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Crise des sous-marins : L’Australie va payer 555 millions d’euros à Naval Group pour rupture de contrat

Une compensation de 555 millions d’euros sera versée par l’Australie à l’industriel Naval Group pour mettre un terme financier à l’affaire des sous-marins français, a annoncé aujourd’hui le Premier ministre australien Anthony Albanese. Les précisions de notre partenaire Outremers360°.

Le groupe français, détenu majoritairement par l’État, et dont Thales est aussi actionnaire à hauteur de 35 %, a accepté « un règlement juste et équitable » de 555 millions d’euros, a déclaré le nouveau chef de gouvernement, pour la rupture, à l’automne dernier, d’un gigantesque contrat qui avait occasionné une crise diplomatique entre Paris et Canberra. Dans un communiqué publié samedi, Naval Group a également précisé avoir signé « un accord équitable mettant un terme au programme de futur sous-marin australien » avec Canberra, sans donner plus de détails. Le groupe n’évoque pas de montant dans son court communiqué.

De son côté, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré samedi « prendre acte » de cet accord. « Cet accord est important parce qu’il va nous permettre d’ouvrir une nouvelle page dans notre relation bilatérale avec l’Australie et de regarder vers l’avant », a déclaré le ministre Sébastien Lecornu à des journalistes à Singapour, où il participe au Shangri-La Dialogue, important rendez-vous diplomatique dans la région indopacifique. Le ministre des Armées devraient bientôt rencontrer son homologue australien.

En septembre 2021, le Premier ministre australien d’alors, Scott Morrison, avait mis fin soudainement à ce qui avait été appelé le « contrat du siècle », un accord passé, en 2016, pour acquérir douze sous-marins nucléaires français, pour 50 milliards de dollars australiens (environ 35 milliards d’euros, à l’époque), dont environ 8 milliards pour Naval Group et les entreprises françaises. Il s’agissait du contrat de défense le plus important jamais octroyé par l’Australie, pour remplacer sa flotte, avec une première livraison escomptée à l’horizon de 2030. Le budget a ensuite gonflé pour atteindre en fin de compte 90 milliards de dollars (56 milliards d’euros).

Mais Scott Morrison avait finalement annoncé que son pays achèterait des sous-marins à propulsion nucléaire américains ou britanniques, un changement majeur pour un État aux faibles capacités nucléaires. Cette décision intervenait dans le cadre de l’alliance militaire Aukus signée entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le chef du gouvernement australien s’était alors attiré les foudres de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et du président Emmanuel Macron qui l’avait accusé de tromperie. Jean-Yves Le Drian avait dénoncé un « coup dans le dos » de l’Australie, Scott Morrison avait répliqué en dévoilant des messages privés entre lui et Emmanuel Macron, détériorant davantage les échanges entre les deux pays.

Les relations entre les deux pays sont restées glaciales jusqu’à l’élection en mai d’Anthony Albanese, de centre gauche, qui avait plusieurs fois dénoncé l’attitude diplomatique de son prédécesseur pendant la campagne électorale australienne. Anthony Albanese a précisé que ce règlement intervenait après des discussions avec le président français, Emmanuel Macron, qu’il a remercié pour la manière cordiale dont les liens entre l’Australie et la France ont été rétablis. Le premier ministre australien s’est dit « impatient de répondre à l’invitation que [lui] a faite le président Macron de [se]rendre à Paris à la première occasion ».

Le contrat de sous-marins constitue la pièce maîtresse de la stratégie australienne de défense face à une Chine à l’influence grandissante dans la région sous la présidence de Xi Jinping. Les sous-marins à propulsion nucléaire pourraient permettre à l’Australie d’opérer de façon plus furtive et plus dissuasive vis-à-vis de la Chine. Mais une grande incertitude règne sur l’échéance à laquelle l’Australie pourra effectivement posséder ces appareils. Le premier sous-marin américain ou britannique ne sera vraisemblablement pas en service avant des décennies, ce qui laissera un vide pour l’Australie dont la flotte actuelle est vieillissante.

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