Les autorités ont identifié ces derniers jours au moins deux nouveaux clusters de contaminations locales et les dépistages menés ce jeudi pourraient révéler de nombreux autres cas. Les craintes des autorités sanitaires, exprimées à plusieurs reprises ces dernières semaines se confirment : le variant Delta, particulièrement contagieux est bien entré dans le pays malgré le protocole sanitaire.
32 cas actifs, donc 16 détectés dans les dernières 48 heures. C’est le bilan du point de situation sanitaire publié ce jeudi matin. Ce bond relatif du nombre de tests positifs résulterait de la découverte d’au moins deux foyers infectieux localement. Les dépistages menés autour de ces clusters devraient amener leur lot de nouveaux cas en cette fin de semaine. Mais pour les autorités, le plus inquiétant est qu’une part importante de ces contaminations relève du variant « Delta » du Covid.
Depuis début juin, une quarantaine de contaminations à cette variation très contagieuse, et potentiellement plus dangereuse, du virus ont été repérées chez des voyageurs, qu’ils soient touristes ou Polynésiens de retour au pays. Mais jusqu’à récemment, tous étaient détectés lors des tests obligatoires à l’arrivée ou en période d’isolement. Bref, le protocole sanitaire des voyageurs semblait jouer son rôle. Une première alerte avait été lancée il y a deux semaines, quand les deux premiers cas de contaminations locales au variant Delta avaient été confirmés, et rapidement reliés à un résident non vacciné qui n’avait pas respecté les règles de quarantaine et de dépistage obligatoire. En fin de semaine dernière, deux autres cas positif au variant Delta ont été identifiés chez des personnes qui n’étaient pas sorties du fenua. Des cas « liés entre eux » mais pas au voyageur imprudent de la semaine précédente. D’où la crainte de la plateforme Covid qui parlait, mardi soir, d’un « risque important de dissémination du variant Delta ». Un risque qui semble aujourd’hui avéré : si les analyses sont toujours en cours, plusieurs cas de variants feraient partie des 16 nouvelles contaminations recensées ces dernières 48 heures. Et il est fortement suspecté que les « mutants » du coronavirus soient à l’origine d’autres cas en cours de dépistage.
Dans le même temps, du côté de l’hôpital, la filière Covid a mis fin à un repos de très courte durée. La semaine dernière, cette section spécialisée du CHPF n‘accueillait plus aucun patient, une première depuis 11 mois. Entre mardi et ce jeudi matin, deux personnes y ont été admises, dont une en réanimation.
Le vaccin efficace contre le variant Delta
Les enquêtes sanitaires sont toujours en cours pour identifier, tracer et isoler les cas de Covid aujourd’hui présents au fenua et tenter d’éviter une reprise épidémique. Mais les autorités sanitaires locales, comme au niveau national et international, de même que l’académie de médecine ou les syndicats de soignants polynésiens, n’ont pas de doute sur la meilleure façon de prévenir une nouvelle remontée en flèche des courbes et de sortir de cette crise à rallonge. « Face à ce risque de nouvelle vague épidémique, la vaccination a prouvé être une réponse efficace à la survenue des formes graves, hospitalisations et décès, rappelait mardi la plateforme Covid. Il est donc primordial de continuer à encourager la vaccination de toute la population polynésienne ». Si des interrogations avaient été levées sur l’efficacité des vaccins sur les variants, la plupart des études aujourd’hui disponibles pointent vers une efficacité certes moindre, mais toujours forte, notamment du côté du vaccin Pfizer – BioNTech, le plus utilisé au fenua. Au Royaume-uni, son efficacité pour éviter les formes graves du Covid variant a été évalué entre 79 et 87%. Les données sont moins corroborées pour le vaccin monodose Janssen, mais le laboratoire Johnson & Johnson a affirmé dans un communiqué daté du 1er juillet que l’efficacité de son sérum pour prévenir les cas graves face aux variants était maintenu au dessus de la barre des 80%.
À noter, d’autre part, que la première étude française sur le statut des personnes contaminées, parue il y a quelques heures et décryptée par le Parisien, indique que 83% des cas symptomatiques survenus en métropole entre le 28 juin et le 4 juillet n’étaient pas vaccinés. Seulement 4% d’entre eux avaient fini entièrement leur schéma vaccinal. Les résultats, même si ils portent sur un effectif moins représentatif, semblent être comparables en ce qui concerne le variant Delta, désormais majoritaire en métropole.
Au fenua, la couverture vaccinale est toujours jugée « insuffisante » par les médecins de la plateforme Covid. Près de 37% des adultes polynésiens ont reçu au moins une dose de vaccin, contre 67% au niveau national. Si les annonces d’Emmanuel Macron sur la vaccination obligatoire des soignants et l’extension du pass sanitaire (pas applicable en Polynésie à l’heure actuelle) ont motivé une importante vague d’inscription dans les centres de vaccination de l’Hexagone, elle ne semble pas pour l’instant avoir d’effet au fenua. Seuls 6000 personnes, dont environ une moitié de primo-vaccinant, ont fréquenté les centres ces 7 derniers jours.