Le ministère de la Santé a annoncé le passage « au niveau 4 du plan Covid Fenua à Tahiti et Moorea ». Plusieurs indicateurs clés de l’épidémie ont franchi des seuils d’alerte la semaine passée. Avant de possibles annonces de mesures contraignantes par le Haussaire demain, le niveau 4 doit avoir des conséquences sur l’organisation de l’hôpital. Il s’agit désormais de « gérer la crise ».
Il était évoqué, redouté, il est désormais déclaré… mais en toute discrétion. Pour la première fois depuis la réouverture du ciel, en juillet, et la mise en place du « Plan Covid Fenua », Tahiti et Moorea ont été placé en « niveau 4 » par les autorités de santé. C’est ce que précise le bulletin épidémiologique publié hier par la plateforme Covid-19 du ministère de la Santé. Ce basculement ne résulte pas d’une décision politique, mais d’une analyse de différents indicateurs clés sur l’évolution de l’épidémie.
Ainsi, comme le précise le bulletin, qui analyse les données de la semaine 41 (du 5 au 11 octobre), l’incidence (nombre de nouveau cas pour 100 000 habitants), le taux de positivité, le taux de consultation (part des consultations liées au Covid aux urgences) et le nombre d’hospitalisations ont tous franchi les seuils d’alerte prévus par le plan. Avec 348 cas pour 100 000 habitants la semaine dernière, « Le taux d’incidence a particulièrement augmenté à Tahiti, y compris chez les plus de 60 ans », précise le bulletin. Tahiti et Moorea étaient en « niveau 3 » depuis plusieurs semaines, et les autres archipels restaient jusqu’à présent en « niveau 1 ». Le ministère de la Santé ne précise pas le niveau d’alerte qui y est appliqué actuellement, mais les cas détectés à Raiatea, Takaroa ou Nuku Hiva ont pu faire évoluer le niveau du plan Covid fenua. À noter que « le taux de mortalité reste encore relativement faible, avec 13 décès au total au 14/10 (0,36% des cas confirmés) » et que le taux de reproduction (capacité du virus à se propager dans la population) n’a que peu progressé (1,4 contre 1,3 la semaine précédente). Mais le taux de positivité des tests réalisés par le bureau de veille sanitaire, lui, « atteint un record » : 48% de dépistages positifs. La politique de test, ciblée sur les cas symptomatiques depuis septembre, a bien sûr joué. Mais elle implique aussi que de nombreux cas, asymptomatiques mais contagieux, ne sont pas répertoriés par les autorités.
« Gérer la crise » plutôt qu’atténuer l’épidémie
Le niveau 4, et alors ? Depuis le mois d’août les autorités restent relativement floues sur les conséquences exactes de ce seuil d’alerte ultime. À la mi-septembre, Édouard Fritch évoquait un retour au confinement ou du moins des conséquences sur l’activité économique si ce stade était atteint, précisant alors « nous n’en sommes pas encore là ». Quelques jours plus tard, Jacques Raynal avertissait tout de même sur l’approche potentiellement rapide de ce seuil. Les documents présentés par le ministre de la Santé indiquaient alors que ce « stade 4 » impliquait surtout un changement d’objectif pour les autorités. Plutôt que « d’atténuer les effets de l’épidémie », comme au stade 3, les autorités doivent désormais « gérer la crise », l’épidémie étant considérée comme « généralisée ».
Dans les faits, et en raison de la répartition des compétences entre le Pays et l’État, l’activation par le Pays de ce nouveau seuil d’alerte a surtout des conséquences du côté de l’hôpital de Taaone. Le CHPF se prépare aujourd’hui à réserver davantage de lits à sa filière Covid, à reprogrammer ou délocaliser certaines opérations vers les cliniques… « On monte en grade en suivant le protocole sanitaire », précise-t-on du côté des autorités de Santé. Quant aux mesures de prévention de la propagation dans la population, elles doivent être prises par le Haussariat, dont les pouvoirs ont été élargis par l’activation de l’état d’urgence sanitaire au niveau national. Le haut-commissaire et le président du Pays doivent s’exprimer vendredi. S’il a toujours exclu, comme Édouard Fritch, un retour au confinement, Dominique Sorain pourrait annoncer de nouvelles restrictions de déplacements ou d’activités.