Le haut-commissaire et le président du Pays ont pris la parole, ce matin, pour préciser l’annonce du Premier ministre Jean Castex d’un rétablissement du couvre-feu en Polynésie. L’interdiction de circulation s’étendra de 21 heures à 6 heures pendant 6 semaines, et ne concerne que Tahiti et Moorea. Dominique Sorain a promis de la flexibilité, pour les trajets professionnels ou scolaires, notamment.
L’annonce venue de Paris, avait surpris son monde, ce jeudi matin. Le couvre-feu avait bien été évoqué dès vendredi par Dominique Sorain, puis discuté avec les tavana ou les partenaires sociaux lundi. Mais il ne faisait pas partie des mesures comprises dans l’arrêté du haut-commissariat le lendemain. « Pour le moment », prévenaient les autorités. Car ce sont bien le Haussariat et le Pays qui ont saisi le Premier ministre pour lui demander d’ajouter le fenua à la liste des départements et agglomérations concernés en métropole. La circulation sera par principe interdite entre 21 heures et 6 heures du matin, soit les mêmes horaires que dans l’Hexagone.
Une « contrainte forte mais nécessaire »
Ce retour au couvre-feu – il avait déjà été appliqué entre avril et mai en guise de déconfinement partiel – est « une contrainte très forte » a reconnu le haut-commissaire, mais « une contrainte nécessaire ». En témoignent, selon lui les derniers chiffres de l’épidémie : avec 2 059 cas actifs (+453 en 24 heures), 1 000 cas détectés en 3 jours, et un taux d’incidence qui place la Polynésie « dans la fourchette très haute » des territoires français, la situation est jugée « alarmante » par Édouard Fritch. Le couvre-feu, dès lors, doit servir à « casser les chaînes de contaminations » pendant les soirées amicales, familiales ou festives, fréquemment identifiées comme des clusters de contamination. Les deux responsables n’ont pas donné de statistiques pour appuyer ce constat, mais cité des exemples de bingo, soirées privées ou regroupements publics récents qui constituent « de gros facteurs de risque ». Les autorités, qui n’ont pas le pouvoir d’interdire les rassemblements chez les particuliers ont donc utilisé ce que l’état d’urgence national leur permettait : la restriction de la circulation. Il s’agit « d’une mesure sanitaire et pas une mesure d’ordre public », a toutefois insisté Dominique Sorain.
Le retour des attestations de déplacement
Surtout, le Haussaire a pointé qu’il « ne s’agissait pas d’un retour au confinement », qui avait mis un véritable coup d’arrêt à l’activité économique et sociale. Ce couvre-feu, qui doit justement « permettre d’éviter de retourner » au confinement, devrait faire l’objet d’aménagements pour limiter son impact sur l’activité. Des dérogations seront mises en place pour aller et revenir au travail ou à l’école, pour les habitants de la Presqu’île notamment, pour aller à la gare maritime, dont les horaires de ferry pourront être maintenus, ou l’aéroport. Pour cela, le haut-commissariat va remettre en place les fameuses attestations de déplacement. Cette « flexibilité » faisait partie des demandes des partenaires sociaux rencontrés lundi par Dominique Sorain et Édouard Fritch. Des réunions sont prévues dès cet après-midi et jusqu’à samedi, pour préciser les modalités du couvre-feu avec les professionnels de la restauration, de l’hôtellerie, et les autres secteurs normalement actifs en soirée.
Respect « strict » des autres recommandations
Le couvre-feu, « brique supplémentaire dans l’édifice de lutte contre le virus », s’ajoute à la liste des restrictions déjà annoncées. Limitation des rassemblements sur la voie publique, interdiction des évènements festifs organisés dans les lieux d’accueil du public, limitation à 6 du nombre de personnes à table dans les restaurants… Des mesures mise en place il y a seulement 3 jours et qui vont pourtant déjà être renforcées. Ainsi les infrastructures sportives en intérieur seront fermées toute la journée (sauf pour les scolaires et le haut-niveau), de même que les bars (mais pas les bars-restaurants, soit la majorité des établissements) ou encore les foires et lieux d’exposition. Les rassemblements religieux, de la Toussaint notamment, font, elles aussi l’objet d’adaptation au contexte épidémique. Des mesures que Dominique Sorain et Édouard Fritch ont appelé à respecter « strictement ». Les deux responsables ont insisté sur la « responsabilité personnelle et collective ». En dehors des interdictions strictes de l’État, il y a les recommandations des autorités de santé : s’isoler dès les premiers symptômes ou après un contact avéré avec un cas positif, réduire ses déplacements au strict nécessaire, limiter les contacts avec les proches et notamment « les plus fragiles »…