L’ancien Premier ministre vanuatais, Moana Carcasses, a été reconnu coupable vendredi d’avoir versé 34 millions de Fcfp (35 millions de vatu) de pots de vin à 14 députés. Le lendemain, le président du Parlement, Marcellino Pipite, a profité de l’absence du Président Baldwin Lonsdale pour octroyer le pardon présidentiel à tous les condamnés, dont il fait partie… Une information rapportée par nos confrères Radio NZ et Radio Australia du groupe ABC.
Il n’y a pas qu’en Polynésie que les affaires de corruption gangrènent la politique. Au Vanuatu, un procès de grande ampleur secoue actuellement le pays. Le délibéré, rendu vendredi, reconnaissait l’ancien Premier ministre, Moana Carcasses, coupable d’avoir versé 34 millions de Fcfp à 14 députés, soit un tiers des parlementaires, dont certains étaient encore ministre l’an dernier. Moana Carcasses, qui était à l’époque des versements d’argent le leader de l’opposition, a toujours nié les chefs d’accusation qui pesaient contre lui. Encore au procès la semaine dernière, il reconnaissait le versement de ces sommes, mais soutenait qu’elles n’avaient pas vocation à inciter les députés à provoquer la chute du gouvernement de Joe Natuman. Ce dernier avait pourtant finalement bel et bien été renversé par une motion de censure en juin dernier. Cette affaire de corruption onéreuse, survenue dans un pays que le cyclone Pam vient de mettre à genoux, a suffit pour embraser la population. Selon nos confrères de Radio Australia, vendredi à l’heure de la décéision plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées sur le parvis de la cour suprême de la capitale Port-Vila. Le Premier ministre, Sato Kilman, avait fait redoubler la sécurité dans la capitale samedi, par peur des débordements des supporters de Moana Carcasses. Plusieurs écoles avaient même fermé leurs portes. C’est ensuite dans ce climat de tension que Marcellino Pipite, l’actuel président du Parlement, a gracié l’ensemble des condamnés ! Samedi, en l’absence du président Baldwin Lonsdale, en déplacement à l’étranger, il s’est servi de ses pouvoirs de président par intérim pour octroyer le pardon présidentiels aux 14 élus condamnés, dont il fait lui-même partie. Un geste destiné à « maintenir la paix et l’unité aux Vanuatu », comme il l’a expliqué aux médias locaux. Pour l’anecdote, le principal accusé de cette affaire, le Premier ministre Moana Carcasses, est né d’un père français et d’une mère tahitienne. Il a vu le jour à Taravao.