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Coronavirus : les tests de dépistage, enjeu majeur de la sortie de crise


« Un dépistage massif de la population ». C’est une des revendications les plus fréquentes exprimées sur les réseaux sociaux du fenua depuis le début de la crise. Ce n’est pourtant pas la volonté politique qui bloque le Pays, mais bien les possibilités matérielles. Les autorités sanitaires ont certes augmenté le rythme des analyses – une cinquantaine par jour, en moyenne, cette semaine  – mais doit faire face à un stock de tests limité. 

Environ 400. C’est le nombre de tests de dépistages que pouvaient encore mener l’Institut Louis Malardé (ILM), jeudi dernier. L’ILM avait reçu, à la toute fin de janvier, des kits permettant, sur la base d’un prélèvement de cellules du fond de la gorge et du nez, de tester la contamination d’une personne au coronavirus.  Le rythme d’utilisation de ces tests a augmenté cette semaine, passant d’une vingtaine a une cinquantaine d’analyses quotidiennes. Un effort crucial pour « gagner en visibilité » sur la propagation du virus au fenua, expliquait jeudi Jacques Raynal. Mais les stocks de l’ILM, eux, ne tiendront pas longtemps.

Urgence ? D’après le ministre de la Santé le CHPF détiendrait « à peu près autant » de capacités de dépistage du Covid-19 que l’ILM. Mais ses stocks seraient pour l’instant mis de côté pour être utilisé « en cas de besoins intenses à l’hôpital ». Si le Pays poursuit dans sa stratégie de renforcement des dépistages, c’est qu’il compte sur une livraison lors du retour du vol de continuité territorial arrivé à Paris jeudi.

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Aucun doute, cet approvisionnement en tests est un des enjeux majeurs des prochaines semaines. Le comité scientifique national a expliqué que la fin du confinement ne pourrait se faire que progressivement et accompagné de dépistages plus systématiques. Il faudra avant cela, en Polynésie, être sûr que le pic épidémique est bien derrière nous, confirmer – par deux tests négatifs successifs – que les personnes infectées par le passé ne présentent plus de risque de contagion… Bref un processus qui nécessite beaucoup de capacités d’analyse.

« On le saura quand l’avion sera là »
Lors de son allocution jeudi, le Haut-commissaire a dit lui aussi « espérer » que l’avion d’Air Tahiti Nui emportera des kits de dépistages dans ses soutes lors du retour à Papeete. Mais si la Métropole ne connait pas de réelle pénurie de tests, ses stocks sont éminemment stratégiques dans la situation actuelle. Dominique Sorain a précisé que des discussions interministérielles étaient en cours à Paris pour déterminer le contenu exact de la livraison. Du « matériel médical et des produits pharmaceutiques », c’est sûr. Des tests, « peut-être ».

Jacques Raynal se montre lui aussi « très prudent » sur le sujet. Les autorités le savent : les commandes sont sujettes à caution. En Métropole mais aussi en Chine : la semaine dernière, le Pays avait déjà communiqué sur l’arrivée de tests en provenance de Shanghai, qui devaient justement permettre d’élargir la politique de dépistage. L’avion cargo n’avait finalement transporté « que » des masques et des kits de protection. Interrogé quasi-quotidiennement sur ce sujet, le ministre de la Santé a donc préféré « ne pas s’avancer » sur la livraison métropolitaine : « On a commandé, on nous a assuré qu’il y en aurait, et on le saura quand l’avion sera là », a simplement répondu le responsable ce vendredi.

Dépistages plus importants en Calédonie : une différence de stocks, pas de politique
Toutes les collectivités françaises ne sont pas égales face au dépistage. Depuis la fin janvier, la Polynésie a pratiqué 843 analyses, dont 51 se sont révélées positives. En Calédonie 2718 tests ont été opérées depuis le 18 mars, et le rythme ne parait pas ralentir. Là encore, il s’agit d’une différence de stocks de tests plus que de choix politique : à un moment où le marché international était en plein remue-ménage, « la commande calédonienne (en Chine, ndr) a été honorée et pas la nôtre », expliquait il y a quelques jours ministre de la Santé. Le Pays étudie une nouvelle commande en Chine, et rappelle que des livraisons de matériels doivent avoir lieu tous les 10 jours lors des rotations de continuité terrioriale.

L’avis du Conseil scientifique Covid-19 : une stratégie « test, test, test » dès maintenant 

Dans son avis rendu mercredi sur la situation dans les outre-mer français, le Conseil scientifique Covid-19 a conclu que :

« Les besoins en dépistage du SARS-CoV-2 par écouvillonnage nasopharyngé sont grandissants. Il est important de s’assurer de la disponibilité de ces tests qui vont être au cœur des stratégies de contrôle de l’épidémie mises en œuvre en outre-mer. Les territoires principaux sont dotés des capacités diagnostiques par PCR. Les plus petits territoires sont en train de s’équiper avec des solutions adaptées à leur besoin. Renforcer certains laboratoires hospitaliers, avec des équipements qu’ils maîtrisent bien est une nécessité dès à présent. De la même façon, les stocks en réactifs et matériels de prélèvement arrivent à leur fin dans beaucoup de centres. Il est nécessaire dès à présent de passer de nouvelles commandes, spécifiques et personnalisées. Une stratégie de package « machine + petite équipe » doit être privilégiée. L’équipe doit être composée de 4 à 5 personnes, venant de métropole pour une formation et une accélération de la mise en phase opérationnelle.  Le partenariat public-privé pour le réseau des prélèvements COVID doit se mettre en place dès maintenant. »