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Considérer le Covid-19 comme une maladie courante ? Le parti pris de l’Espagne

Alors que l’Espagne avait décrété l’un des confinements les plus stricts au monde il y a deux ans, le pays a supprimé lundi l’obligation de quarantaine pour les cas légers de Covid-19 et ne suivra plus que les malades graves ou les personnes vulnérables, comme l’explique notre partenaire Europe1. L’Espagne a l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde, avec 92,4% des plus de 12 ans entièrement vaccinés.

L’Espagne a supprimé lundi l’obligation de quarantaine pour les cas légers de Covid-19 et ne suivra plus que les malades graves ou les personnes vulnérables, dans le cadre d’une nouvelle stratégie visant à traiter la maladie comme endémique. Le pays, l’un des plus endeuillés en Europe par la première vague de la pandémie et qui avait décrété l’un des confinements les plus stricts au monde au printemps 2020, a justifié ce virage par l’immunité très élevée de la population et la faible incidence actuelle.

Une nouvelle stratégie

Comme l’avait annoncé le gouvernement dès le mois de janvier, sa volonté est de traiter le Covid-19 non plus comme une pandémie, mais comme une maladie endémique dont le suivi épidémiologique ressemblera à celui de la grippe. Selon le ministère de la Santé, cette « stratégie différente » concentrera les efforts « sur les personnes et les milieux à risque », ce qui « implique d’accepter un certain niveau de transmission » du Covid « au sein des populations vaccinées et jeunes ».

Outre la levée de l’obligation de s’isoler pour les cas asymptomatiques et légers et les cas contacts, le gouvernement met également fin aux tests systématiques pour tous les cas suspects ou cas contacts afin de les limiter aux personnes à risque (plus de 60 ans, immunodéprimés ou femmes enceintes), aux soignants et aux cas graves.

L’Espagne a l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde

Les cas légers de Covid devront toutefois faire preuve de « prudence » en gardant le masque, qui est toujours obligatoire à l’intérieur dans le pays, et en limitant leurs contacts en particulier avec des personnes à risque. Depuis la mi-mars, le gouvernement a arrêté de publier quotidiennement le nombre de cas et de décès pour ne fournir ces données que deux fois par semaine. La limitation des tests aux personnes à risque va désormais modifier profondément le recensement des cas.

L’Espagne a l’un des taux de vaccination les plus élevés au monde, avec 92,4% des plus de 12 ans entièrement vaccinés, dans un pays où le sujet n’a pas suscité de débat au sein de la population.

Une bonne idée ?

« La stratégie espagnole est parfaitement légitime à partir du moment où on considère, comme dans beaucoup de pays, notamment la France, que l’épidémie est sous contrôle et que aujourd’hui, indépendamment du nombre de contaminations journalières, ce qui compte, c’est l’absence de saturation hospitalière », indique Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. « Il est légitime de ne pas tester toute l’année l’ensemble des individus. Et ça, je pense que c’est du bon sens », conclut-il.

Et comme ailleurs, le pays a subi en décembre et janvier la vague provoquée par le variant Omicron, qui l’a conduit à enregistrer jusqu’à près de 180 000 cas par jour, une situation qui a renforcé l’immunité naturelle au sein de la population. Le nombre de morts et d’hospitalisations est resté en revanche bien inférieur aux vagues précédentes dans le pays qui a enregistré 102 392 morts du Covid-19.

De nouveau en hausse ces dernières semaines, le taux d’incidence s’établissait vendredi à 461 cas pour 100 000 personnes sur les 14 derniers jours contre un record de 3 397 le 17 janvier.