La procureur Solène Belaouar a annoncé, dans un communiqué, la clôture de l’instruction dans cette affaire qui remonte à janvier 2022. Le procès va se tenir rapidement, mais pas pour « tentative de meurtre en bande organisée » comme cela été envisagé au début de l’enquête. Les cinq mis en examen – l’un est décédé, quatre ont été remis en liberté en 2023 et un seul est en détention – sont accusés d’être auteurs ou complices de « tentative d’extorsion », sur fond de transaction d’ice. Un délit passible, dans ces circonstances, de 20 ans de prison.
Les trois coups de feu, tirés en plein centre ville de Papeete le 25 janvier 2022 avait résonné dans toute la Polynésie. Plus de deux ans plus tard, l’instruction a été clôt le 4 avril et cinq hommes ont été renvoyé devant les juges dans ce « dossier dit du Liberty ». Le procès va se tenir rapidement : ce sera les 13 et 14 mai, comme l’a annoncé dans un communiqué la procureur de la République Solène Belaouar.
Les faits avaient déjà été relatés par son prédécesseur, Hervé Leroy, quelques jours après l’incident, qui n’avait pas fait de victime. Lors de cette soirée du 25 janvier, un groupe de six hommes en avait pris à partie quatre autres, qui se trouvaient, en véhicule ou à pied, dans une ruelle proche du cinéma qui a laissé son nom à l’affaire. L’un des agresseurs est alors porteur d’un fusil à pompe de calibre 12, et, tel que l’avait décrit le procureur de l’époque, il « tire sans l’atteindre » sur un piéton puis, à deux reprises, sur la voiture. Pas de blessés, seuls quelques impacts de chevrotine… Et six personnes mises en examen et placées en détention provisoire.
Requalification et décès pendant l’instruction
Mais les deux ans d’enquête menée par un juge d’instruction ont visiblement éclairées d’une manière différente ces faits, qui ont été requalifiés « conformément aux réquisitions du parquet ». De la tentative de meurtre en bande organisé de 2022, un crime qui doit être jugé aux assises, ne reste qu’une « tentative d’extorsion » – « faute de démontrer que les mis en examen étaient animés d’une intention d’homicide » – et des infractions à la législation sur les armes. Des délits qui emmèneront donc leurs auteurs – cinq, puisqu’un est décédé au cours de l’instruction – devant le tribunal correctionnel. Un tribunal qui ne les jugera pas non plus sur le chef d’association de malfaiteurs, lui aussi écarté par le juge d’instruction.
Reste que « l’affaire du Liberty » revêt une gravité particulière et que le plafond de peine sera haut dans le procès des 13 et 14 mai : jusqu’à « 20 ans d’emprisonnement », écrit la procureure. « Il est reproché plus particulièrement à l’un des individus d’être à l’origine d’une opération de règlement de comptes sur fond de transaction d’ice, se traduisant par une véritable chasse à l’homme au cours de laquelle un autre individu a reconnu avoir fait usage à deux reprises d’un fusil à pompe en direction du véhicule des victimes, décrit Solène Belaouar. L’hypothèse de la présence d’un second tireur, envisagée durant l’enquête initiale, a été depuis écartée. Il est reproché aux autres mis en examen d’avoir sciemment pris part à ces faits, en qualité de co-auteurs ou de complices selon leur degré d’implication ».
La procureur précise que l’homme de 33 ans ayant reconnu être le tireur a déjà été condamné plusieurs fois par la justice, et sera le seul à comparaitre détenu. « Les quatre autres ont été libérés sous contrôle judiciaire en début d’année 2023 ».