L’apparition d’un nouveau variant du Covid-19 en Afrique du sud inquiète. Vendredi, le gouvernement français a annoncé la suspension immédiate des arrivées en provenance d’Afrique australe. Si pour l’heure les données le concernant ne sont pas suffisantes, le risque est qu’il soit beaucoup plus transmissible que le variant Delta.
La France a annoncé suspendre immédiatement les arrivées en provenance de sept pays d’Afrique australe, dont l’Afrique du Sud, en raison de « la découverte d’un nouveau variant du coronavirus particulièrement préoccupant ». En déplacement à Brest, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que ce nouveau variant sud-africain « n’a pas été diagnostiqué en Europe à date ». « Et nous ne voulons pas être amenés à (le) diagnostiquer sur le territoire national et européen, ne serait-ce tant qu’on n’en sait pas plus sur sa dangerosité », a-t-il souligné. Et pour cause, les premières données scientifiques dont on dispose ne sont pas rassurantes.
Un variant du Covid aux nombreuses mutations ?
Ce variant aurait en effet une dizaine de mutations par rapport au virus initial du SARS-COv2, des mutations qui semblent lui donner un potentiel de propagation encore plus important que le variant Delta. Il aurait donc la capacité de devenir rapidement le variant dominant dans une population. Et ce qui inquiète les chercheurs, c’est qu’il semble capable de contourner certaines de nos défenses immunitaires et pourrait donc échapper aux vaccins.
Invité sur Europe Midi vendredi, l’épidémiologiste Antoine Flahault s’est également montré inquiet. « Il nous inquiète d’abord parce qu’il a beaucoup de mutations – une trentaine – comparé au variant delta qui en avait deux. Ensuite, il est associé à une recrudescence importante des cas en Afrique australe, et à chaque fois qu’on a vu un variant nous préoccuper, il était toujours dans un foyer épidémique très intense », a-t-il affirmé en prenant l’exemple du Royaume-Uni et de l’Inde.
Une résistance particulière aux vaccins ?
L’Afrique du Sud a annoncé la détection de ce variant jeudi et 22 cas ont été signalés. Certains ont été recensés au Botswana voisin, à Hong Kong sur un voyageur de retour d’Afrique du Sud et également en Israël sur une personne rentrant du Malawi. Les voyageurs contaminés étaient apparemment tous vaccinés.
L’Organisation mondiale de la Santé se réunit donc en urgence cet après-midi afin de déterminer la dangerosité de ce nouveau variant. Mais elle indique déjà qu’il va sûrement falloir plusieurs semaines pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant. Un constat que partage Antoine Flahaut, pour qui il n’y a pas encore assez de données. « Il a été découvert il y a très peu de temps […] Aujourd’hui on a l’impression qu’il est beaucoup plus transmissible mais est-ce qu’il est plus virulent ? C’est encore trop tôt pour le dire », a-t-il jugé.
Le laboratoire Pfizer a également indiqué vendredi midi être en train d’étudier l’efficacité de son vaccin contre ce nouveau variant et qu’il devrait pouvoir donner des réponses au plus tard dans deux semaines. « Sur le variant Delta il y a certainement une perte de protection vaccinale sur la transmission mais pas de perte sur les formes graves. Pour ce nouveau variant, il est beaucoup trop tôt pour dire qu’il aurait une résistance vis-à-vis des vaccins. Des chercheurs britanniques ont par ailleurs pu montrer que c’est vraiment cette protéine Spike, ce trousseau de clés qui permet au virus de rentrer dans les cellules, qui apparaît très mutée. Et c’est ce qui nous pose des soucis et des préoccupations », a affirmé l’épidémiologiste.
« Une histoire jalonnée de nouveaux variants »
Il a enfin jugé « très important » la mesure prise par le gouvernement français de suspendre les arrivées en provenance d’Afrique du sud. « Ce ne sont probablement pas des barrières étanches, mais on gagne du temps et c’est important de gagner du temps. On tire quand même les leçons de cette pandémie et des mois passés : le variant Delta, originaire d’Inde, est entré très rapidement en Grande-Bretagne au mois d’avril dernier, parce que les lignes aériennes étaient restées trop longtemps ouvertes », a rappelé Antoine Flahaut.
L’épidémiologiste l’a assuré, nous allons avoir « une histoire jalonnée de nouveaux variants » dans les mois à venir, « parce que c’est la vie de ce virus ». « Il faut juste prendre des précautions initiales, évaluer, faire le bilan et puis ensuite prendre les bonnes décisions ». Ces dernières heures, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont adopté des restrictions similaires face à la menace représentée par le variant pour l’heure appelé B.1.1.529.