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Covid, cancers… Au Taaone, Macron promet l’aide de l’État en matière de santé

 

Pour la première séquence de sa visite officielle au fenua, Emmanuel Macron avait choisi le centre hospitalier du Taaone. L’occasion de féliciter les soignants pour leur engagement pendant cette crise Covid, de promettre un soutien continu de l’État, que ce soit face à la reprise épidémique ou face à la prise en charge des cancers. L’occasion, surtout de refaire passer son message sur l’importance de la vaccination devant un auditoire acquis à cette cause.

« Bonjour, et merci ». À tous les soignants – plusieurs dizaines – qu’il a rencontrés pendant sa visite du CHPF, Emmanuel Macron a adressé un mot de remerciement pour « tout le travail qui a été fait depuis le début de la pandémie de Covid-19 ». S’ajoutent des encouragements à « tenir bon » et surtout beaucoup de questions sur le fonctionnement du centre hospitalier et son organisation face à la crise sanitaire. De l’entrée des urgences – heureusement peu encombrées ce samedi soir – au service de réanimation, le président et son importante délégation ont concentré leur visite sur la filière Covid, vide il y a une dizaine de jours, et qui compte aujourd’hui 10 patients en état grave, dont trois en réanimation. « C’est beaucoup de chamboulements, une visite comme ça, explique Cristina Bringold, cadre de santé au Samu. Mais pour nous c’est quelque chose de marquant ».

« On a besoin de soutien »

Parmi les soignants, certains attendent dans les couloirs pour saluer le chef de l’État, d’autres jettent un regard curieux sur le ballet des micros et caméras. Quelques-uns précisent sans détour qu’ils ne « sont pas fans » du président. « Mais bon, il vient nous rencontrer, directement à la sortie de l’avion, il a l’air d’écouter, on peut déjà saluer ça », convient un infirmier plutôt critique de la politique nationale de santé. D’autres en profitent pour faire passer leurs messages. « L’État nous a aidés en envoyant la réserve sanitaire qui nous a permis de souffler, et on espère qu’il continuera à nous aider si on doit remonter en pression dans les prochaines semaines », explique ainsi le Dr Ouarda Krid, responsable du service de réanimation.

Une hypothèse dans toutes les têtes au Taaone, alors que les contaminations se multiplient ces derniers jours, avec la circulation du variant Delta. « On sait que quand ça commence comme ça, on va finir par remplir la réa », commente un infirmier. « Ce qui m’inquiète c’est la fatigue psychologique globale de l’hôpital », pointe le Dr Ouarda Krid.  Le médecin réanimateur rappelle que le CHPF fonctionne déjà, hors crise, au bord de la saturation et que les soignants, quelque soit leur service, ont presque tous prêtés main-forte pendant le dernier pic épidémique. Cette potentielle nouvelle vague est donc abordée avec des équipes plus fragiles. « Le président nous a assuré qu’on continuerait à nous aider par l’envoi de matériel ou de la réserve sanitaire en cas de besoin, ce qui nous rassure quand même », reprend la responsable. Qui lance tout de même un appel pour étoffer les équipes.

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@Charlie Réné

Nouvelle stratégie cancer, mais pas de commentaire sur le nucléaire

Emmanuel Macron avait lui aussi ses messages. Sur l’aide de l’État, donc, au travers de la réserve sanitaire ou des « moyens militaires » déjà utilisés au cours de la crise Covid. Sur la prise en charge des cancers, aussi. Le Président de la République a annoncé « une nouvelle série de coopérations avec le CHU de Bordeaux et avec Unicancer et l’ensemble des partenaires hexagonaux de la stratégie cancer ». Le but : développer « la formation, l’équipement, et le réseau de soins adapté pour les différents cancers auxquels la Polynésie est la plus exposée ». Alors que le Pays fait avancer son projet d’Institut du cancer, qui serait logé dans la rotonde du Taaone, Emmanuel Macron a précisé que « la réponse n’est pas de créer une bâtiment unique, mais de déployer autour du centre hospitalier, vaisseau-amiral, une stratégie d’oncologie spécialité par spécialité ». Il évoque le développement de « l’excellence sur tel type de cancer dans le monde hospitalier », mais aussi la création éventuelle « d’autres centres de soins déployés sur le territoire », l’étude d’autres « formes de prises en charge à domicile » et surtout la mise en place de « stratégies de dépistage mieux organisées ». Une « nouvelle stratégie » qui sera appuyée par l’Institut national du cancer qui doit envoyer une mission dans les prochaines semaines.

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Le chef de l’État a pris soin de déconnecter entièrement ces annonces, pourtant déjà evoquées lors de la table ronde du 2 juillet, de la question du nucléaire : « je sais qu’il y a des attentes sur ces sujets, et ils seront abordés » expédie-t-il. À noter qu’une autre mission au CHPF doit identifier les lacunes de spécialités, notamment la pédiatrie.

©Charlie Réné

Vaccins : « libertés » et « irresponsabilité »

Enfin, tout au long de sa visite, le président a interrogé les soignants sur leur rapport et surtout celui de leurs patients à la vaccination. Il sait que le faible de taux de couverture du vaccin anti-Covid en Polynésie (environ 30% de la population a reçu une première dose, contre 58% en métropole) alarme beaucoup de médecins. « Comme dans tous les territoires », Emmanuel Macron a donc appelé à « utiliser cette arme qui est à notre disposition contre l’épidémie ». Rappelant les nombreuses études menées sur l’efficacité et l’innocuité de ces vaccins, les plus de 2 milliards de personnes vaccinées dans le monde, l’intérêt de la campagne pour limiter la circulation et la mutation du virus, il a appelé « toutes celles et ceux qui croient à la science à se faire vacciner ».

Le chef de l’État, même s’il a parlé de « pédagogie » envers les sceptiques, a une fois de plus développé une ligne ferme, parlant « d’irresponsabilité » et « d’égoïsme », à propos de ceux qui refusent le vaccin au nom de la liberté. « À juste titre, nous sommes tous et toute attachés à la liberté, (…) mais une société ne tient que lorsque la liberté de chacun est respectueuse de l’autre ». 

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Le service de réanimation Covid avait préparé une blouse à dédicacer : « Merci, nous tiendrons tous ensemble, confiance, Emmanuel Macron », a écrit le président. ©C.R.

Une longue réflexion qui a au passage permis au président de ne pas répondre directement sur une éventuelle extension du pass sanitaire à la Polynésie.