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Contrefaçons, drogues de synthèse, saucissons… Au centre de tri, le Noël des saisies


L’approche des fêtes fait transiter des milliers de colis, cartes et lettres par le centre de tri postal de Fare Rata, face à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Et les douanes ont elles aussi revu leur rythme à la hausse : 300 ouvertures et vérifications par jour, contre 100 à 150 habituellement. Résultat : des saisies « quotidiennes » allant de la contrefaçon de jouets et de vêtements aux envois d’ice, ou de nouvelles drogues de synthèses souvent expédiées depuis la Chine. S’ajoutent les centaines de produits non-conformes à la réglementation sanitaire qui sont réorientés vers la biosécurité. 

C’est une tradition précoce de Noël qui démarre généralement début novembre et atteint son firmament en ce milieu du mois de décembre : le centre de tri postal de Faa’a connait son pic d’activité annuel. Des milliers de colis, de cartes et de lettres empruntent les sacs et tapis roulants de Fare Rata. Il faut les trier, les orienter vers les bons bureaux de poste ou les bonnes boîtes aux lettres. Il faut aussi, bien sûr, les contrôler. Les douanes, qui assurent une présence permanente dans l’immeuble Tua Rata, sont donc elles aussi très sollicitées : plus de 300 ouvertures et vérifications par jour contre 100 à 150 habituellement. « Il y a les commandes qui sont passées par les particuliers, celles des entreprises, on a automatiquement un volume de fret plus important, et on intensifie les contrôles notamment au centre de tri postal, confirme Dominique Legaud, chef divisionnaire des douanes en Polynésie. Concrètement, on a des saisies quotidiennes qui sont réalisées à Tua Rata ».

Les « nouveaux produits de synthèse » envoyés de Chine « dans 90% des cas »

Une vigilance et des saisies qui concernent en premier lieu les stupéfiants, qui eux aussi connaissent un pic d’importation. Avant même la période des fêtes, 8,5 kilos d’ice avaient été saisis dans l’année par les douanes, « tous vecteurs confondus », en plus de 200 kilos de paka – souvent à la sortie de transports interîles – et, côté Tua Rata cette fois, 4 000 timbres de LSD… S’ajoutent de plus en plus de « nouveaux produits de synthèse », conditionnés sous forme de liquide, de buvards, de comprimés ou, souvent, de poudre, et qui sont pour la plupart créés pour imiter les effets du cannabis, de la cocaïne, de l’ecstasy ou des amphétamines.  « Il s’en crée en permanence, et ces NPS sont parfois en avance sur la réglementation » qui liste les produits stupéfiants, explique un douanier. Certains de ces produits, comme le fentanyl et ses dérivés sont depuis longtemps utilisés dans l’industrie pharmaceutique. Commandés en ligne, ils arrivent « dans 90% des cas », dans des plis d’origine chinoise.

Les douanes connaissent aussi un regain d’activité sur les contrefaçons : 5 000 lots de jouets ou de vêtements, contrôlés en fonction de leur documentation, leur emballage, leur qualité apparente, ou sur les croisements d’information avec les fabricants, sont saisis chaque année. S’ajoutent les médicaments dont l’importation est réservée aux professionnels ou, à petites doses, aux patients munis d’ordonnance, et des interdits plus spécifiques, comme les produits de la perle ou ses imitations. À ces saisies s’ajoutent les colis « mis de côté » par la douane, et qui sont ensuite transférés à la biosécurité. Les saucissons, fromages, plantes, graines (y compris de cannabis) sont ainsi filtrés si leur conditionnement ou leur étiquetage ne permet pas d’identifier leur origine avec certitude – l’importation de produits artisanaux est, dans les faits, prohibée. Ou si ils mettent, par leur nature, la biodiversité du Pays en danger, comme le miel, potentiel porteur de parasites qui seraient catastrophiques pour les ruches du Pays.

Comment repérer les plis suspects ? 

Impossible, bien sûr, de contrôler tous les paquets et toutes les lettres. Seuls « 5 à 10% » font l’objet d’une vérification des douanes. Pour les sélectionner, les agents ont leurs petits secrets. « C’est une question d’expérience : ce sont eux qui présélectionnent sur les chaînes les colis qu’ils vont vouloir contrôler, explique Marie-Laurence Bonnin, la cheffe de bureau des douanes pour le fret de Faa’a. C’est très souvent au vu de provenance à risque, c’est parfois par palpation des lettres, il y a aussi, parfois, par connaissance du flux, certains noms d’expéditeurs, voire de destinataires – même si beaucoup utilisent un faux nom – qui attirent l’œil ».

Il arrive même que les agents des douanes, après avoir intercepté une marchandise interdite dans un pli, reconnaisse plus tard le conditionnement, voire l’écriture, de l’expéditeur sur un autre envoi.

Quoiqu’il en soit, après avoir été « sélectionnés », les colis et lettres suspects peuvent être passés aux rayons X, et sont souvent ouverts par les agents, qui prennent soin « de ne jamais prendre connaissance de la correspondance ». Le contrôle est fait en présence d’un agent de Fare Rata, qui referme les lettres ouvertes à l’aide d’un scotch marqué « douanes ». En cas de doute sur la nature ou la dangerosité d’un produit, le service dispose aussi d’un spectromètre capable d’analyser à distance certaines matières. Car ces contrôles « présentent un risque à la fois chimique et bactériologique », reprend la cheffe de bureau, qui note au passage que ses agents interceptent aussi des « précurseurs », ingrédients nécessaire à la fabrication de drogues. « D’où la nécessité de porter des gants, qui sont là aussi pour des raisons de préservation des preuves en matière de stupéfiants ».

 

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