Coral Gardeners organisait vendredi une soirée pour présenter ses résultats, quelques jours avant son septième anniversaire. L’organisation née à Moorea, qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique, est devenue une véritable entreprise qui compte plus d’une cinquantaine d’employés, de prestigieux sponsors internationaux, et des « filiales » à Fidji et en Thaïlande.
Créé en 2017 par Titouan Bernicot et sa bande d’amis de Moorea pour sensibiliser à l’état des récifs et trouver des solutions de préservation, Coral Gardeners a « l’âge de raison ». Pendant que le grand public et la communauté scientifique regardent d’un œil un peu sceptique ces « décorateurs sous-marins » qui bouturent du corail et font visiter leurs sites de reproduction par les touristes à qui ils proposent « d’adopter un corail », Coral Gardeners a discrètement musclé son jeu. En s’adjoignant des scientifiques, en levant des fonds à l’étranger, en exportant le concept en dehors de la Polynésie. Coral Gardeners n’est plus la petite initiative locale de ses débuts : c’est aujourd’hui une véritable entreprise qui emploie 53 personnes à plein temps.
Le rapport d’impact 2023 de Coral Gardeners sera rendu public mercredi, à l’occasion de son 7e anniversaire. Un rapport qui témoigne d’une montée en puissance de leur activité l’an dernier : plus de 100 000 coraux plantés depuis 2017, dont près de 70 000 en 2023, avec un taux de survie de 83%, et plus de 12 000 mètres carrés de récifs « restaurés ». Les programmes à destination des scolaires ont déjà accueilli 1 685 enfants. Le rapport met également en avant les innovations de Coral Gardeners, notamment le réseau d’appareils connectés de surveillance et de diffusion d’images des jardins coralliens, mis au point avec le concours d’ingénieurs américains issus de géants du numérique. Titouan Bernicot et son équipe ont misé sur les réseaux sociaux, qu’ils gèrent de main de maître. Et Coral Gardeners prend une dimension internationale, avec l’ouverture de « franchises » à Fidji et en Thaïlande, explique Titouan Bernicot.
Notons qu’une partie de la communauté scientifique reste encore très prudente sur la capacité de ce genre d’initiative à changer la donne pour les récifs coralliens. Mais incontestablement, les grandes entreprises et les médias internationaux – des partenariats ont été noués, entre autres, avec National Geographic et Rolex, par exemple, et d’autres sont en préparation – s’intéressent à Coral Gardeners en lui fournissent des moyens financiers et une visibilité jamais atteintes par des projets similaires.