L’association A Ti’a no te aru a rassemblé ses troupes ce matin devant le chantier de la future résidence Aloma à la Mission. Une résidence qui de toute façon verra le jour puisqu’elle dispose des autorisations réglementaires, mais devant laquelle les militants ont voulu marquer les esprits. Objectif : montrer leur désapprobation sur ce projet validé par la mairie de Papeete et demander au gouvernement et à la population d’être « plus alerte » sur les futurs projets, alors que Papeete veut modifier son PGA pour déclasser ses zones naturelles.
Des constructions oui, mais raisonnées. C’est ce que souhaitent les membres de l’association a Ti’a no te aru qui se sont réunis ce matin devant le chantier de la résidence Aloma à la Mission. Ce projet porté par la société Imagine promotion fait polémique depuis plusieurs mois. Une pétition a même été lancée par l’association, recueillant plus de 750 signatures. Les militants dénoncent, entre autres, « un massacre d’arbres centenaires » sur le site et la mise en danger d’oiseaux endémiques tels que des u’upa qui vivaient dans les quelques 8 000m2 de forêt rasée il y a quelques semaines.
Une zone naturelle
Une zone classée naturelle sur le plan général d’aménagement de la commune de Papeete et qui fait dire à l’association que ce projet – sur lequel ont été émis, à certaines étapes de la procédure, des avis défavorables de la Diren et du Haut-commissariat – présente des irrégularités. Des entorses à la réglementation démenties par le promoteur du projet qui assure que « tout a été fait dans les règles ». Des tables rondes entre le pays, la Diren, Imagine Promotion et l’association, ont d’ailleurs été organisées. À l’issue de celles-ci, les opposants au projet ont bien compris qu’il n’y a pas de marche arrière possible, les 94 logements de standing allant du F2 au F4 sur les hauteurs de Papeete sortiront bien de terre.
Restez alerte sur les futurs projets
Il s’agissait surtout de marquer les esprits. « Il commence à y avoir un sacré ras-le-bol de la part de la population sur l’envergure des travaux engagés au fenua aussi bien sur le littoral ou dans les montagnes », explique Terava Teihotaata. Il demande ainsi au gouvernement de « rester alerte » sur les projets à venir en privilégiant l’environnement et les constructions raisonnées.
Parmi la trentaine de manifestants présents sur le site ce matin, on retrouvait le député Tematai Le Gayic qui partage et défend les convictions de l’association. Il appelle à « l’éveil des consciences de la population « , car si des dispositions peuvent bien sûr être prises à l’échelle du gouvernement, d’autres comme le PGA dépendent de la commune.
Papeete veut modifier son PGA
« Pour être très transparent, c’est la commune de Papeete qui a accepté ce type de projet en zone naturelle, regrette le député. Elle n’aurait pas dû, elle a cédé face aux promoteurs immobiliers comme elle cède un peu partout dans Papeete… pour satisfaire les besoins d’une certaine catégorie de personnes et non ceux de la majorité des Polynésiens ».
Une déclaration certes exacte, nombreux sont les Polynésiens qui « attendent des logements à bas coût », mais qui glisse sur le fait que le logement social est du ressort des pouvoirs publics et non du secteur privé. Contactée, la mairie de Papeete a confié qu’elle projette depuis plusieurs mois de modifier son PGA. Une décision qui sera soumise au vote du conseil municipal et qui vise à faire passer toutes les zones naturelles de la commune en zone urbaine.