ON SE CONSOLE COMME ON PEUT – C’est un arbitre français, Jérôme Garcès, qui officiera pour la demi-finale du Mondial entre la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud.
Malgré la piteuse élimination des Bleus en quarts de finale de la Coupe du monde par les All Blacks, samedi dernier, au Millenium Stadium de Cardiff (62-13), la France sera bien présente dans le dernier carré. En effet, c’est l’arbitre tricolore Jérôme Garcès qui a été retenu pour la première des deux demi-finales 100% hémisphère sud qui opposera samedi à Twickenham la Nouvelle-Zélande à l’Afrique du Sud.
Première pour un arbitre français. A 41 ans, Jérôme Garcès est loin d’être un inconnu pour les suiveurs du Top 14. L’arbitre originaire du Béarn était en effet au sifflet de la finale 2013 entre Castres et Toulon (19-14). Dans cette Coupe du monde, Jérôme Garcès a déjà officié à trois reprises, notamment lors du quart de finale Irlande-Argentine (victoire des Pumas 43-20, ndlr). C’est la première fois dans l’histoire du Mondial qu’un arbitre tricolore sera aux commandes d’une demi-finale. « On est tous très fiers, très heureux, pour lui mais aussi pour l’ensemble de l’arbitrage français », confie au micro d’Europe 1 Didier Mené, patron de l’arbitrage français. « On a eu deux maigres quarts de finale en 30 ans. Là, on cumule quart et demi, et ce n’est peut-être pas fini. On a l’impression qu’on mérite ce qu’on attendait depuis si longtemps. » En plus de Jérôme Garcès, un autre arbitre tricolore, Romain Poite, occupera le poste d’assistant.
L’arbitrage français a su se réformer. Le « pack » d’arbitres tricolores figure désormais en bonne place dans la hiérarchie de l’arbitrage mondial. « Le regard a changé sur les arbitres français », considère Didier Mené. La Fédération française de rugby recueille là les fruits du travail effectué en amont, via notamment sa commission centrale des arbitres. « Il y a eu beaucoup de réformes », détaille Didier Mené. « Depuis cinq ans, il existe une charte d’arbitrage qui oblige tous les clubs, quel que soit leur niveau, à fournir des arbitres. On a ensuite toute une structure de formation, de détection des talents, de coaching pour les meilleurs de nos arbitres. Enfin, on a une sévère sélection dans le Top 14. On le critique beaucoup mais il est, en matière d’arbitrage, une excellente école du haut niveau. »
Le professionnalisme, pas la solution idoine. Les quatre arbitres français présents au Mondial sont professionnels et perçoivent environ 4.000 euros mensuels. Pour le reste des hommes en noir du Top 14, ils ont le statut de semi-professionnels et gagnent eux un peu plus de 2.000 euros mensuels brut. « Professionnaliser, si c’est juste donner un salaire, mais qu’il n’y a rien derrière, ça ne sert à rien », estime au micro d’Europe 1 Mathieu Raynal, qui faisait partie de la colonie arbitrale française présente en Angleterre pour le Mondial. « Beaucoup de choses ont été mises à notre disposition pour que l’on travaille dans de bonnes conditions et qu’on monte en compétence l’arbitrage français ». Concernant la problématique de la professionnalisation des « hommes en noir », Didier Mené résume : « Je dis souvent que sont les meilleures qui deviennent professionnels et que ce n’est pas le professionnalisme qui les rende meilleurs ».
Un vivier prometteur de 3.000 arbitres. Et l’avenir de l’arbitrage français semble assurée. La charte de l’arbitrage mise en place par la Fédération recense plus de 3.000 arbitres à travers la France. « Quand je vois certains matches de Pro D2 (la 2e division du rugby français, ndlr), et quand je vois certains arbitres de Pro D2, je sais que dans 12 ans, j’ai déjà des Jérôme Garcès en puissance. Et c’est ça ma grande fierté, pouvoir construire pour pérenniser cette réussite », se félicite Didier Mené, qui conclut, ambitieux : « Il faut qu’on vise la finale dans 4 ans, mais aussi dans 8 et 12 ans aussi ». Ce qui pourrait être dans quelques années un accomplissement pour l’arbitrage français ne serait en revanche pas un signe de réussite pour le XV tricolore…