petit bonheur la chance puisqu’il faut attendre les départs à la retraite, les fins de contrat au bout de deux ou trois ans, ou bien les retours au bout de quatre ans. »

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L’espoir d’être affecté au fenua 

Ces difficultés d’embauche locale, les lauréats les connaissent et pourtant, ils sont tout de même nombreux à tenter leur chance à chaque session. « On sait qu’on peut être affecté en France, mais on tente parce qu’on a quand même de l’espoir », avoue l’un des lauréat chanceux qui devait faire sa rentrée à Versailles mais qui a finalement appris, au terme de la réunion, qu’il a sa place à la maison. L’année dernière, grâce, entre autres, à des ajustements d’emploi du temps, le ministère de l’Éducation avait réussi à placer les 35 lauréats des concours dans des établissements du fenua. Cette année, la tâche est bien plus dense. Des procédures sont en cours, dit le ministère, qui assure que tout est mis en œuvre pour trouver des solutions en sachant toutefois que certaines filières sont saturées. C’est le cas surtout des matières enseignées en milieu professionnel.

Moins d’élèves, moins de postes

« On a fait des recherches en RH pour savoir quels seraient les postes qui se libéreraient par des départs à la retraite ou des remises à disposition dans les filières saturées actuellement. Grâce à cela, on peut leur dire que s’ils font le choix de partir en stage l’année prochaine dans l’Hexagone, il y aura un poste libre l’an prochain ou l’année d’après, explique Johnny Biret, directeur de cabinet du ministre. En même temps, il ne faut pas oublier que la population scolaire est en déclin démographique et qu’on ne peut pas proposer un poste de professeur sans qu’il y ait d’élèves en face. On sera bien obligé, à un moment donné, d’avoir une réduction des postes. »

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Après avoir été reçus jusqu’en début d’après-midi par les conseillers techniques du vice-rectorat et de la DGEE, certains sont donc repartis l’esprit apaisé. Au total, 43 nouveaux professeurs polynésiens feront leur rentrée dans les collèges et lycées du fenua. Il reste encore à ce jour 25 lauréats à caser, un chiffre que la DGEE a encore espoir de faire baisser avant la rentrée d’aout. A défaut, quelques uns pourraient être amenés à, tout bonnement, renoncer au bénéfice du concours.