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Corruption à la Fifa : deux anciens proches de Reynald Temarii mis en examen

Après l’ex-président de la Fédération de foot tahitienne et océanienne, son ancien conseiller, Jean-Charles Brisard, et son ancienne avocate, Géraldine Lesieur, ont été mis en examen. Ils sont accusés, entre autres, d’escroquerie, alors que Reynald Temarii, lui, est soupçonné de corruption passive pour son rôle dans l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. 

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Nouvel épisode dans le Qatargate, une enquête tentaculaire sur les conditions d’octroi par la Fifa de l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 au petit mais très riche émirat. Comme l’ont appris L’Obs et Le Monde, Jean-Charles Brisard et Géraldine Lesieur ont été mis en examen pour « recel de corruption » et « escroquerie » au terme d’une garde à vue au parquet national financier. Deux noms qui font partie du volet polynésien de cette affaire à tiroir. « JCB« , sulfureux consultant que l’on croise dans beaucoup de dossiers politiques, diplomatiques ou sur les questions de sécurité et de terrorisme, était en effet, en 2010, un conseiller de Reynald Temarii. Et Géraldine Lesieur, son épouse, était l’une des avocates du responsable polynésien. Ce dernier était alors président de la Confédération océanienne de football et à ce titre vice-président de la Fifa, et il est soupçonné d’avoir, à cette époque, conclu un pacte avec un autre vice-président de la Fifa, le milliardaire qatari Mohamed Ben Hammam (MBH) impliquant un soutien à la candidature du Qatar pour le Mondial 2022. Reynald TemariiJCB et Géraldine Lesieur avait tous été placés, en 2021 sous le statut de « témoin assisté », mais seul le Polynésien avait jusqu’ici été mis en examen, en mai, pour « corruption passive ». Ses deux anciens proches le rejoignent, mais pas exactement pour les même raisons. 

Appel qui tombe à pic

Les différents volets du « Qatargate » visent chacun des versements, promesses et trafics d’influence qui auraient aidé l’émirat à s’attirer des voix au sein du comité exécutif de la Fifa, décisionnaire sur l’organisation du Mondial… S’en attirer ou en « neutraliser », puisque du côté de la confédération océanienne (OFC), il avait été décidé d’avance que le soutien se ferait en fonction de la proximité régionale. L’Australie, donc, ou les États-Unis, candidat longtemps présenté comme le favori, mais quoiqu’il arrive pas le Qatar. Le 2 décembre 2010, jour du vote final, Reynald Temarii ne peut pas voter : trois semaines plus tôt le Sunday Times britannique l’avait piégé et enregistré en plein monnayage d’investissements en échange de son soutien au comité exécutif.

Son président suspendu par la Fifa pour violation du code d’éthique – une décision semble-t-il acceptée par l’intéressé -, l’OFC devait nommer un autre représentant pour la réunion cruciale du 2 décembre. Sauf qu’à la veille du vote, Reynald Temarii décide brusquement de faire appel de sa sanction… La confédération océanienne est en conséquence privée d’une possibilité de remplacement au comité, et privée d’un vote qui aurait été à l’encontre du Qatar.

2 millions de voyage, 36 millions de défense

Ce soudain revirement a-t-il été acheté par Doha ? C’est toute la question de cette enquête, dans laquelle les juges instructeurs ont trouvé beaucoup de faits suspects. Quelques semaines avant le comité, Reynald Temarii était allé à la rencontre de Mohamed Ben Hammam à Kuala Lumpur, une invitation pour laquelle le Qatari avait déjà déboursé plus de 2 millions de francs. Et le milliardaire, depuis exclu à vie de la Fifa, avait accepté de débourser pas moins de 36 millions de francs, versées à l’époque sur le compte de JCB par le biais d’une société-écran, pour assurer la défense du Polynésien dans la procédure déontologique lancée par la Fifa. Mais Reynald Temarii continue d’affirmer que ces sommes et ces contacts n’ont rien à voir avec sa décision de faire appel, et assure avoir été « manipulé ».

Escroqué, même… par Jean-Charles Brisard et Géraldine Lesieur. Quelques heures avant son appel, le duo lui aurait remis une note « confidentielle » lui expliquant qu’il s’exposait à des poursuites pénales en Suisse s’il continuait à accepter la sanction de la Fifa. L’avocat de Reynald Temarii, Me Jourdainne, avait précisé l’année dernière que les informations de cette lettre étaient « inexactes ». Difficile à dire : JCB assure qu’une magistrate suisse lui avait confirmé cette analyse, cette dernière dément. « Cette note a pu le faire changer d’avis, mais l’objectif de cette note n’était pas de le faire changer d’avis, a déclaré aux juges, selon Le Monde, l’ancien conseiller. Cette note est parfaitement documentée, sourcée, elle reflète précisément mes connaissances au moment de sa rédaction ».

Me Géraldine Lesieur qui dit n’avoir rien à voir avec ces échanges et avoir constamment conseillé de faire appel, bien avant la veille du comité de la Fifa, ne va pas franchement dans le sens de son ex-mari. Elle précise aux enquêteurs que JCB cherchait « peut-être » à vendre des prestations à MBH Et donc aurait eu lui-même un intérêt à éviter que l’OFC puisse voter. Mais alors Reynald Temarii, corrompu, ou escroqué ? Ces dernières mises en examen vont permettre au Polynésien, qui vient de purger une (autre) sanction de 8 ans de suspension de la Fifa, et qui projetterait donc un retour dans les instances du football, de continuer à soutenir la seconde thèse.