Villa Cura Brochero (Argentine) (AFP) – Nicolas Flores devait vivre dans un état végétatif, les lésions cérébrales étaient irréversibles. Seize ans plus tard, il parle et il marche. La médecine ne comprend pas. Pour ses parents, c’est un miracle du curé Brochero, que le pape canonise dimanche.
José Gabriel Brochero est représenté sur une mule, vêtu d’un poncho coloré, une tasse de maté (infusion traditionnelle) à la main, parcourant les sentiers montagneux de la province de Cordoba, dans le centre de l’Argentine, où il est l’objet d’une adoration.
Les fidèles du curé Brochero, réputé austère, et l’Eglise de Rome lui attribuent des guérisons miraculeuses, visées par la très officielle Congrégation pour la cause des saints.
« Je sens comme des fourmis dans le ventre quand les gens viennent me voir pour ça », confie Nicolas Flores. A peine âgé de 11 mois, il est grièvement blessé dans un accident de voiture, en 2000.
Les pompiers l’ont déclaré mort en arrivant sur les lieux de l’accident, avant de se rendre compte qu’il respirait encore.
Dans l’accident, le grand-père maternel est mort, la mère et la grand-mère de l’enfant dans un état critique.
A l’hôpital, il fait trois arrêts cardiaques, mais il est réanimé.
Ses parents, Sandra Violino et Osvaldo Flores, n’ont jamais cessé de prier en invoquant la mémoire du curé, décédé en 1914. Pour eux, il n’y a pas de doute. « Nico est un miracle du curé Brochero ».
– premier saint argentin –
Le curé Brochero deviendra dimanche le premier saint argentin. Le Vatican l’avait béatifié en 2013, étape préalable à sa canonisation, en fondant ses études sur les cas de Nicolas Flores et de Camila Brusotti Rios.
« Deux cas présentant des lésions au cerveau », souligne Mgr Santiago Olivera, évêque du diocèse.
Né en 1840, le curé Brochero meurt en 1914 aveugle et atteint de la lèpre. Fait inhabituel, l’exhumation en 1973 du religieux a révélé que sa masse encéphalique était encore intacte.
Le cas de Camila Brusotti est glaçant. Brutalisée en 2013 par sa mère et son beau-père, la fillette de neuf ans arrive dans un état désespéré à l’hôpital.
Pendant que les parents, entendus par la police, se renvoyaient la responsabilité des coups dans leur déclaration à la police, la grand-mère invoquait le curé Brochero.
Camila reste des mois dans le coma. Comme dans le cas de Nicolas Flores, les médecins étaient pessimistes et avertissaient les parents qu’une vie végétative l’attendait. Elle mène aujourd’hui une vie normale.
Ses parents ont été emprisonnés et la grand-mère l’a élevée dans l’adoration du curé Brochero.
Mgr Olivera a écrit un livre sur le prêtre populaire : « Le curé Brochero, la pastorale à l’odeur de brebis ».
Un bourg porte son nom, Villa Cura Brochero. En mars, ses 7.000 habitants voient défiler par milliers les fidèles ou chercheurs de miracles.
– Inexplicable –
Carlos Rezzonico, pédiatre de 89 ans, a participé comme expert à l’étude du cas Nicolas Flores, à la demande du Vatican.
« Il est pratiquement impossible d’expliquer pourquoi il a survécu », confie le Dr Rezzonico dans son cabinet de consultation en montrant les plaques qui révèlent l’absence d’hémisphère gauche dans la boîte cranienne.
« Si je ne connaissais pas le patient, poursuit-il, je dirais qu’il a de graves séquelles neurologiques ».
« Il est inexplicable qu’avec cette lésion, il ait les capacités intellectuelles qu’on lui connaît ». Le jeune homme s’exprime certes avec difficulté, mais il semble heureux.
Supporteur du club de football de River Plate dont il arbore souvent un maillot, il va dans un collège spécialisé adapté à son handicap, fait de la natation et continue de suivre une kinésithérapie deux fois par semaine.
« Nico a une énergie et une volonté qui me surprennent tous les jours », témoigne sa kiné Yanina Paola Varas.
Voici deux ans, il a été opéré d’une hanche et les médecins l’ont averti qu’il ne pourrait plus marcher après l’intervention. Ses parents ont acheté un fauteuil roulant.
Mais « L’enfant du miracle », comme on le nomme en Argentine, a encore déjoué les pronostics, malgré les 10 centimètres de différence de longueur de jambe. Grâce à l’aide du curé Brochero, assurent ses parents.
© AFP/Archives DIEGO LIMA
Une photo de José Gabriel Brochero, appelé aussi « le curé gaucho », dans le sanctuaire de Nuestra Senora del Transito à Cordoba en Argentine, le 20 septembre 2016