Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 aux Etats-Unis a atteint cette semaine des hauteurs comparables au pire de la première phase, en avril. Le décryptage de Ugo Pascolo et Xavier Yvon pour notre partenaire Europe1.
Contrairement à l’Europe, les États-Unis ne sont jamais complètement redescendus de leur « pic » : la première vague, commencée avec un peu de retard par rapport à l’Europe, n’en finit pas. Le pays est toujours le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec près de 122.000 décès pour 2,4 millions de cas. Par comparaison, l’Union européenne, après avoir connu un pic proche de celui des Etats-Unis, enregistre aujourd’hui de l’ordre de 4.000 nouveaux cas par jour. D’après le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, entre 5 et 8% de la population américaine a été contaminée.
Une fin de première vague qui pourrait être même pire selon le docteur Julien Cavanagh, neurologue et chef des internes de la Stade University of New York, qui anticipe au micro d’Europe 1 une « saturation du système de santé dans un certain nombre d’endroits ruraux ». Il pointe également que ces régions connaissent des « taux d’obésité, d’hypertension et de diabète élevés, rendant le Covid-19 encore plus grave ».
Le sud du pays, nouvel épicentre national
De son côté, la Californie aussi a battu un nouveau record pour le troisième jour consécutif mercredi, avec plus de 7.100 nouveaux cas recensés sur près de 200.000 au total. Quant à la Floride, elle déplorait mercredi 5.508 cas, un record également. Depuis mardi, le port du masque a été rendu obligatoire dans la grande ville balnéaire de Miami et une dizaine de villes de la région. C’était déjà le cas depuis la semaine dernière à Orlando, Tampa, ou les célèbres îles des Keys.
Mais les États du sud ne sont pas les seuls à avoir pris des mesures, puisque New York, le New Jersey ainsi que le Connecticut ont décrété mercredi une quarantaine pour les Américains venant des zones où la pandémie accélère.
Des mesures barrières pas assez respectées
Quant à connaître l’origine d’une telle hausse, une partie de la réponse est certainement à trouver du côté du respect aléatoire des mesures barrières par les citoyens des zones où le virus progresse. Faute d’être obligatoires dans la plupart de ces juridictions du Sud, le port du masque en public et la distanciation physique ressemblent à de vagues consignes soumises au bon vouloir de chacun. Concrètement, le visage découvert est la norme dans la rue.
Un phénomène d’autant plus intéressant à constater que ces États sont majoritairement gouvernés par des Républicains, comme Donald Trump, qui a minimisé la pandémie et encouragé un déconfinement rapide. Le 5 juin dernier, alors que la pandémie tuait 1.000 de ses concitoyens quotidiennement, le président américain avait assuré que son pays avait « largement surmonté » la crise et avait appelé les gouverneurs des États où le confinement était toujours en vigueur à le lever.
Mais cette hausse pourrait également trouver une explication par le comportement des personnes les moins à risque. D’après les données des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), analysées par des chercheurs de l’école de santé publique mondiale d’Harvard, les moins de 65 ans représentent 82% des cas positifs au 31 mai, contre 63% au 1er mars. Cette évolution générationnelle dans les contagions doit encore être confirmée, mais elle serait cohérente avec le désir des Américains les moins vulnérables de retourner à une vie « normale ».
Les épidémiologistes indiquent également surveiller l’effet des grandes manifestations antiracistes, démarrées après la mort de George Floyd, sur la pandémie.