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Concurrence à ATN : « À un moment donné, il va falloir dire stop »


Invité de la rédaction de Radio 1, Christophe Plée a partagé son inquiétude sur la situation de la compagnie du Pays et appelé le gouvernement à « prendre ses responsabilités » pour son avenir. En cause : les demandes d’augmentation de fréquences d’Air France et Delta, auxquelles le Pays n’a toujours pas répondu, et qui pourraient, si elles étaient acceptées, fragiliser ATN et « creuser son déficit ». « Si on met en danger Air Tahiti Nui, qui est ce qui va venir payer la note ? », interroge le représentant patronal pour qui il est temps pour les élus de « faire des choix ».

Lire aussi : Vent de panique chez ATN autour des fréquences d’Air France et Delta

ATN, c’est un « outil de travail », et c’est même un « outil indispensable à la vie économique ». C’est ainsi, en tout cas qu’en parle le patron de la CPME, qui entretient, au nom de plusieurs centaines de chefs d’entreprise, un partenariat avec le transporteur international « depuis quasiment sa création ». Pas de surprise, donc, si Christophe Plée fait partie des premiers, dans le monde économique, à s’inquiéter publiquement de la situation actuelle de la compagnie du Pays. Radio1 s’en était fait écho début octobre : la direction d’Air Tahiti Nui a été contrainte de suspendre les travaux de préparation de son budget 2025 du fait d’un manque de visibilité sur le programme de vols de l’année prochaine. En cause : des demandes d’augmentation de fréquences déposées par Air France et Delta, deux compagnies alliées et concurrentes de l’opérateur local, qui n’ont pour l’instant pas reçu de réponse de la part du gouvernement.

Le nouveau PDG d’ATN, Philippe Marie, avait confié dans un courrier aux salariés être « vivement préoccupé » par la situation, les syndicats d’ATN le sont aussi et se disent prêt à interpeller les élus… Mais l’inquiétude touche, au delà de la compagnie, « une partie du monde économique », pointe Christophe Plée. Parce qu’ATN a été créé pour « ramener des touristes dans les moments forts comme dans les moments difficiles », parce que « quand les autres compagnies s’en vont, ATN est toujours là » et que beaucoup d’entreprises « passent par ATN pour leurs déplacements »… Et parce que ATN, « c’est une Sem », une société d’économie mixte. « Et qui dit Sem dit argent des Polynésiens » et du Pays, qui vient « combler les déficits quand il y en a besoin ». Or l’argent public, « les entreprises participent très largement ». Bref, à la CPME et dans le monde patronal, « Air Tahiti Nui, on la surveille comme le lait sur le feu ».

« Si on met en danger Air Tahiti Nui, qui est ce qui va venir payer la note ? »

Aussi l’apparente incertitude du Pays sur les nouvelles fréquences – au gouvernement, on évoque tout de même des « travaux techniques » en cours pour adresser une réponse à Air France et Delta – interroge. « On connait la situation : plus vous allez faire entrer d’opérateurs notamment sur ces lignes Papeete – Los Angeles et Los Angeles – Paris, plus vous allez mettre des gens en concurrence face à Air Tahiti Nui. On a déjà une surcharge d’offres, alors même qu’aujourd’hui, l’hôtelier est ‘full’, détaille Christophe Plée. À un moment donné, il va falloir dire stop, parce qu’il y a encore des acteurs qui peuvent arriver ou faire des demandes. Jusqu’où on va sans mettre en danger Air Tahiti Nui ? Et la deuxième question qu’il faut poser tout de suite derrière, c’est : si on met en danger Air Tahiti Nui et qu’on creuse son déficit, qui est ce qui va venir payer la note ? »

Au Pays de « réguler », de « prendre ses responsabilités » et de donner de la visibilité à sa Sem. Voilà le message du patron de la CPME, qui rappelle que face à Delta ou United, avec leur millier d’avions respectifs, ou Air France, avec ses plus de 200 appareils (à ajouter à ceux de Delta, en joint venture sur la ligne), ATN « ne pèse pas grand-chose ». Au Pays, donc, de « protéger sa compagnie » ou de « faire ses choix ». Certes, la concurrence tire les tarifs à la baisse. Mais quand tous les acteurs du marché perdent de l’argent, « jusqu’où ça doit aller » ?

« Si voulez ouvrir à tout va, ATN va disparaitre ou travaillera sur d’autres lignes, même si ce sont celles là est les plus rentables. ATN va se redimensionner, on aura des licenciements… Il faut être cohérent jusqu’au bout ». Le président de confédération s’attend déjà, comme tout le monde, à de nouveaux déficits d’ATN après les 3,2 milliards de francs de l’an passé. Et à une recapitalisation qui pourrait coûter à la collectivité dans un futur proche. « Il ne faut pas attendre pour se poser les questions », insiste Christophe Plée.

©ATN

 

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