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Covid : retour en arrière sur les restrictions sanitaires

Face à la flambée de l’épidémie de Covid et le retour du risque de saturation des hôpitaux, le haut-commissaire Dominique Sorain et le président Édouard Fritch ont annoncé un premier train de restrictions des rassemblements. Si l’épidémie poursuit sa courbe, le retour du couvre-feu et la mise en place d’un pass vaccinal ne sont pas exclus. 

Ces derniers mois, à la faveur d’une lente baisse de pression épidémique, les allocutions communes de Dominique Sorain et Edouard Fritch s’étaient faites plus rares et un brin plus optimistes. Ce vendredi soir, les deux responsables étaient pourtant réunis pour un exercice dont ils avaient dû prendre l’habitude en 2020 : le point de situation inquiétant et le tour de vis sanitaire. Il faut dire que la flambée des cas de Covid et de variant Delta, ces derniers jours, ne laissaient que peu de place à l’inaction. Le taux d’incidence de l’épidémie, qui oscillait entre 0 et 15 voilà un peu plus de deux semaines, a atteint 267 cas pour 100 000 habitants sur 7 jours. Un peu plus que la métropole, où la dernière vague en date a pourtant débuté il y a plus d’un mois. Moins, pour l’instant, que les collectivités des Antilles ou de La Réunion, où les taux de vaccination bas, et les taux d’incidence très hauts, ont poussé les autorités à rétablir les motifs impérieux pour les voyages de et vers la métropole, ou interdire la circulation de nuit. En Polynésie, c’est la fulgurance de cette nouvelle vague qui étonne – l’intensité épidémique a dépassé, en 15 jours, ce qu’elle avait atteint en 5 semaines en septembre 2020 – et c’est du côté de l’hôpital qu’on s’inquiète. Une quarantaine de personnes sont hospitalisées en filière Covid ce vendredi, dont huit en réanimation. Le 14 juillet, cette même filière était vide.

Le couvre-feu et le pass « pas exclus »

« Cette situation impose donc de revenir vers un système de contraintes » pose Dominique Sorain. Certains prédisaient un retour rapide au couvre-feu voire au confinement. Ce ne sera finalement, pour l’heure, « que » des restrictions de rassemblement (lire ci-dessous) et d’évènements publics. Un régime similaire à celui qui avait été mis en place entre février et juin, l’interdiction de circulation nocturne en moins. Mais déjà, l’État et le Pays préparent de nouveaux « outils » au cas, probable, où les courbes continueraient leur ascension rapide.

Le couvre-feu n’est « pas exclu », insiste Dominique Sorain, qui cite aussi des travaux en cours sur un pass sanitaire. « Il ne s’agit pas de transposer le dispositif métropolitain », qui oblige à présenter une preuve de vaccination, de test négatif ou d’immunisation dans les lieux culturels et à partir du 9 août dans les café et restaurants, précise le haut-commissaire. Devant les difficultés techniques liés à ce système, notamment sur les capacités de test, ses services, comme ceux du Pays travailleraient plutôt sur un pass vaccinal qui pourrait, par exemple, être exigé lors des déplacements inter-îles. Une mesure dont la faisabilité juridique n’est toutefois pas encore confirmée. Depuis le début de l’année, Dominique Sorain insistait sur la « réversibilité » des allègements sanitaires. Tout ce qui a été mis en place par le passé pourrait donc faire son retour. Y compris le confinement : si aucune limite claire n’est pour l’instant affichée, l’approche de la saturation de la réanimation, une trentaine de lits en extension maximale, pourrait le déclencher.

La vaccination, « seule solution »

Malgré la montée en flèche de l’activité de l’hôpital – et, malheureusement, son lot de décès liés au Covid – Edouard Fritch se veut optimiste. « Nous pouvons faire en sorte, ensemble d’éviter ce confinement », déclare-t-il, en « faisant barrage à la diffusion du variant dans nos familles et chez nos proches ». Les gestes barrières, dont la distanciation et le port du masque, un peu oubliés ces derniers mois, sont bien sûr rappelés. Mais « la seule solution c’est le vaccin« , insiste le haut-commissaire, qui appelle, comme Emmanuel Macron avant lui au « civisme ». Le responsable prend soin de rappeler que la vaccination, si elle n’empêche pas la contamination, protège très efficacement contre les cas graves de Covid et limite de façon importante la transmission du virus. Malgré des doutes sur la durée de l’immunisation acquise grâce au vaccin, des données affluent du monde entier pour corroborer son efficacité pendant au moins plusieurs mois. Les chiffres polynésiens sont eux aussi parlant : 90% des hospitalisés de ces dernières semaines sont non-vaccinés. Parmi cette soixantaine de patients, beaucoup sont des personnes âgées et à risque, mais le président Édouard Fritch note que quatre personnes de moins de 50 ans, dont deux enfants, ont été admis en filière Covid pour des symptômes graves.

Les autorités comptent bien tout faire pour accélérer la campagne de vaccination. Il faut dire que le taux de couverture est encore bien plus bas qu’en métropole (un peu plus de 30% des Polynésiens ont commencé leur vaccination contre 62% en Métropole), malgré un léger regain d’intérêt ces deux dernières semaines. Ainsi le président du Pays salue la démarche du Medef de mobiliser les entreprises pour « encourager les salariés à la vaccination » et interpelle tous les fonctionnaires sur la question. Alors qu’un projet du Pays est en préparation sur l’obligation vaccinale des soignants, les fonctionnaires non vaccinés pourraient être démobilisés des missions vers les îles pour réduire les risques de transport du virus. Des centres de vaccination pourraient être installés dans les collèges et lycées à la rentrée. Rentrée dont l’organisation devrait être précisée par la ministre de l’Education Christelle Lehartel en début de semaine prochaine.

Les restrictions annoncées :
  • Les rassemblements sur la voie publique à sont limités à 20 personnes
  • Les événements dans les lieux accueillant du publics sont limités à 500 personnes ou à la moitié de la capacité du site
  • Les événements festifs dans les établissements recevant du public sont interdits, y compris les mariages, réceptions, baby shower… Sont notamment concernés les salles des fêtes et polyvalentes, pirogues à bringues ou encore les bars, hôtels et restaurants.
  • Les bars et restaurants restent ouvert mais devront de nouveau respecter l’espacement d’un mètre entre les tables et le maximum de 6 personnes par table
  • Les compétitions et évènements sportifs devront se tenir à huis clos
  • Les salons et expositions sont interdits. Une tolérance sera accordée ce week-end pour les activités commerciales comme les papio
  • Les églises et lieux de culte ne peuvent recevoir du public qu’à hauteur de la moitié de leur capacité. Il leur est demandé de suspendre temporairement les chorales et d’annuler les célébrations du 15 août.