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Crise du lait: mobilisation nationale dès lundi pour faire plier Lactalis

Paris (AFP) – Les syndicats agricoles ont décidé dimanche d’accentuer la pression sur Lactalis, annonçant une mobilisation nationale dès lundi pour tenter de forcer le géant laitier à remonter ses prix d’achat.

« Une action d’envergure nationale » a été décidée après l’échec des négociations avec Lactalis la semaine dernière, a déclaré dimanche Philippe Jéhan, président de la FDSEA Mayenne, sur BFMTV.

Quelques heures plus tard, les principales organisations syndicales nationales de producteurs agricoles, FNSEA, FNPL et JA, ont annoncé dans un communiqué le lancement lundi d' »un mot d’ordre national pour aboutir à un accord avec Lactalis » sur le prix du lait.

La nature des actions qui seront menées n’a pour le moment pas été précisée. Une réunion téléphonique doit se tenir « ce soir (dimanche) à 21 heures », a simplement indiqué à l’AFP Christiane Lambert, numéro deux de la FNSEA.

Selon le Journal du Dimanche, les agriculteurs en colère pourraient notamment « s’inviter sur les sites de fabrication de Lactalis, et dans les grandes surfaces pour stigmatiser les marques Président, Lactel, Bridel » appartenant au groupe.

« Nous sommes très déçus du comportement de Lactalis, qui se dit prêt à participer aux négociations, mais qui à côté de ça ne propose que des prix dérisoires » au regard des moyens dont il dispose, explique Mme Lambert.

Les agriculteurs « se sont sentis humiliés par tant d’arrogance » et « meurtris par cette incapacité du groupe Lactalis à sortir d’une relation moyenâgeuse entre un seigneur et ses serfs », ajoute le communiqué des syndicats agricoles.

« Lactalis devra plier ou alors ça lui coûtera très cher », a pour sa part averti M. Jéhan.

« Tous les producteurs de lait sont prêts à une mobilisation forte peut être dès ce soir dans certains départements et bien entendu tout au long de la semaine », a annoncé Pascal Clément, président de la section laitière de la FRSEA du Grand Ouest.

– Lactalis silencieux depuis vendredi –

En relançant les actions à l’échelon régional tout en promettant de porter le combat au niveau national, les producteurs de lait cherchent à augmenter la pression sur Lactalis, resté silencieux depuis vendredi.

Le groupe laitier avait alors proposé une augmentation de 15 euros la tonne de lait à compter du 1er septembre, soit environ 271 euros. 

Cette proposition avait été perçue comme un véritable camouflet par les agriculteurs, qui estiment leur coût de production à 300-320 euros au minimum la tonne.

Le médiateur du gouvernement avait lui fait une proposition à 280 euros la tonne, ce qui n’a pas été accepté par les producteurs de lait. 

Ce chiffre de 280 euros correspond au prix pour les 5 derniers mois de l’année, ce qui sur l’année revient à rémunerer 272 ou 271 euros la tonne, a expliqué dimanche Sébastien Amand, vice-président de l’Organisation de producteurs Normandie Centre. Or « pour ramener de la rentabilité, il faudrait 340 » euros la tonne, a ajouté M. Clément.

Lactalis achète actuellement la tonne de lait à 256,90 euros la tonne, bien en dessous du prix payé par d’autres transformateurs comme Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou la laiterie Saint-Père, filiale d’Intermarché (300 euros les 1.000 litres).

Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis, soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait collectés sur un total de 25 milliards produits annuellement.

Pendant le weekend, les producteurs de lait ont cherché à mettre en place une stratégie pour relancer le mouvement, après l’échec des deux rounds de négociations menés avec Lactalis la semaine dernière et alors qu’aucune nouvelle date de négociation n’est actuellement prévue.

Il n’est « pas possible de rester dans cette forme de mépris de la part de Lactalis », a déclaré samedi à l’AFP le président de la FNSEA Xavier Beulin.

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a estimé pour sa part que Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers, ne pouvait « pas payer le prix le plus bas en France », tout en reconnaissant que la gouvernement ne disposait d’aucun moyen pour forcer ce dernier à remonter ses prix.

Philippe Jéhan président de la FDSEA Mayenne, annonce l'échec des négociations sur le prix du lait, près de Laval le 26 août 2016 . © AFP

© AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER
Philippe Jéhan président de la FDSEA Mayenne, annonce l’échec des négociations sur le prix du lait, près de Laval le 26 août 2016

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