ENVIRONNEMENT – Les Etats ont presque tous envoyé leur contribution en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais les efforts de chacun ne sont pas tous au même niveau.
Les chefs d’Etat du monde entier ont rendez-vous à partir du 30 novembre à Paris pour la COP21, la conférence internationale sur le réchauffement climatique. Mais parce qu’un tel raout diplomatique ne s’improvise pas, la plupart des Etats ont déjà envoyé leur contribution : une feuille de route précisant leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre et des échéances. Et si certains Etats jouent le jeu, d’autres se contentent du service minimum. Qui sont les bons et les mauvais élèves ?
Un inventaire difficile à faire. Officiellement, les Etats avaient jusqu’au 1er octobre pour envoyer leur contribution. 148 des 195 Etats ont joué le jeu, ce qui représente 75% des Etats et 87% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Largement de quoi faire un premier tour des engagements des uns et des autres… sauf qu’il est très difficile de les comparer.Car si tous les Etats ont indiqué un pourcentage de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, ils sont libres de choisir la date de référence et la date butoir. Ainsi, alors que les Etats-Unis ont promis de les réduire de 27% en 2025 par rapport à 2005, la Norvège promet une baisse de 40% en 2030 par rapport à 1990.
Résultat, il est plus que difficile de comparer les promesses des uns et des autres, et donc d’identifier les Etats faisant un réel effort et ceux qui se contentent du strict minimum. Pour y voir plus clair, des ONG et des scientifiques ont fait tourner leurs calculettes pour hiérarchiser les promesses des Etats : les principaux sont le Climate Action Tracker, la Civil Society Review ou encore l’Institut de recherche sur les politiques, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Et tous arrivent aux mêmes conclusions : « il n’y a pas de divergences fondamentales, toutes les analyses vont dans le même sens », assure la porte-parole du Réseau Action Climat. Voici donc les bons et mauvais élèves de la COP 21.
Les bons élèves. Les ONG et les scientifiques sont unanimes : les Etats vertueux ne sont pas très nombreux : l’Ethiopie, le Maroc, le Costa Rica ou encore les îles Marshall et le Bhoutan. Pour tous les observateurs, ces Etats consentent des efforts permettant de limiter la hausse des températures à deux degrés d’ici la fin du siècle.
Les élèves moyens qui progressent. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les Etats-Unis et la Chine en font partie, alors qu’ils sont les premiers pollueurs mondiaux. Mais le changement climatique et la pollution y sont devenus de telles préoccupations que ces Etats ont décidé d’agir : c’est parce qu’ils partent de loin et que la transition sera très lourde qu’ils se retrouvent dans la première moitié des élèves moyens. L’Inde et le Brésil se retrouvent dans cette même catégorie.
Et ceux qui pourraient faire mieux. C’est en prenant en compte l’évolution de chacun vis-à-vis du changement climatique que l’Union européenne se retrouve au même niveau que la Chine et les Etats-Unis, alors qu’elle consent un effort plus important : réduire d’au moins 40% d’ici à 2030 ses émissions par rapport à 1990. Mais comme l’Europe a déjà entamé la transition énergétique et qu’elle en a les moyens, sa contribution pour la Cop 21 est jugée moyenne par les observateurs. La Suisse et la Norvège se retrouvent dans le même cas de figure.
Les Européens sont loin d’être seuls dans cette catégorie puisqu’on y retrouve la plupart des Etats, et notamment les pays en développement : ces derniers se sont engagés à faire des efforts, mais à condition que des mécanismes d’aide financière et technologique soient mis en place. Le Mexique a été le premier pays émergent à le faire et le Gabon, le premier pays africain.
Les mauvais élèves. On retrouve plusieurs types d’Etats dans ce groupe. Il y a d’abord les pays producteurs d’hydrocarbures : le Canada, la Russie ou encore l’Australie, premier exportateur mondial de charbon.
Viennent ensuite les pays asiatiques dont le modèle de développement est trop consommateur d’énergie et qui rechignent à changer : la Corée du Sud, Singapour et surtout le Japon. Il y a ensuite la Turquie et l’Afrique du Sud, qui a fait le choix du charbon en raison de son faible coût, même si cette énergie est la plus polluante. Mais aussi les Etats qui limitent leurs efforts en mettant en avant le fait qu’ils abritent de nombreux puits de carbone (forêts, tourbières), quitte à les surestimer : c’est le cas de la Nouvelle-Zélande. L’Indonésie est également dans ce cas de figure mais une fois son niveau de développement pris en compte, elle est bien plus vertueuse.
Ces élèves qui préfèrent faire l’école buissonnière. Les élèves assis au fond de la classe pourront toujours se consoler puisque d’autres ont tout simplement décidé de ne pas venir en classe. Et pas des moindres puisqu’il s’agit des principaux producteurs de pétrole et de gaz : tous les pays du Golfe persique (Arabie Saoudite, Qatar, Bahreïn, etc.), le Venezuela, l’Iran et le Nigeria.