À la veille du long weekend de Pâques, où beaucoup pourraient être tentés de se déplacer pour profiter de leurs proches ou du plein-air, le Haut-commissaire Dominique Sorain et le président Édouard Fritch ont appelé la population à rester confinée au moins 20 jours de plus. Les contrôles, sur terre et en mer, devrait être renforcés. Les îles non touchées par le coronavirus pourraient faire l’objet de mesures spécifiques, « au cas par cas ».
Cet allocution intervient près d’un mois après la détection du premier cas de coronavirus au fenua, et près de trois semaines après le début du confinement, qui devrait durer au moins 20 jours de plus. « Ce dispositif est plus que jamais nécessaire pour ralentir la vague épidémique. Les retours d’expérience dans le monde nous le démontrent chaque jour, a expliqué Dominique Sorain. J’ai décidé en concertation avec le président du Pays de prolonger le confinement général et le couvre-feu jusqu’au 29 avril ».
Adaptation du confinement dans les îles au cas par cas
Il n’est pas, « à ce stade », envisagé de rétablir la circulation aérienne et maritime pour les passagers entre les îles. Mais, comme l’a expliqué le Haut-commissaire des adaptations du confinement « pourront être envisagées » dans les îles qui « à ce stade n’ont pas été touchées par le virus« . Des consultations ont commencé entre le Pays, l’État et les tavana.
L’activité économique « doit continuer »
Si « il sera très difficile de réduire à néant cette épidémie », il convient d’en « limiter l’impact », insistent les autorités. En réduisant les sorties au strict nécessaire, en pratiquant les gestes barrières, même en famille… Mais pas en arrêtant la vie économique. « Au contraire, l’activité économique doit autant que possible continuer pour limiter les impacts de la crise dans le strict respect de la protection des salariés, des professionnels et des clients » assure le Haut-commissaire, qui rappelle qu’à l’exception des commerces fermées par arrêtés, toutes les autres activités doivent être « adaptées à la situation » pour se poursuivre. Dans le secteur tertiaire mais aussi le secteur de la construction « avec une organisation du travail adaptée », l’agriculture, coprahculture ou la pêche, notamment.
Armée et retour d’évacués
Parmi les annonces du représentant de l’État, le retour prioritaire, par la prochaine rotation des vols de continuité territoriale, dans 10 jours, des évacués sanitaires polynésiens en attente de rapatriement depuis Paris. Le Haut-commissaire n’a pas précisé quand les Polynésiens bloqués en métropole après un voyage touristique, familial ou professionnel pourraient rentrer. Le président Édouard Fritch avait déclaré mardi qu’ils devraient attendre la fin du confinement.
L’État, en plus des mesures d’aide économique en cours de mise en place, devrait envoyer au fenua un renfort militaire. « Une équipe spécialisée dans la décontamination des avions et du matériel », ainsi qu’un « avion de transport militaire A400M de grande capacité », capable d’assurer des evasans longue distance, devraient ainsi être déployés au fenua pour un mois lors d’une prochaine rotation de continuité territoriale.
Des masques pour les communes et les transports maritimes
Du matériel doit bien arriver de Paris en fin de semaine, mais Dominique Sorain n’a pas détaillé la livraison, évoquant seulement du matériel médical, des produits pharmaceutiques et « peut-être, je l’espère » des tests de dépistage. Édouard Fritch a quant à lui rappelé que la livraison de masques depuis la Chine permettait de mettre des stocks à disposition des communes et des armateurs pour le transport maritime.
Des plaintes contre les propos diffamatoire et les appels à la violence
Le président du Pays est aussi revenu sur « les tas d’insultes » proférés à l’égard du gouvernement. « Je supporterai les critiques et les insultes. C’est Pâques et l’époque est appropriée, a-t-il assuré. Je les supporterai car je suis totalement tranquille avec ma conscience. Mon rôle est de veiller à l’intérêt général, ni plus ni moins. Je ne fais de mal à personne. Je ne fais que protéger ma population ». Néanmoins le responsable « se réserve le droit » de porter plainte, comme ses ministres, contre les « propos diffamatoires ou d’incitation à la violence », proférés notamment sur les réseaux sociaux.
L’interdiction d’alcool a priori prolongée
Les deux responsables n’ont pas adressé la question particulière de la vente d’alcool. Mais la dernière version de l’arrêté pris par le Pays stipule que l’interdiction court jusqu’à la fin du confinement.