Le conseil de surveillance de l’IEOM a acté le 15 septembre une nouvelle hausse de ses taux directeurs, après celle de juillet. Une façon de « normaliser » des taux restés historiquement bas, et de lutter contre l’inflation. La politique monétaire de l’institut reste toutefois plus « accommodante » que celle de la BCE en Europe, relève le directeur de l’antenne locale, Fabrice Dufresne. Mais la dynamique de hausse pourrait continuer.
0,95% pour des lignes de refinancement à 6 mois. Le chiffre pourrait paraitre bien bas pour une entreprise ou un particulier, mais ce taux directeur, qui permet aux entreprises de se financer auprès de l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) a fait un bond en quelques mois. Jusqu’au premier semestre, il était de -0,1%, un minimum historique qui a permis aux économies des collectivités du Pacifique, dont l’IEOM gère la politique monétaire au nom de l’État, de disposer de beaucoup de liquidités ces dernières années. C’est la fin de la période Covid, et l’inflation à qui elle a laissé la place, accentuée par les troubles mondiaux du transport maritime ou le conflit ukrainien, qui a obligé l’institut à réviser cette politique. Et elle n’est pas la seule : la Banque centrale européenne, qui a relevé ses taux de manière encore plus importante : +0,5 points, puis +0,75 points en l’espace de quelques mois et déjà des annonces de nouvelle hausse. La Fed américaine n’a pas adopté une autre stratégie : trois hausses consécutives pour passer ses principaux taux directeurs de 0% à plus de 3%.
Nouvelle hausse en novembre ?
Le conseil de surveillance de l’IEOM a préféré avancer plus prudemment : en juillet il avait acté un relèvement de son principal taux directeur, celui des lignes de refinancement à 6 mois (TLR), à 0,4%. La hausse à 0,95%, décidée le 15 septembre, entrera en vigueur le 4 octobre. Si cette « normalisation », est plus progressive, c’est que l’IEOM et la BCE n’ont pas les mêmes objectifs, précise le directeur de l’antenne polynésienne de l’institut, Fabrice Dufresne. S’il s’agit, dans les collectivités du Pacifique comme ailleurs, de juguler l’inflation, l’institut d’émission fait aussi en sorte d’assurer la liquidité financière et de ne pas entraver la croissance, qui n’a pas autant rebondi qu’ailleurs en Polynésie, à Wallis et en Nouvelle-Calédonie.
Indice des prix, prévision de croissance, stabilité financière… Trois paramètres qui seront étroitement surveillés pour les prochaines décisions de l’IEOM. Et elles ne devraient pas tarder : une nouvelle réunion du conseil – au sein duquel siège le ministre des Finances polynésien – doit avoir lieu en novembre, et de nouvelles hausses de taux directeurs pourraient alors être actées.
En métropole, les taux de crédit aux particuliers ont déjà doublé
Les banques vont donc faire grimper le taux d’intérêt de leurs crédits aux particuliers et aux entreprises ? Les taux directeurs ne sont pas les seuls facteurs pris en compte – l’évolution des charges des établissements et du risque sur le marché jouent aussi, par exemple – mais l’augmentation des TLR entraine généralement une augmentation du taux de crédit moyen. Les dernières mesures de l’IEOM datant de juin, cette augmentation n’a pas encore été évaluée dans le Pacifique, mais comme le confirme un banquier, elle est déjà réelle au fenua. En métropole, les taux de crédit immobilier ont pratiquement doublé en 9 mois et restent légèrement plus bas, en moyenne, que ceux de la Polynésie.
À noter que l’IEOM a aussi remonté le taux de la facilité de dépôt, c’est à dire la rémunération des fonds confiés par les banques à l’institut. De 0%, ce taux est passé à 0,75% suivant ainsi le mouvement de la BCE. Une façon d’éviter que ces capitaux ne soient placés hors de la zone Pacifique