Exaspérés de n’avoir pas encore été reçus par le gouvernement, dont le plan de sauvetage économique attendu lundi est annoncé pour ce mercredi après-midi, le patronat et les syndicats polynésiens, très sollicités par leurs adhérents, ont présenté des propositions d’urgence ce mercredi. Face à l’épidémie de coronavirus, aucun doute : il faut confiner l’ensemble de la population, protéger les entreprises en difficulté et accorder un revenu de solidarité à tous les salariés et entrepreneurs empêchés de travailler.
15 mesures, et un discours ferme. Pour les partenaires sociaux, le gouvernement doit « passer à la vitesse supérieure » sur la protection du fenua contre l’épidémie de coronavirus. En ligne de mire, les conséquences sanitaires, bien sûr, mais aussi économiques. L’idée est simple : confiner l’ensemble de la population « le plus tôt possible » – et à l’exception, bien sûr, des secteurs d’activités et services publics indispensables – et donner les moyens aux entreprises et aux Polynésiens de traverser ce trou d’air, qui pourrait bien durer « plusieurs semaines voire quelques mois ».
La liste de propositions des partenaires sociaux – cosignée par le Medef, la CPME, et les cinq grandes centrales syndicales : la CST-FO, A Tia I Mua, la CSIP, Otahi et O Oe To Oe Rima – comprend à la fois des mesures d’ordre sanitaire, social, et économique (lire lettre ouverte ci-dessous).
« Réponse globale »
Parmi les plus « urgentes » : la mise en place d’un revenu minimum de solidarité – 120 000 francs par mois net pour les salariés et les entrepreneurs empêchés de travailler –, d’un différé de paiement de tous les crédits, d’une exonération totale de charges sociales et fiscales, ou bien encore de réductions ou d’aides sur les factures d’électricité, d’eau et d’internet pour permettre le travail…
Pour Christophe Plee, l’idée est d’avoir une « réponse globale » à la crise. « Nous avons la chance d’avoir un peu d’avanceen Polynésie, il faut en profiter », explique le président de la CPME. Quant au coût de ces mesures – plusieurs milliards par mois – la question devra être réglée après leur mise en place, en comptant notamment sur la solidarité nationale.
« À disposition du gouvernement »
Le message est donc adressé avant tout à l’État et au Pays, qui n’a pas, pour le moment, rencontré le patronat ou les syndicats pour les consulter sur son plan de sauvetage de l’économie. Une réunion prévue hier avec la ministre du Travail, Nicole Bouteau, a même été reportée. Raison pour laquelle les partenaires sociaux prennent les devants, tout en se tenant « à disposition du gouvernement jour et nuit pour organiser la réponse à la crise ». Patrick Bagur, le président du Medef le rappelle, si les mesures prises ne sont pas suffisantes c’est une bonne partie du tissu économique qui peut s’effondrer face au coronavirus.
Cette « union sacrée » entre patrons et salariés n’est pas une surprise pour Yves Laugrost. Le trésorier de A Tia i Mua, longtemps président du conseil d’administration de la CPS, rappelle qu’il s’agit avant tout de préserver les emplois. Et d’utiliser les fonds sociaux pour « prévenir » l’épidémie plutôt que pour guérir les malades.